GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Notes de lecture

Prendre de la hauteur... depuis le Jura suisse

Les lecteurs de Démocratie&Socialisme connaissent Jean-Claude Rennwald comme un contributeur régulier à notre revue. Ce journaliste a été député socialiste au Conseil national, le Parlement suisse, de 1995 à 2001. Il a  aussi été membre de la direction des syndicats FTMH et Unia et vice-président de l’Union syndicale suisse (USS). Auteur de nombreux ouvrages, il vient de publier un livre au titre évocateur Socialiste un jour, socialiste toujours (*)

 « Le socialisme démocratique est au bord du gouffre. » C’est par cette phrase que débute le dernier livre de Jean-Claude Rennwald. Conscient des défaites électorales de nombreux partis socialistes en Europe occidentale, l’auteur n’en déduit pas que le clivage droite-gauche a disparu, celui-ci étant défini comme « l’expression principale du clivage possédants-travailleurs », un « clivage de classe ». Si de nombreuses expériences en Europe et dans le monde sont détaillées dans cet ouvrage, cela montre « une gauche capable de grandes choses ». Mais « l’oubli des classes populaires et de l’immigration » explique pour l’auteur « la dérive libérale de nombre de dirigeants et de partis socialistes ».

Un ami de D&S...

Ce qui frappe à la lecture du livre de notre ami, c’est la proximité de vue et d’analyse qui le relie à la GDS. Il est vrai que Jean-Claude Rennwald ne se contente pas d’illustrer son propos à partir de la situation sociale en Suisse. Il est également un fin connaisseur de la France et de son mouvement ouvrier, syndical et politique. Il n’hésite pas à faire des propositions précises pour notre pays comme, par exemple, la suppression de la fonction de président de la République pour « refonder la démocratie ».

On souhaiterait poursuivre la discussion avec lui sur le mouvement des Gilets jaunes, qu’il analyse de façon trop unilatérale selon nous. Le livre a certainement été achevé en janvier–février 2019, ce qui explique peut-être un sous-titre un peu lapidaire sur la « récupération fasciste » de ce mouvement.

... et un internationaliste

Le livre fourmille aussi d’analyses sur la situation internationale, qui mettent en évidence la démarche profondément internationaliste du socialisme dont se revendique Jean-Claude Rennwald. Européaniser et mondialiser les luttes !, s’exclame-t-il avec raison. Le syndicaliste qu’il a toujours été montre son attachement aux mouvements sociaux, et à la formulation de revendications qui les rendent possibles. Hausse des salaires, réduction du temps de travail, défense des retraites sont bien sûr au cœur de toute démarche syndicale digne de ce nom. Le militant politique qu’est également Jean-Claude met en avant des éléments précis de programme de transformation sociale, qui, là encore, n’ont rien de spécifiquement suisses et sont valables au moins au plan européen.

Au sujet de l’Union européenne, le fait que la Suisse n’est pas un État-membre a pour conséquence que son approche, pourtant très voisine de la nôtre, ne le conduit pas à poser la question des traités européens. S’il accuse la Suisse de faire depuis trente ans du « bricolage » à propos de l’Europe, il estime que son adhésion à l’UE est aujourd’hui impossible, car sans doute minoritaire dans l’opinion publique nationale et parce que le « déficit politique et social » de l’Union refroidit nombre d’Helvètes pourtant attachés à l'idéal européen.

RTT, sex & rock’n’roll

Sans être un livre « théorique », l’ouvrage aborde toutes les questions que doit se poser la gauche au XXIe siècle. La question environnementale est donc bien présente, Jean-Claude Rennwald exhortant les écolos et les syndicalistes de tous les pays à s’unir !

Ne croyant plus au Grand soir depuis longtemps (mais qui y croit encore ?), Jean-Claude Rennwald se dit favorable à des réformes fondamentales qui vont dans le sens d’un « réformisme révolutionnaire ». Journaliste, l’auteur a le sens de la formule, puisqu’il écrit : « la Révolution, c’est moins de boulot, plus de culture et plus de sexe », citant sur la question sexuelle des auteurs tels Wilhelm Reich et Herbert Marcuse, que tous ceux qui ont vécu l’après-68 ont largement lus à cette époque.

C’est un livre que nous recommandons à tous les lecteurs de Démocratie &?Socialisme. Près de 300 pages agréables à lire, pleines d’exemples concrets et de propositions programmatiques que nous partageons largement. Surtout, malgré les difficultés de la période, Jean-Claude pense qu’il y des raisons d’espérer. Lucidement optimiste, tel est notre ami suisse, lui qui conclut son livre par un chapitre intitulé « Renaissance et l’unité de la gauche, des syndicats et des mouvements sociaux ».

(*) Jean-Claude Rennwald, Socialiste un jour, socialiste toujours, Éditions de l’Aire, 2019

Cet article de notre camarade Éric Thouzeau a été publié dans le numéro de septembre de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

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