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Lubrizol-Rouen : la colère gronde

Récit de notre correspondant sur l’agglomération de Rouen. Des premières réactions à la mobilisation et à la réflexion politique indispensable

« Fermeture du lycée Marcel Sembat ce jeudi 26 septembre 2019 jusqu’à nouvel ordre en raison de l’incendie à l’usine Lubrizol. Restez confiné chez vous. »

C’est le texte du SMS que je découvre à 7h29 ce matin-là. Je n’ai plus d’enfants au lycée mais le principe de précaution a fonctionné. Ils n’iront pas à la fac située au nord de Rouen en plein nuage …

Pour en savoir plus, seule France Bleu Normandie informe.

Et à compter de midi ce sera pire. Chirac est mort. « Au diable les vivants ! » pensai-je secrètement.

Inquiétante politique publique

Puis peu à peu on découvre : la sirène n’a pas retentie, les écoles primaires de ma ville - Sotteville-lès-Rouen - sont restées ouvertes alors que le lycée fermait. Belle coordination ! Et pourtant nous sommes à 3km à vol d’oiseau de l’usine qui brûle. Les métros ne seront stoppés que plus tard. Pourtant le nuage a envahi Rouen et se dirige vers le Mord-Est. Pas vers nous qui sommes au Sud de l’agglo. Mais qu’en pensez ?

Le constat s’impose. En dépit de la présence d’usines Seveso dans la boucle de la Seine qui traverse toute l’agglomération il n’y a pas de coordination. Ni à la Préfecture, ni ailleurs.

On tousse dans les rues, la gorge pique … les pharmacies n’ont pas de consignes. Plus tard on saura qu’il ne faut pas consommer les légumes des jardins mais que « la qualité de l’air est normale pour Rouen ». Belle communication ! Il est vrai que le « normal » à Rouen n’est pas le même qu’en haut du Mont Blanc. Il y a des jours où on sent le souffre ou le chlore. Les voitures sont parfois recouvertes d’une fine pellicule de pollution.

Manque de transparence

La colère gronde donc. Elle va s’exprimer le 30 au soir avec 500 personnes réunies devant le bâtiment où les élus de la Métropole sont réunis pour entendre le Préfet. Aucune délégation ne sera reçu. Et les élus ressortiront dépités devant la langue de bois du représentant de l’Etat.

Pourtant ce même lundi midi sera publiée la liste des produits stockés chez Lubrizol. Mais il faut écouter médecins ou toxicologues pour comprendre les risques liées à la dioxine, à l’amiante, aux produits organophosphorés (puissants neurotoxiques) …

Le 1er octobre nous sommes plus de 2000 devant le Palais de Justice de Rouen à l’appel de plusieurs syndicats (Cgt, Fo, Fsu, solidaires), associations (Attac, FNE, Alternatiba, LDH …) et avec le soutien de nombreux élus de l’agglomération mais aussi de responsables politiques nationaux.

Les gorges et les yeux piquent plus la marche s’approche de la Préfecture. A l’évidence certaines rues sont plus « polluées » que d’autres.

La délégation qui se présente à la Préfecture ne sera reçue que par un sous-fifre et ressortira avec une seule conviction : « il va falloir continuer à se battre ».

Mobilisation citoyenne et syndicale

Mercredi le vent tourne, les odeurs arrivent vers le sud de l’agglo.

La mobilisation s’organise. Des plaintes sont déposées. Dans les locaux de la Cgt des organisations se réunissent pour travailler ensemble. L’exigence de la démission du préfet de région s’est exprimée dès ses premières déclarations. Si Lubrizol est responsable, l’Etat est complice.

Se pose désormais la question plus globale des politiques publiques à mettre en place. Celles et ceux qui gèrent depuis des années n’apparaissent guère légitimes. On se souvient d’un incendie à Lubrizol en 2013. Dès lors, on doit se poser les questions d’aménagement du territoire, les questions de sécurité, les questions d’urbanisation. Le besoin de politiques publiques solidaires, écologiques, soucieuses des populations et prenant vraiment en compte leurs préoccupations.

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