Endiguer la poussée de l'extrême-droite
Le récent sondage OpinionWay, publié dans Les Echos (1), sur les élections européennes de juin prochain devrait constituer une alerte. Selon cette étude, le RN serait largement en tête de ce scrutin, avec 28 % des intentions de vote. Pire, si l’on prend également en compte Reconquête et DLF, l’extrême droite recueillerait à l’heure actuelle 37 % des voix.
Réagir enfin contre le RN
Face à ce péril, la gauche désunie obtiendrait des scores aussi faibles que décevants, puisque les listes PS, EELV et LFI se situeraient toutes trois autour de 8 %. Mais avec les 3% du PCF et les 2% de Lutte Ouvrière, l’électorat de gauche est à 29%. On peut objecter que les intentions de vote ne s’additionnent pas, que l’on peut avoir plus de députés en partant séparés. Quand le danger d’extrême-droite pointe, et que le RN fait de 2024 une répétition générale pour 2027, ces arguments sont bien peu conséquents. « Urgence de l’unité ! » devons nous porter ensemble et le plus nombreux possible.
Aucune des formations tentées par un destin solitaire au nom de son leadership (LFI dans la continuité de la séquence électorale de l’an dernier, et EELV en raison de son bon score au scrutin européen de 2019) ne semble percer. Et pour cause ! Comment peut-on mobilier les salarié.es et les jeunes si l’on acte préalablement la division de notre camp, et donc la victoire du RN ? La division ne nous ferait pas seulement perdre ce scrutin. En accréditant la mise en scène médiatique d’un duel « progressistes » contre « nationalistes » (ou « mondialistes » contre « souverainistes »), elle fragiliserait toute perspective de regroupement sincère, alors que la gauche et les écologistes peuvent faire la course en tête et faire un sort à ces balivernes. Sans compter que divisée la gauche serait à la peine pour l’emporter en 2027. Il faut toute faire pour que le débat sur une liste commune de la NUPES s’impose dans les semaines qui viennent, car l’heure est grave.
Et il est urgent que la gauche unie, avec le mouvement syndical, les associations se retrouvent dans la bataille avec le collectif « Unis contre l’Immigration Jetable ». Le 18 décembre la mobilisation massive, unitaire contre la loi Darmanin (2) peut sonner l’heure du sursaut.
Coup de tonnerre sud-américain
L’Internationale nationale-populiste avance encore un peu plus ses pions de par le monde, suite à la victoire de « l’anarcho-capitaliste » (sic !) Javier Milei, à la présidentielle argentine du 19 novembre.
Ce prétendu « économiste » libertarien et complotiste, qui dénonce la « caste » alors qu’il est lui-même un produit de la dégénérescence culturelle des « élites » argentines, se fait fort de détruire l’État social, de juguler l’inflation en « dollarisant » l’économie argentine, d’assurer le retour à la croissance par un productivisme décomplexé tordant le coup au « mensonge socialiste » du changement climatique, ou encore de rompre toute relation avec les pays « communistes » que seraient… la Chine et le Brésil !
La victoire de ce provocateur populiste fraye la voie au retour de son maître Trump. Ce serait une très mauvaise nouvelle pour les plus démunis, pour les migrants et pour les peuples du monde, à commencer par les Palestiniens. Raison de plus pour unir la gauche et les écologistes en Europe pour ouvrir une autre voie.
(1) Grégoire Poussielgue, « Européennes 2024 : le RN caracole en tête des intentions de vote », www.lesechos.fr, 20 novembre 2023.
(2) Appel unitaire reproduit à l’adresse suivante : http://www.gds-ds.org/contre-la-loi-darmanin-ensemble-le-18-decembre