GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur

Les droits du manifestant

A lire tous les soirs et à conserver près de sa table de nuit, si ce n'est

dans sa poche dans la rue.

D.

Chers amis,

Vous trouverez ci-joint un petit guide des droits du manifestant

arrêté,

élaboré à partir des formations données par le SM en juin et juillet aux

manifestants de l'anti G8 et au collectif des intermittents du spectacle.

Ces formations citoyennes s'inscrivent dans le cadre des actions de "legal

team" (observatoire des libertés), que nous comptons proposer à nouveau

lors du FSE.

Vous pouvez diffuser largement ce document, le mettre sur vos sites, mais

nous vous demandons seulement d'y laisser notre sigle "Syndicat de la

Magistrature".

Amitiés syndicales

Eire-Marin, présidente du SM

Syndicat de la magistrature

BP155

75523 Paris Cedex 11

Tél : 01 48 05 47 88 juillet 2003

fax : 01 47 00 16 05

e.mail : syndicat.magistrature@wanadoo.fr

site:www.syndicat-magistrature.org





QUE FAIRE LORSQU'ON EST ARRÊTÉ PAR LA POLICE LORS D'UNE MANIFESTATION?

I- LORS D'UN CONTROLE D'IDENTITE

VOS DROITS

Si vous êtes de nationalité française, vous pouvez établir votre

identité

par tout moyen, il n'est pas obligatoire d'avoir sur vous une pièce d'identité

Si vous êtes de nationalité étrangère, vous devez, en principe, toujours

avoir avec vous le titre ou les documents vous autorisant à circuler ou à

séjourner en France (une carte de séjour, un passeport avec un visa datant

de moins de 3 mois , un récépissé de demande de titre de séjour ou encore

une convocation à la préfecture etc...)

En effet, la police peut à tout moment, contrôler la régularité de leur

séjour en France des étrangers,

Les mineurs étrangers peuvent prouver par tout moyen leur identité. Ils

sont inexpulsables du territoire français.

Les motifs du contrôle d'identité :

art 78-2 du code de procédure pénale : outre les contrôles spécifiques

des

étrangers, les forces de l'ordre peuvent contrôler votre identité s'il

existe des raisons plausibles de soupçonner qu'une personne a commis ou a

tenté de commettre une infraction, se prépare à commettre un crime ou un

délit, ou est susceptible de fournir des renseignements sur une enquête

pénale en cours, ou fait l'objet de recherches judiciaires.Mais le

Procureur peut aussi requérir des contrôles d'identité pour les

infractions qu'il précise (recherches de stupéfiants, ports d'armes...).

Enfin l'identité peut être contrôlée pour « prévenir une atteinte à

l'ordre public »

Les motifs du contrôle sont donc très larges, mais ils doivent répondre à

l'un de ces critères, sous peine de nullité du contrôle. Par exemple, le

fait de porter un auto-collant (ou une banderolle), avec un sigle syndical

ou associatif, ou une inscription licite quelconque, ne justifie en aucun

cas un contrôle d'identité. La police n'a pas le droit de vous demander de

retirer l'auto-collant, car c'est une atteinte à la liberté d'expression.

Autre exemple: vous avez le droit de photographier ou de filmer une

manifestation, et rien n'interdit de filmer les policiers dans des lieux

publics. Ils n'ont pas le droit de confisquer votre matériel ou le film.

la rétention en vue de vérifier votre identité (art 78-3 du code de

procédure pénale):

Si vous n'avez pas de preuve de votre identité, vous pouvez être retenu

par la police qui souhaite vérifier votre identité pendant 4 heures

maximum à partir de début du contrôle.

Ne tentez pas de vous soustraire par la force à un contrôle d'identité,

c'est un délit de rébellion. Restez toujours calme et poli.

CONSEILS pour les contrôles d'identité

Vous avez le droit de faire aviser le procureur de la république de

votre

rétention. Si vous êtes mineur, le procureur de la République doit être

informé dès le début de la rétention. Exercez le droit de faire prévenir

le procureur

Une copie du procès-verbal de contrôle d'identité doit vous être remise

après 4h , (s'il n'y a pas de garde à vue à la suite) Exigez-ce document.

Vous avez le droit de prévenir votre famille ou toute personne de votre

choix. Si vous êtes mineur, vous devez être assisté par votre représentant

légal.

Si les policiers sont agressifs lors d'un contrôle d'identité, restez

polis, ne les tutoyez pas, même s'ils vous tutoient, ne faites aucun geste

violent à leur égard, car cela peut entraîner des procédure d'outrage ou

de rébellion, ou de violences sur personne dépositaire de l'autorité

publique; des peines d'emprisonnement sont encourues et vous pouvez être

jugés en comparution immédiate (flagrants délits). Prenez les coordonnées

de toutes les personnes qui peuvent témoigner de la scène. Si vous êtes

emmenés au commissariat, demandez à tout témoin de prévenir vos proches ou

un avocat.

Si vous refusez de collaborer à la vérification de votre identité (en

faisant des déclarations manifestement fausses, par exemple), vos

empreintes et une photo peuvent être prises. Et si vous refusez de vous

soumettre à cette mesure, vous pouvez être punis de 3 mois de prison et

3750 euros d 'amende (art 78 5 du CPP)

Avant de signer un procès-verbal, relisez-le attentivement.

Si vous n'êtes pas d'accord avec le contenu des procès-verbaux, vous

pouvez refuser de les signer (documents rédigés par les policiers et

décrivant l'interpellation ou la vérification d'identité). Si vous estimez

que le procès-verbal contient des erreurs ou des imprécisions, vous

devez demander au policier qui l'a tapé de le rectifier; s'il refuse,

vous pouvez vous-même faire des ajouts manuscrits à la fin du

procès-verbal, suivis de votre signature.

Lors de l'interpellation, la police peut seulement accomplir sur vous une

palpation de sécurité. Il s'agit d'une recherche extérieure, à travers les

vêtements, d'objets dangereux pour la sécurité du porteur ou d'autrui..

Cela ne peut en aucun cas consister en des attouchements ou une fouille à

corps.

Ayez toujours les coordonnées d'un ou plusieurs avocats sur vous

II- LORS D'UNE GARDE A VUE

Un officier de police peut décider de vous retenir au poste 48 heures

maximum s'il soupçonne que vous avez commis ou tenté de commettre une

infraction.

Si la garde à vue fait suite à un contrôle d'identité, la durée de la

garde à vue (48h)se calcule à partir de l'heure de votre interpellation

par la police (les 4 h de rétention pour le contrôle d'identité incluses).

Vous devez être immédiatement informé de vos droits dans une langue que

vous comprenez (art 63-1 du CPP). Si l'interprète ne peut se déplacer ,

cela se fera par les moyens de télécommunications autorisés.

VOS DROITS

Dès le début de la garde à vue , le procureur doit être informé par

l'officier de police judiciaire de votre placement en garde à vue.

Vous pouvez être retenu au maximum 48h (96h lorsque des stupéfiants sont

en cause, selon l'art 63-1 du CPP). La prolongation d'une garde à vue de

24h à 48h doit être autorisée par le procureur. Un mineur ne peut être

retenu que 24h ( s'il a plus de 13 ans).

Vous avez le droit de savoir quelle infraction vous est reprochée Vous

devez demander que ce soit écrit sur le procès-verbal.

Vous avez le droit de voir un avocat que vous avez choisi ou un avocat qui

est mis à votre disposition si vous n'en connaissez pas.

Lorsque vous participez à une manifestation, ayez toujours sur vous les

coordonnées d'un ou plusieurs avocats. Vous devez rencontrer votre avocat

immédiatement au début de la garde à vue et à la 20e heure (72e heure en

cas de stupéfiants), pendant 30 mn de manière confidentielle (art 63-4 du

CPP). En cas de prolongation de la garde à vue au delà de 24h, autorisée

par le procureur vous pouvez encore voir l'avocat à la 36e heure.

Dès le début de la garde à vue «sans délai » , vous pouvez faire prévenir,

par l'intermédiaire d'un policier, par téléphone, un proche (la personne

avec qui vous vivez habituellement, l'un de vos parents, l'un de vos frère

ou sœur, un ami, votre employeur, etc... (art 63-2 du CPP).

A tout moment lors de la garde à vue, à votre demande ou à celle d'un

membre de la famille, vous avez le droit de demander d'être examiné par un

médecin qui vient sans délai. Après 24h de garde à vue, vous avez le droit

de demander une seconde fois à voir un médecin. Si vous avez moins de 16

ans, un médecin est désigné dès le début de la garde à vue pour vous examiner.

Lorsque l'infraction concerne les stupéfiants, un médecin doit vous

examiner dès la première heure de garde à vue, puis toutes les 24h, en

plus des examens que vous pouvez personnellement demander, durant la garde

à vue qui peut ici durer 96h.

Il est possible que vous subissiez une fouille à corps afin de rechercher

des indices en rapport avec l'infraction flagrante qui vous est reprochée.

Il s'agit alors non seulement de fouiller vos vêtements mais aussi

l'intérieur de votre corps. Mais la fouille à corps ne peut être

effectuée que par un policier de même sexe que vous.

CONSEILS LORS DES GARDES À VUE

Relisez très attentivement le procès verbal

Vous pouvez choisir de vous taire lors des interrogatoires. Attendez

d'avoir demandé conseil à votre avocat avant de répondre aux questions

posées par les policiers.

Vous pouvez refuser de signer le procès-verbal (documents décrivant les

conditions de garde à vue et des auditions). Si vous n'êtes pas sûr de son

contenu, mieux vaut ne pas le signer ou ajouter vous-même des précisions à

la fin du document, avant de le signer.

Ayez toujours les coordonnées d'un ou plusieurs avocats sur vous, avant de

partir en manif.

Si vous n'avez pas les moyens de payer les frais d'un avocat, vous pouvez

demander à l'état français de prendre en charge totalement ou

partiellement ces frais selon le montant de vos revenus mensuels. C'est

l'aide juridictionnelle.

Les policiers n'ont pas le droit de vous faire subir des violences, ni

physiques, ni morales (art 222-13 du CP et article 3 de la Convention

européenne des droits de l'homme. Si vous subissez des violences (coups,

insultes, humiliations, refus de repas…) parlez en à votre avocat et

demandez un examen médical afin que ces violences soient constatées dans

un établissement hospitalier et qu'un certificat médical précisant la

durée de l'arrêt de travail soit établi.

La solution la plus efficace est de porter plainte devant un juge

d'instruction avec constitution de partie civile. Une somme d'argent vous

sera demandée à titre de consignation, sauf si vous avez l'aide

juridictionnelle.

Si des violences contre des biens ou des personnes vous sont

reprochées,

il est très important d'avoir pris les coordonnées des personnes pouvant

témoigner en votre faveur. Avant de manifester, ayez sur vous des petits

papiers où vous avez écrit votre nom et votre téléphone, pour pouvoir les

distribuer en urgence aux témoins, au moment où la police vous emmène, et

tâchez de prendre les coordonnées des témoins.

Vous avez des droits que les policiers ne peuvent vous refuser, comme ceux

de voir un interprète, un avocat , un médecin. S'ils vous ont été

refusés, faites noter sur le procès-verbal que vous les avez demandés ou

bien noter le vous-même avant de le signer. Parlez en impérativement à

votre avocat, car le non respect de vos droits rend toute la procédure nulle.

Si les policiers vous ont dit que vous figuriez sur le STIC (système de

traitement des infractions constatées), il s'agit d'un fichier de police

(ou de gendarmerie) sur lequel sont inscrites des personnes "mises en

cause" dans une précédente procédure (sans pour autant avoir été

condamnée). Demandez aux policiers de vous lire les mentions du fichier

qui vous concernent, et si vous n'êtes pas d'accord, vous pouvez écrire au

Procureur de la République pour faire rectifier ou effacer ces informations.

III- LORS D'UNE COMPARUTION IMMEDIATE

La comparution immédiate est une procédure qui permet de faire juger

quelqu'un à la suite de la garde à vue devant le tribunal correctionnel.

C'est le procureur qui décide si on vous juge immédiatement, ou si on vous

relâche pendant la garde à vue, ou à la fin de la garde à vue: en ce cas

la police peut vous remettre une convocation devant le tribunal, avec une

date d'audience.

Le procureur peut aussi décider de vous faire juger le jour-même, en

"comparution immédiate", si vous risquez une peine de prison égale ou

supérieure à 6 mois, c'est à dire pour la plupart des délits commis lors

d'une manifestation.

Voici quelques exemples justifiant un jugement immédiat: lorsque vos êtes

étranger en situation irrégulière, ou en cas de dégradations lors d'une

manifestation, ou d'outrage et rébellion ou de violences envers la police

(ou de menaces verbales de violences), en cas de vol, de mendicité avec un

chien "dangereux", d'occupation d'un squatt, d'outrage au drapeau ou à

l'hymne national, ou si vous êtes sous le coup d'une interdiction du

territoire, d'un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière ou d'une

mesure d'expulsion.

Mais en cas de "racolage passif"(et si vous n'êtes pas aussi en situation

irrégulière), ou d'entrave à la circulation dans un hall d'immeuble, seuls

deux mois de prison sont encourus et la comparution immédiate est donc

impossible.

CONSEIL TRES IMPORTANT:
Vous avez le droit de refuser d'être jugé le

jour-même lorsque le juge vous demande si vous acceptez la comparution

immédiate (art 397 du CPP). Mais vous risquez d'aller en prison pendant 2

à 6 semaines en attendant. Parlez en à votre avocat. Le risque d'aller en

prison en attendant d'être jugé, même si vous avez une famille ou un

travail est réel. Attention!

Devant le tribunal soyez calme et poli. Ecoutez les conseils de votre

avocat, dont la présence est obligatoire, sur l'attitude à avoir et

surtout sur les déclarations à faire au juge.

Vous avez le droit de faire appel contre la décision du juge qui vous

condamne

Vous pouvez demander l'aide juridictionnelle pour payer les frais d'avocat

et les frais de justice, si vos revenus sont très faibles (en gros,

inférieurs au SMIC).

IV LORS D'UNE RETENTION ADMINISTRATIVE d'un ETRANGER

Si vous êtes étrangers en situation irrégulière, le préfet peut décider

de

vous reconduire à la frontière. Dans ce cas, le préfet peut vous placer en

rétention administrative pendant 48h pour préparer votre renvoi. Au delà

de ces 48h , vous pouvez être maintenu en rétention pendant encore 10

jours au maximum sur décision du juge des libertés (2 fois 10 jours), soit

12 jours dans un centre de rétention au total.

Si vous êtes demandeur d'asile, retenu par la police (4 jours) à l'entrée

du territoire français, vous pouvez être ensuite placé en rétention

pendant 16 jours sur décision du juge, soit 20 jours au total en rétention.

VOS DROITS

Vous devez être informés de vos droits dès le début de votre rétention

dans une langue que vous comprenez.

Vous avez le droit de faire un recours contre la décision de reconduite à

la frontière mais le recours n'est pas suspensif (vous restez en rétention)

Vous avez le droit de demander l'assistance d'un médecin

Vous avez le droit de demander l'assistance d'un avocat

Vous avez le droit de demander l'assistance d'un interprète

Vous pouvez communiquez avec votre consulat et avec une personne de votre

choix

Vous avez le droit de faire appel contre la décision du juge de prolonger

la durée de votre rétention

Comme en garde à vue , vous devez être bien traité en rétention ( ne subir

aucun violence ni physique, ni morale)

CONSEILS LORS DE LA RETENTION D'UN ETRANGER

Une association, la CIMADE se trouve sur certains lieux de rétention

afin

de pouvoir vous aider, notamment à contester la décision de reconduite à

la frontière. Demandez à la rencontrer au plus vite (Siège : 01 45 55 15 77)

Pour une information sur les droits des étrangers, contacter aussi le

GISTI (01 43 14 84 89) ou l'ANAFE (01 42 08 69 93)

V LORS DE LA FOUILLE D'UN VEHICULE

Sauf lorsqu'il s'agit d'un véhicule d'habitation ( caravanes …), la

police

peut fouiller un véhicule y compris le coffre, si elle a des «raisons

plausibles de soupçonner qu'un crime ou un délit flagrant a été commis par

l'un des occupants.

La police peut aussi immobiliser un véhicule pendant 30mn et le fouiller

avec l'accord du conducteur (ou à défaut le procureur) »pour prévenir

d'une atteinte grave à a sécurité des personnes et des biens »

VI les VIGILES

Sur arrêté du préfet, dans les lieux et à des dates précisées dans cet

arrêté, les vigiles peuvent procéder à des palpations de sécurité (donc

sur les vêtements), en cas de menaces graves pour la sécurité publique.

Ces palpations sont faites par une personne du même sexe que l'intéressé.

Les vigiles peuvent aussi faire ouvrir un sac à main, et ne peuvent le

fouiller qu'avec le consentement de la personne.

juillet 2003

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