Pour l’entrée d’Ambroise Croizat au Panthéon
Une pétition, relayée par le quotidien L’Humanité, a été lancée le 28 janvier dernier appelant à la panthéonisation de l’ancien ministre de la République et père de la Sécurité sociale Ambroise Croizat, que l’on peut signer en cliquant ICI .
120 ans après la naissance de l’élu et syndicaliste savoyard, et alors que la Sécu vient de fêter ses 75 ans, nous soutenons activement cette initiative : l’entrée de l’ancien ouvrier honorerait une figure majeure de la gauche, de l’humanisme et de l’histoire de notre Nation ; elle saluerait le parcours d’un citoyen qui, à force de travail et de ténacité, est parvenu à échapper au déterminisme de classe ; elle rappellerait, alors que ses acquis voire son existence sont gravement menacés (voir l'appel "Pour que vive la Sécurité sociale"), que la mise en place d’un système collectivisé et démocratique de protection contre les risques sociaux est l’un des biens les plus précieux des Français, surtout les plus précaires. Grâce à Ambroise Croizat et à son administration, les principes d’égalité et de démocratie de 1789, repris par le Conseil national de la Résistance à la Libération, se sont traduits concrètement, offrant au plus grand nombre l’accès à un système de protection sociale automatique, efficace et transparent.
En rendant hommage à Ambroise Croizat, dont l’œuvre sociale, comme le souligne le projet de pétition, ne se résume pas aux ordonnances de 1945 (« (…) son œuvre concerna également : les congés payés des jeunes travailleurs, le régime des prestations familiales, l’aide aux économiquement faibles, l’égalité des salaires entre [femmes et hommes], la rémunération des heures supplémentaires... »[1]), la France établirait que sa devise « Liberté, Égalité, Fraternité » n’est pas qu’une succession de vains mots, qu’elle sait, aussi, récompenser sans tenir compte de leurs origines ses filles et ses fils qui au-delà des discours et des positionnements partisans et plus généralement de toutes les formes d’égoïsme ont placé le bien commun, et notamment celui des plus faibles, au cœur de leur existence, et ouvrir la voie à une société sans cesse renouvelée et améliorée dont les valeurs de Justice partagées et appliquées, seraient le ciment, et dont l’union et la cohésion feraient la force.
La Gauche démocratique et sociale (GDS), dans la continuité des combats d’Ambroise Croizat, demande également à cette occasion le démantèlement de la croix chrétienne qui surplombe le Panthéon, en contradiction avec sa destination et le principe de laïcité ; il demande également, afin de tenir compte des évolutions sociales, notamment l’engagement direct de toutes les femmes (et non des seules représentantes des milieux privilégiés) dans la vie de la cité, de simplifier l’inscription au fronton du bâtiment et d’y supprimer toute référence genrée, qui deviendrait : « La Patrie reconnaissante » (en lieu et place de : « Aux grands hommes la patrie reconnaissante »).
[1] In Le Maitron (Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français) en ligne.