GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

International – Europe

Palestine : massacre et nettoyage ethnique

La rapporteure de l'ONU pour la Palestine, Francesca Albanese, parle d'actes de génocide commis à Gaza. Il faut dire que les dirigeants israéliens les plus extrémistes poursuivent consciemment une politique de destruction volontaire des Palestiniens par la famine et par la soif.

Le fasciste israélien Bezalel Smotrich, dirigeant du Parti national-religieux et ministre des Finances de Netanyahou, avait déclaré, début août, que « laisser mourir de faim » les habitants de la bande de Gaza pourrait « être justifié et moral ». Il fallait malheureusement le prendre au mot.

Des frères jumeaux

Le ministère de la Santé du Hamas est connu pour minimiser les pertes palestiniennes. En annonçant 40 000 morts, les observateurs savent que le décompte macabre ne comprend par les dizaines de milliers de victimes ensevelies dans les ruines. Selon un article du Lancet, en prenant en compte les pertes indirectes de l’opération israélienne à Gaza, « au moins 186 000 morts » seraient, à terme, à déplorer. 200 000 morts sur deux millions d’habitants : cela fait 10 % de la population tuée, dont au moins 100 000 enfants…

Le Hamas de Yaya Sinwar se soucie peu du peuple palestinien. C’est une organisation fasciste islamiste qui applique la charia contre les femmes soupçonnées d’adultère et qui jette les homosexuels du haut d’immeubles de huit étages. Il a pris le pouvoir à Gaza à l’issue d’une guerre civile contre le Fatha qu’il a chassé, alors que ce dernier avait obtenu – malgré sa cogestion éhontée de certains territoires avec les autorités israéliennes –, 40 % aux élections de 2006, soit seulement quatre points de moins que l’organisation islamique alors à l’acmé de son influence… Il s’enorgueillit des dizaines de milliers de « martyrs » tombés sous les bombes israéliennes. Son idéologie mortifère glorifie la mort tout comme les fascistes espagnols le faisaient avec leur fameux « Viva la Muerte ».

On le voit aujourd’hui : le Hamas ne cherche d’aucune manière un introuvable, mais pourtant si souhaitable répit pour les Gazaouis piégés dans l’enclave palestinienne. Ni les fascistes du Hamas, ni les fascistes du gouvernement Netanyahou ne veulent de cessez-le-feu. La guerre sans fin est leur seule justification. Qui a oublié des déclarations de Benjamin Netanyahou qui donnait sa bénédiction à l’arrivée de l’aide financière du Quatar au Hamas1 ?

Ministres suprémacistes

Depuis les massacres du 7 octobre, les ministres suprémacistes juifs imposent leur agenda, que ce soit à Gaza ou en Cisjordanie. Smotrich l’a toujours proclamé : de la mer au Jourdain ne doit subsister qu’un seul peuple, celui des descendants du royaume de Judée et Samarie. Le peuple palestinien n’existe pas, il n’a pas sa place dans la Judée-Samarie historique.

Le fasciste Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, a quant à lui été classé terroriste en 1996. Membre de l’extrême droite israélienne dès les années 1990, il rejoint d’abord – à vingt ans à peine ! –, le mouvement Moledet, favorable à la déportation des Palestiniens de citoyenneté israélienne hors du territoire, avant de rallier la mouvance kahaniste. Kach, le parti sioniste-religieux fondé par le rabbin américain Meir Kahane, a pourtant été interdit en 1994 par le gouvernement israélien en tant qu’organisation terroriste2. Fondé en 2012, le parti qu’il dirige actuellement, Force juive, se place explicitement dans le sillage de cette formation qualifiée de « fasciste » par la sociologue franco-israélienne Eva Illouz.

Conformément à son idéologie suprémaciste, Ben Gvir s’est longuement exprimé pour chasser d’Israël les 20 % d’Israéliens d’origine palestinienne. Selon lui, leur place n’est pas en Israël, et « cette 5e colonne », que constituent les deux millions d’Israéliens palestiniens, doit être chassée. D’où les dynamitages des maisons palestiniennes de Jérusalem-Est qui est pourtant considéré, par l’ONU et l’écrasante majorité de ses États-membres, comme la capitale et la troisième partie de la Palestine.

Ben Gvir appelle sans vergogne à une recolonisation israélienne de Gaza, une fois la guerre terminée, et a proposé d’« encourager » les Gazaouis à émigrer (propos tenus le 1er janvier 2024). De nombreux pays ont à juste titre condamné ses propos, généralement qualifiés d’ « incendiaires ». Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, l’autrichien Volker Türk, a quant à lui rappelé que les déplacements forcés de population sont interdits par le droit international humanitaire.

Ben Gvir et « ses » prisons

En tant que ministre chargé des prisons, il a adopté, depuis le début de la guerre, pluseurs directives durcissant encre davantage les conditions de détention des prisonniers palestiniens. En cinq mois, le nombre de Palestiniens emprisonnés en Israël, à l’exclusion des détenus de droit commun, a doublé, passant à 9 500, dont 3 550 qualifiés de détenus « administratifs » (des personnes incarcérées sans charges explicites ni limite de temps). Les cellules sont surpeuplées, les radios ont été confisquées et l’électricité coupée, les couvertures et le matériel d’entretien manquent. La Croix-Rouge n’a plus accès à ces prisonniers. La directrice de l’ONG israélienne Hamoked s’est indignée de la sorte : « Nous n’avons jamais vu un tel niveau d’abus. Les prisonniers ne reçoivent pas assez de nourriture. Parmi ceux que nous avons rencontrés, certains ont perdu 20 kg ». Une autre ONG, Médecins pour les droits humains, qui a assisté à des autopsies, indique que certains détenus ont succombé à un manque de soins. De nombreux témoignages font état de menaces et de violences physiques, y compris de viols.

L’information n’a pas fait la une des journaux, mais, le 14 mars dernier, le cabinet ministériel de Ben Gvir s’est félicité de la sanction – un blâme et trois jours d’emprisonnement – infligée au gardien de prison qui avait servi par mégarde au prisonnier politique palestinien Marwan Barghouti la même nourriture qu’aux détenus juifs (un hamin, sorte de ragoût de viande typiquement juif). En effet, dans les prisons israéliennes, les détenus comme Barghouti sont soumis à un régime alimentaire végétarien strict3.

C’est eux ou nous ! Pas de cohabitation ! Israël est une terre juive, un point c’est tout ! Comme nombre de ses semblables, Ben Gvir multiplie les provocations. Récemment, il est allé prier sur l’esplanade des Mosquées avec 3 000 juifs extrémistes. Le dernier va-t’en-guerre qui avait osé une telle bravade, est un certain Ariel Sharon. C’était le 28 septembre 2000. Cet acte avait provoqué la deuxième Intifada dirigée par Marwan Barghouti, emprisonné depuis 2001 dans les geôles maintenant administrées par… Ben Gvir ! Tout un symbole.

Cet article de notre camarade Pierre Timsit a été publié dans le n°317 (septembre 24) de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

1.En mars 2019, Netanyahou aurait déclaré, devant des parlementaires de son parti : « Quiconque veut contrecarrer la création d’un État palestinien doit soutenir le renforcement du Hamas, et transférer de l’argent au Hamas. Cela fait partie de notre stratégie». Si les propose exacts du Premier ministre israélien ne sont pas assurés, reste que cette formulation est conforme à la politique qu’il a mis en œuvre.

2.Kach est placé sur la liste officielle des organisations terroristes au Canada et aux États-Unis, mais a été retiré de celle de l’Union européenne depuis 2010.

3.De nombreuses informations ont été tirées de la page Wikipédia du ministre de Netanyahou


Guerre de l’eau : la Cisjordanie aussi !

L’État d’Israël mène depuis des années une véritable guerre de l’eau contre la bande de Gaza qui est dépourvue de ressource de surface, et assise sur un aquifère côtier malheureusement surexploité, et de ce fait en cours de salinisation avancée. On sait moins qu’en Cisjordanie aussi, l’eau constitue une des armes que Tsahal utilise, ces derniers temps, contre le peuple palestinien.

Le 31 août, l’armée israélienne a lancé une vaste offensive dans le nord de la Cisjordanie, notamment à proximité du camp de réfugiés de Jénine, connu pour être un bastion des groupes armés palestiniens. Selon l’agence de presse palestinienne Wafa, les forces israéliennes ont investi la localité de Kafr Dan, à l’ouest de Jénine, où elles se sont violemment heurtées aux brigades d’al-Qassam, la branche armée du Hamas.

Selon des témoins, les habitants de ce secteur n’ont pas eu accès à l’eau, à la nourriture et aux soins médicaux pendant plusieurs jours. Toujours selon Wafa, les soldats israéliens ont notamment empêché les camions-citernes de la Défense civile d’atteindre l’hôpital de Jénine. Wassim Bakr, son directeur, a déclaré que la poursuite des restrictions pourrait entraîner une suspension des services de dialyse si l’approvisionnement en eau restait bloqué. Ces sévices contre les civils, contraires au droit international, doivent cesser, à Jénine et en Cisjordanie, comme à Gaza.

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