GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Migrants

Mineurs isolés : attention enfance en danger

On les appelle mineurs non-accompagnés. Ce sont des enfants, des adolescent.es entre 14 et 18 ans qui sont arrivés seuls, sans famille en France. Beaucoup viennent d’Afrique centrale et de l’Ouest (Guinée, Mali, Cameroun, Côte d’Ivoire…). Parfois, ils ont perdu leur famille durant le trajet ; souvent ils sont partis seuls de leur pays. Ce sont très majoritairement des garçons. On estime à 25 000 le nombre de mineurs non-accompagnés « pris en charge » par les départements.

En effet, ces enfants, comme tous les mineurs sur le territoire qui ont besoin d’une protection, relèvent de l’Aide sociale à l’enfance, structure départementale.

Dans la plupart des départements, c’est un vrai parcours du combattant pour des jeunes qui ont déjà subi moult traumatismes durant leur voyage. Ils sont laissés à la rue pendant des semaines voire des mois. Leur parole est systématiquement remise en cause concernant leur âge et leur minorité très souvent contestée.

Quand ils sont enfin reconnus mineurs, ils sont, dans beaucoup de départements comme celui de Seine-Maritime laissés à l’abandon dans des chambres d’hôtel de troisième zone, sans accompagnement éducatif, ni suivi médical sérieux. Les cas de décompensations psychiatriques, de maladies infectieuses sont légion.

Des réfugiés « scolaires »

Pourtant, pour peu qu’on prenne un peu le temps de discuter avec eux et qu’on leur demande ce qu’ils et elles attendent de la France, la même réponse fuse : « Aller à l’école ! ».

Beaucoup ont quitté leur pays en raison de conflits locaux ou religieux, à cause de ruptures familiales. On estime que les fermetures d’écoles ont triplé en Afrique de l’Ouest et centrale depuis 2017. Dans la même région, les conflits locaux se multiplient ainsi que les épidémies type Ebola. Et toutes et tous aspirent à étudier, apprendre. Pour peu qu’on les accompagne, ce sont les élèves ou les apprentis les plus assidus.

Non au fichier biométrique

Un décret du 31 janvier 2019, dans la continuité de la nouvelle loi Asile et immigration a institué un fichier biométrique pour les mineurs non-accompagnés, dit « accompagnement des étrangers mineurs ». Il est dénoncé par toutes les associations de soutien aux migrants. Les MNA ne sont plus d’abord considérés comme des enfants ayant besoin d’une protection, mais comme des étrangers, susceptibles de vouloir frauder.

Ils doivent se rendre au commissariat ou à la préfecture, déposer leurs empreintes et les autorités vérifient qu’ils n’ont pas demandé de visa en tant que majeurs, ou jamais demandé une prise en charge dans un autre département.

Sous couvert de lutte contre la fraude et l’immigration clandestine, on criminalise un peu plus ces adolescents. Les associations craignent que les mineurs hésitent à demander une protection lorsque le premier échange se fait dans un commissariat ou une préfecture, notamment lorsqu’ils ou elles ont pu être victimes de violences de la part d’autorités sur leurs parcours migratoires.

En violation des droits de l’enfant

Beaucoup de jeunes ont été amenés à voyager avec de faux-papiers et des visas de personnes majeures. En outre, la possibilité est donnée aux préfectures d’expulser plus rapidement des jeunes en se fondant sur une simple décision administrative prise par un département, sans qu’il leur soit possible d’exercer un recours effectif devant le juge des enfants.

Ce décret va entraîner une augmentation du nombre de mineurs vivant dans la rue, sans repères, sans ressources, privés d’accès à l’hébergement, à la santé et à l’éducation. Livrés à eux-mêmes et sans protection, ils et elles seront d’autant plus exposés aux risques d’exploitation. En dissuadant ces jeunes de solliciter les services de protection de l’enfance, le gouvernement Macron bâtit un système qui vise à rendre leur présence et leur situation invisibles.

C’est en totale violation de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant.

Les principales associations et organisations de soutien aux migrants demandent aux départements de refuser la mise en application de ce décret. Mais nombre de départements de droite l’appliquent déjà.

Pour que les droits de l’enfance soient respectés dans ce pays, il faudra une mobilisation citoyenne, associative, politique et syndicale de grande ampleur.

Cet article de notre camarade Florence Capron a été publié dans le numéro de septembre de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

 

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