GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

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Reconstruire l’espoir à gauche

Le secrétaire général de Force Ouvrière, Jean-Claude Mailly, avait déclaré à la rentrée : « Je ressens de la grogne et du mécontentement. Nous sommes sur un volcan : on voit de la fumée, on sait que ça bouillonne sans savoir quand aura lieu l’éruption… Je ne suis pas vulcanologue, mais je sais qu’il faudra que ça sorte, ou socialement, ou politiquement. » La formule est particulièrement parlante et surtout parfaitement en phase avec la période que nous traversons.

La pression est forte, et si l’éruption n’a pas encore eu lieu, la lave s’écoule déjà par endroits. Elle est sortie à Brignoles, politiquement, avec une abstention massive de l’électorat de gauche et les conséquences que l’on sait. Mais la fumée et les secousses furent encore plus fortement ressenties, et jusqu’au plus haut sommet de l’État, avec l’expulsion de la jeune Léonarda Dibrani et de sa famille.

Durant quelques jours, la gauche s’est regonflée. Nous avons vu l’élan spontané de la jeunesse qui est descendue dans la rue par solidarité avec sa camarade, aux cris de « Léonarda ne va pas en cours, nous non plus ! » Mieux encore le Parti socialiste a retrouvé de la voix. Il s’est exprimé clairement, à l’unanimité de son bureau national et par la voix de son premier secrétaire, Harlem Désir, pour le retour immédiat de Léonarda et des siens.

Certes, la victoire n’est pas encore au rendez-vous, nous verrons ce que sera la mobilisation lycéenne au sortir des vacances scolaires. Mais la situation a abouti en un peu plus de 48 h à un retour précipité de Manuel Valls, mettant sa démission dans la balance pour arracher à François Hollande le compromis désastreux qu’il nous a annoncé.

Oui, force est de constater que le volcan gronde. Au sein même de la majorité parlementaire, l’exécutif a dû s’efforcer de contenir une éruption. La presse s’est d’ailleurs régalée à nous conter l’exercice de caporalisation du groupe socialiste à l’Assemblée auquel s’est livré le Premier ministre. Car, pour nos députés aussi, la politique que le gouvernement souhaite leur faire avaliser, est dure à avaler. Ils sont de plus en plus nombreux à s’exprimer publiquement pour dire, en substance « nous n’avons pas été élus pour faire ça » . Ils ont raison et ne doivent pas accepter cette volonté de les museler.

L’hésitation est palpable à gauche, au plus profond du peuple de gauche, la jeunesse, le salariat, mais aussi au Parti socialiste et dans la majorité : mobilisation ou résignation ? Notre électorat est déboussolé ou, plus exactement, il a gardé sa boussole mais le gouvernement qu’il a porté au pouvoir semble avoir perdu le nord, obscurcissant ainsi les perspectives.

Le Parti socialiste doit tout faire pour aider le gouvernement à réussir. Mais pour cela, il lui faut recréer l’espoir à gauche. Comme pour le retour de Léonarda, il doit jouer son rôle de premier parti de gauche, défendre l’expression libre des parlementaires issus de ses rangs et exiger du gouvernement un changement de cap immédiat sur la politique migratoire, les retraites, la fiscalité et les services publics.

Oui, il faut aider le gouvernement à réussir. Mais il est maintenant évident qu’il faut lui forcer la main et que toute la gauche doit s’y mettre, ensemble.

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