GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Elections municipales

Omar Slaouti (Argenteuil) : "Proposer une alternative"

Troisième ville d’Île-de-France, Argenteuil fut de la Libération à 2001 une des villes emblématiques de la ceinture rouge. En mars 2001, la mairie fut prise par Georges Mothron (RPR), puis, en mars 2008, par le PS (Philippe Doucet), qui devait de nouveau laisser la place au RPR, devenu UMP, aux élections de 2014. En ce mois de mars 2020,  les duettistes sont de nouveau en lice. Mais, depuis six ans, la situation politique a radicalement changé.

Face à ces deux acteurs de l’alternance tranquille, on trouve deux listes LREM, quelques scories de droite, une liste LO... Mais la dynamique est à gauche, avec la liste « Argenteuil Tous Ensemble ! » qui a su unir derrière elle la majeure partie de la gauche argenteuillaise : PCF, FI, GDS, Génération.s, NPA... Une unité, certes encore partielle, mais qui rompt heureusement avec la situation de dispersion qui a prévalu lors des dernières législatives. Cela sera-t-il suffisant pour l’emporter ? La tâche semble difficile mais, le dernier sondage en date créditant la liste unitaire de 15 %, cela en fait une candidate sérieuse pour avoir des élus au soir du 22 mars. Pour en savoir plus, D&S a interviewé Omar Slaouti, tête de liste de « Argenteuil Tous Ensemble ! ».

Quelles sont les raisons qui ont mené à la constitution de la liste que tu mènes ?

Des militantes et militants associatifs souhaitaient qu’une liste de celles et ceux qui sont sur le terrain politique toute l’année contre toutes les discriminations et pour le partage des richesses se présente pour proposer une alternative aux  deux libéraux qui alternent aux commandes de la ville depuis 19 ans : d’un côté, le maire actuel LR, Georges Mothron ; de l’autre, l’ex-porteur de serviette de Valls au PS, Philippe Doucet. Par ailleurs, des organisations politiques à la gauche du PS s’inscrivant dans ce qu’elles nomment une démarche citoyenne souhaitaient elles aussi proposer une alternative. C’est cette rencontre entre des militant.e.s politiques encarté.e.s et nous qui venons du milieu associatif et de différents collectifs que l’idée d’une liste « Argenteuil tous ensemble ! » a germé. Il fallait aussitôt lui donner corps, non pas en choisissant d’emblée une tête de liste, mais en optant pour une dynamique à l’échelle des cinq quartiers d’Argenteuil pour définir les orientations politiques avec les habitants. Nos assemblées « citoyennes » ont dégagé des axes de campagne, mais ont aussi contribué à travailler la forme.

Quels sont les principaux éléments du programme municipal porté par cette liste ?

Notre ville a été asphyxiée par les deux maires précédents via le casse du siècle. Les Argenteuillais ont déboursé 100 millions d’euros pour payer rubis sur ongle les intérêts d’emprunt à la banque Dexia. Celle-ci a ruiné de nombreuses collectivités et, localement, LR comme le PS sont directement responsables de l’état de nos finances publiques. On peut dire que Dexia a joué en bourse nos services publics, car au final c’est autant d’argent qui ne s’est pas retrouvé investi dans des crèches, des centres de santé, des écoles, des logements, des espaces verts, des foyers pour personnes âgées, des espaces culturels et sportifs. Dès lors, notre programme clairement à gauche consistera à développer tous les services publics qui au passage constituent le meilleur moyen de redistribution sociale. Et c’est d’autant plus nécessaire que 23,9 % de personnes à Argenteuil vivent sous le seuil de pauvreté, que de nombreuses familles sont monoparentales, que nous avons un des taux de jeunes les plus importants d’Île-de-France, mais un des taux de diplômés les plus faibles.

Chaque quartier aura un budget dédié à hauteur de 10 % du budget d’investissement de la ville. Nous porterons une décentralisation des lieux de décisions et d’orientations budgétaires et politiques au plus près de la population.

Nous serons le fer de lance de la lutte contre toutes les discriminations avec son cortège de violences institutionnelles, physiques et psychologiques faites aux femmes ou aux personnes, en raison de leur couleur de peau, de leur religion réelle ou supposée, de leur handicap, de leur statut social, de leur lieu de résidence. Bref, l’égalité est, en plus du partage des richesses, notre boussole.

Quelles sont les relations avec les forces qui sont restées en dehors du processus unitaire ?

Notre campagne pour une ville solidaire et écologique est une belle histoire qui s’écrit à plusieurs mains et à égalité de regards. Les expériences sont différentes, ça frictionne parfois, mais notre programme se construit à l’horizontal et à l’opposé des assemblages instables et creux que l’on retrouve dans les cartels d’organisations. Nous avons parmi nous des militant.e.s d’EELV, de Génération écologie ou encore d’un parti animaliste, qui estiment que l’alternative unitaire et sincère, intégrant la justice environnementale, se retrouve dans « Argenteuil tous ensemble ! ». Pour autant, à ce jour, aucune liste n’a le label d’EELV ou de Génération écologie, ce qui n’empêche que d’autres membres de ces mêmes mouvements soutiennent une autre liste, y compris avec des militant.e.s d’Alternatiba par exemple. Ils et elles font une belle campagne et nous leur souhaitons le meilleur. Nos combats se rejoignent ; seules diffèrent nos stratégies. Nous pensons avec eux que, si les élections sont un moment important, elles ne remplacent pas les luttes qui se déroulent aussi entre Nation et République, sur les ronds-points, dans les entreprises, les lycées et ailleurs pour faire reculer ce gouvernement ordolibéral qui détruit nos vies avec la planète.

Propos recueillis par notre camarade Christian Gourdet (article paru dans le dossier "municipales" du numéro de février de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

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