GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

À Gauche

Pour préparer l’alternative, valorisons le positif

Dans le cadre du travail que nous menons en commun, les camarades de Picardie debout, la formation politique lancée par notre ami François Ruffin, disposent d’une carte blanche mensuelle dans nos colonnes. Ce mois-ci, Guillaume Ancelet revient sur la situation de la gauche française.

Nous sommes nombreuses et nombreux, à gauche, à nous être construits politiquement en opposition. Il faut dire qu’il y a des raisons d’être contre : contre l’extrême droite, contre la Commission européenne, contre le capitalisme et le libéralisme, mais aussi contre les hommes et femmes politiques de ces vingt dernières années et leurs politiques austéritaires, contre Le Pen, contre Sarkozy, contre Macron...

Militer, c’est débord dire non

Mon premier engagement politique : au soir du 21 avril 2002, contre Le Pen et l’extrême droite au second tour de l’élection présidentielle. Pour la première fois, mais pas la dernière malheureusement. Nous ne le savions pas encore à l’époque. Alors je me cale sur mon bureau étudiant et j’écris un texte mobilisateur pour motiver les autres étudiantes et étudiants du campus à aller voter contre l’extrême droite. Pas pour Chirac, contre Le Pen.

Depuis, nous avons enchaîné les désillusions et défaites à gauche. Je n’en dresserai pas la liste, vous les connaissez. Même la parenthèse socialiste 2012-2017 nous a conduits dans la contestation et l’opposition au gouvernement Valls.

Les temps des élections présidentielles et des campagnes nous permettent de mettre en lumière, malgré tout, nos idées, notre programme, de nous regonfler, nous galvaniser, nous compter plus nombreuses et nombreux que ce que l’on pense. Mais dans les temps intermédiaires, dans l’entre-deux, nous perdons notre énergie à faire entendre les aspirations du peuple de gauche dans des querelles de partis, de boutiques, d’étiquettes etc... Nous portons la responsabilité de la perte d’un grand nombre d’entre nous dans la fatalité, le « à quoi bon », la résignation.

S’appuyer sur l’existant

Peut-être que dans ces temps intermédiaires, nous oublions d’être « pour » ! Force de propositions, sur ce qu’on souhaite pour le pays, pour les gens. Porter un espoir, un horizon et le chemin pour y parvenir. Au-delà d’une union politique de circonstance, c’est tenir un discours d’espoir qu’il nous faut. L’union des gauches, c’est une condition nécessaire, mais non suffisante. On ne peut pas aller voir les gens en leur disant : « Regardez comme on est unis ! ». Ce n’est pas ça qui remplit leur caddie.

En revanche, nous devons nous appuyer sur l’existant. La gauche n’est plus aux manettes nationales mais elle est ancrée, arrimée sur des bouts de territoire que l’on doit porter comme des étendards. Mettre en valeur les initiatives des maires, des associations, des conseils départementaux, régionaux de gauche qui résistent au quotidien pour mettre en œuvre des politiques sociales, sportives, culturelles au service de toutes et tous, de l’intérêt général. Toutes ces politiques publiques qui permettent de réduire les inégalités, redistribuer les richesses produites, partager les ambitions d’un monde plus juste, plus solidaire.

Une mairie qui ouvre une maison de santé avec des médecins salariés, une cantine scolaire en circuit court, une communauté de communes qui finance des colonies de vacances à 1 euro par jour, une agglomération qui rend ses transports en commun gratuits, un Conseil départemental qui finance des équipements sportifs pour les collégiens. Un archipel de bonnes volontés, de belles réalisations qu’il s’agit d’unifier, de connecter entre elles.

Redonner de l’espoir

Tout cela dans un double objectif. Premièrement, montrer que ça existe, que c’est possible, que ça marche, pour le généraliser à l’échelle nationale. Ambroise Croizat n’aurait pas mis en place le vaste plan de Sécurité sociale en 1946 si, en amont, pendant un demi-siècle, il n’y avait pas eu des caisses de solidarité dans les usines, des mutuelles, des fédérations de travailleurs. Ça existe, il y a du « déjà-là ». On doit s’appuyer sur le « déjà-là », porté par des associations, des entrepreneurs, des maires, et se demander pour demain : comment ce qui est aujourd’hui une exception peut-il devenir la règle ?

Et, deuxièmement, redonner de l’espoir à toutes celles et ceux que l’on a perdus en route, dans la résistance au rouleur compresseur libéral et austéritaire. Mettre en mouvement sur du concret, du palpable, du visible. Il faudra un soutien populaire puissant pour peser, pour rendre tout cela possible. Faire ensemble et le faire savoir. Valorisons le positif ! C’est la voie que l’on doit suivre désormais pour être fiers, légitimes et majoritaires et gagner les élections, pour changer (un peu) la vie des gens.

Cette tribune de Guillaume Ancelet (président de Picardie debout) date du 28 octobre 2023. Elle est à retrouver dans le numéro de novembre de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

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