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Lancement de l’APRES : l’émergence d’une force nouvelle

Bagnolet, le 12 juillet : à la tribune, entre autres, Hendrick Davi (Marseille), Alexis Corbière (Seine-Saint-Denis) et Danièle Simonnet (Paris XXe). Ces député.es purgé.es, mais réélu.es, ont annoncé devant la presse le lancement d’une association pour continuer le combat. Autrement.

Il y a un mois à peine, elles et ils étaient député.es sortant.es LFI. Mais une obscure commission des investitures – en fait Nathalie Oziols et Paul Vannier, deux très proches de Jean-Luc Mélenchon –, a décidé de les licencier sans entretien préalable, et a investi contre eux d’autres très proches du « chef ». Danièle Simonnet s’est par exemple vu opposer Céline Verzeletti dont le POI, Mélenchon et les tenants d’une adhésion à la FSM avaient soutenu la candidature au dernier congrès de la CGT. Le tout pour empêcher l’élection de Sophie Binet.

Première victoire

Les trois députés ont survécu à une purge menée violemment et sans ménagement. Ils n’ont pas seulement survécu : ils ont écrasé les candidats soutenus par l’appareil. Le différend entre Mélenchon et les purgé.es a été tranché par le suffrage universel. Le coup de piolet n’a pas atteint son but.

Danièle Simonnet l’emporte avec 75 % des voix, Alexis Corbière avec 57 % et Hendrick Davi 63 %, malgré une campagne de calomnie menée par le clan Mélenchon et une dizaine de députés du cénacle – ceux qui ne doivent leurs postes qu’à « Jean-Luc » (voir les explications de Danièle Simonnet et Alexis Corbière dans les pages qui précèdent). À leur côté, Clémentine Autain, députée LFI brillamment réélue dès le premier tour, avec 63 % des voix, ainsi que Raquel Garrido, malheureusement battue par un candidat qui n’avait pas le droit de se présenter. Ces camarades sont solidaires des trois député.es purgé.es, tout comme Pascale Martin, ex-députée de la Dordogne, et Guillaume Ancelet, le président de Picardie Debout, également parties prenantes de l’événement.

Ces victoires doivent être appréciées à leur juste valeur. Dès décembre 2022, soit six mois après les 22 % des voix de JLM à la présidentielle et la constitution de la NUPES autour de ses 565 propositions, éclate l’affaire Quatennens. Menée par le POI et son journal Informations ouvrières, de concert avec Jean-Luc Mélenchon, la campagne de soutien à Adrien Quatennens, à qui était promise la succession du grand chef, fait chou blanc, notamment grâce aux interventions courageuses de Simonnet, Autain, Garrido, mais aussi de Corbière, Ruffin et Davi. Nathalie Oziols, Paul Vannier, Sophia Chikirou et Jean-Luc Mélenchon sont battus au sein du groupe parlementaire LFI. L’élu, qui a reconnu les violences conjugales dont l’accusait sa femme, est finalement sanctionné.

Mélenchon, constatant, impuissant, la sortie de route de son chouchou, décide d’être candidat à la présidentielle de 2027 et de liquider tous ceux qui ont eu l’outrecuidance de s’opposer à lui. À la Convention LFI de décembre 2022, les six sont donc exclu.es de la direction du mouvement.

Pour une nouvelle force

L’Association pour une République écologique et sociale (APRES) a donc été conçue par ses initiatrices et initiateurs comme un abri pour les centaines de militant.es de LFI qui ont été exclu.es pour avoir soutenu des candidat.es purgé.es. Mais leur ambition va bien au-delà.

Devant les difficultés de réaliser l’Union face aux hésitations et aux manœuvres des appareils, il a en effet été jugé nécessaire de constituer un rassemblement des unitaires. L’APRES n’est donc pas un nouveau parti, mais une association ouverte à toutes celles et tous ceux qui militent pour le Nouveau Front populaire. Elle ne cherche pas à se construire contre Jean-Luc Mélenchon, ni contre aucun autre parti de gauche. Elle accepte et favorise même la double appartenance. D’ailleurs, l’immense majorité des camarades de l’APRES sont toujours membres de LFI, à l’exception de celles et ceux que l’appareil a décidé d’exclure.

Le rapport de force pour la démocratie et le pluralisme sera-t-il assez fort pour imposer la réintégration des exclus ? Vu la détermination du clan Mélenchon et du POI et l’absence de démocratie interne au sein de la Franc insoumise, cette perspective paraît peu plausible.

Si la logique d’exclusion est la plus forte, les tenants de l’APRES se proposent de former une nouvelle force politique avec d’autres forces existantes comme Picardie debout de François Ruffin, Génération.s, la Gauche démocratique et sociale (GDS), Ensemble!, ainsi que la Gauche écosocialiste (GES) de Hendrick Davi, et peut être Alternative communiste (AC).

Rendez-vous à la fête de L’Huma

C’est le début d’une aventure dans laquelle la GDS est prête à s’engager avec enthousiasme, désireuse d’y apporter son savoir-faire, son expérience et ses exigences de démocratie et de pluralisme. Une nouvelle page de son histoire s’ouvre pour la gauche s’ouvre. Nous n’avons que le choix de réussir. Les élections de juin-juillet ont été un sursaut salvateur, mais nous savons que le RN à 40 % est un danger mortel. La gauche n’a pas le droit de décevoir

Cet article de notre camarade Pierre Timsit est à retrouver dans le numéro 316 (juillet-août 2024) de démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

 

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