GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

À Gauche

Quel contenu donner à l’unité ?

L’avènement de la NUPES a été une surprise, non pour celles et ceux qui proclamaient depuis des mois que l’unité était possible avec un pacte de législature, mais pour beaucoup qui justifiaient la division au nom de divergences irréductibles. Il convient désormais de consolider cette unité pour gagner.

Il faut se féliciter de cette inversion de la situation de division des vingt dernières années. Pour autant, il ne faut pas fermer les yeux devant les difficultés : une abstention massive qui n’a cessé de progresser, un renforcement du Rassemblement national. En deux mois, il était difficile de remédier une situation défavorable depuis de nombreuses années (voir encart page suivante), même si les résultats se sont souvent joués à quelques voix dans les circonscriptions.

Construire une alternative majoritaire

Ce qui est nouveau, c’est qu’enfin la base existe pour construire une alternative majoritaire à partir d’un projet qui répond aux défis sociaux, écologiques, démocratiques. Reste à discuter, échanger sur le « comment ? ». D’autant plus qu’une dissolution est possible ! Le temps est donc compté et le défi est immense, car il ne s’agit pas seulement de gagner quelques dizaines ou centaines de milliers de voix, mais de remobiliser la société, la jeunesse, les quartiers populaires.

Nous avons ouvert ce dossier à plusieurs acteurs avec lesquels nous échangeons régulièrement. Ils présentent leurs analyses et les pistes possibles pour un avenir immédiat qui permette de consolider l’unité, de s’organiser et de construire la NUPES.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit désormais : pérenniser la NUPES, l’élargir, la consolider. Pas seulement comme un cartel de partis ou un intergroupe au seul niveau national. Mais comme une force organisée, pluraliste et ouverte aux sans-partis, aux acteurs locaux, aux syndicalistes, ainsi qu’aux militants associatifs à tous les niveaux.

Agir ensemble…

Ceci demande réflexion. Faut-il une fédération ou une confédération ? Comment faire vivre la démocratie à partir d’expériences et d’histoires antérieures différentes, qu’il convient de respecter ?

Un point semble évident à ce stade : c’est autour d’une activité concrète qu’on peut construire une grande force qui devienne l’alternative majoritaire de demain. Ainsi, la question est posée de l’articulation entre les propositions faites à l’Assemblée nationale et des campagnes sur ces propositions pour qu’elles soient portées par la population, qu’elles permettent des mobilisations que ce soit sur les salaires, la retraite, le climat, la santé, l’école, les réformes institutionnelles…

Pour permettre cette articulation du national au local, et inversement, il y a besoin de forces organisées. Nous devons y contribuer, construire du neuf, gérer les désaccords qui subsistent pour qu’ils ne viennent pas nourrir de nouvelles divisions.

… et s’organiser pour une maison commune

Rien ne sera possible sans s’organiser, sans associer les citoyennes et citoyens, sans démocratie interne.

C’est le défi dont il faut débattre dans les universités d’été des différentes forces de la gauche et de l’écologie. On peut imaginer que la rentrée permette un moment de rencontre ouvert du type université de la NUPES. Des colloques, journées de débats peuvent être utiles. De 2018 à 2021, nous avions proposé un « comité de liaison » entre toutes les forces disponibles. Une grande partie des questions est réglée avec le programme partagé, mais un « comité d’initiatives et de liaison » reste utile de manière provisoire pour une grande maison commune de la gauche et de l’écologie.

Ce qui peut être le ciment de l’ensemble, c’est l’action commune autour de la loi d’urgence sociale, autour de la bataille budgétaire en défense de la Sécu et des services publics.

Relevons toutes et tous ensemble ce défi, refusons les faux clivages, la radicalité qui isole ou les tentations d’ouverture sur des positions centristes qui divisent. On a déjà donné ! Le centre de gravité, c’est le programme partagé. C’est lui qui permet de s’organiser en commun et de mobiliser la société toute entière.

Cet article de notre camarade Jean-Claude Branchereau a été publié dans le numéro 296 (été 2022) de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

Il y a vingt ans, la gauche était sèchement écartée du pouvoir, en dépit d’avancées sociales notables telles que les 35 heures et la CMU. Plus que la division, c’est sur l’absence d’une orientation forte mettant le social au cœur et affirmant le rôle de la puissance publique, la nécessité d’un État stratège que la gauche perd.

L’instauration du quinquennat et l’inversion du calendrier électoral n’ont pas été sans effet sur le renforcement du présidentialisme, l’affaiblissement du Parlement et ses effets sur la crise de représentativité, la montée de l’abstention…

Le rejet de Sarkozy a permis l’élection de François Hollande, dix ans plus tard. Mais ce quinquennat calamiteux enfantera Macron. Ni lutte contre la finance ni mesures sociales ! Mais une politique de droite avec le CICE, la loi El Khomri, la déchéance de nationalité…

Pendant vingt ans, la division à gauche est allée en s’accentuant. Du référendum de 2005 sur le TCE à la présidentielle de 2022. Cette grande parenthèse s’est refermée avec la création de la NUPES.

P*****, vingt ans !

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