Retrait provisoire d'un des deux âges pivot
Le gouvernement jusqu’au-boutiste maintient l’âge pivot (appelé « âge d’équilibre » dans le projet de loi). Cet âge d’équilibre permettrait de frapper d’un malus de 5 % par an tous les retraités qui partiraient avant cet âge d’équilibre, après 2027. Cet âge serait sans doute fixé à 64 ans par ordonnance, comme le prévoyait le rapport Delevoye, et augmenterait rapidement pour atteindre 65, 66 et 67 ans. Pour une analyse détaillée du projet de contre-réforme des retraites, lire : "La retraite à points de Macron. Dix questions, dix réponses". Ce livre de 96 pages (format 11x29) signé par nos camarades Gérard Filoche, Anne De Haro et Eric Thouzeau est à commander à commegaronne@orange.fr (1)
La manœuvre est cousue de fil blanc
Ce que le gouvernement retire provisoirement du projet de loi, c'est l’âge pivot qui devait augmenter tous les ans de 62 ans et 4 mois en 2022 à 64 ans en 2027. Mais ce retrait provisoire est conditionné aux résultats d’une « conférence de financement » devant proposer une méthode permettant de combler le déficit de 8 à 17 milliards prévu par le COR en 2025. Si les partenaires sociaux n’arrivent pas à se mettre d’accord sur une solution, avant fin avril, le gouvernement prendra « ses responsabilités » et réintroduira l’âge pivot entre 2022 et 2027 par voie d’ordonnance.
La plupart des médias se gardent de distinguer l’âge d’équilibre qui reste dans le projet de loi et l’âge pivot qui en est sorti, provisoirement et sous conditions.
Macron et son gouvernement essaient de prendre le mouvement social en étau
Les explications de Macron et de son gouvernement ne passent pas. La grande majorité des habitants de notre pays a fort bien compris que le président des riches ne peut pas faire une réforme des retraites pour répondre aux besoins des salariés (90 % de la population active), alors qu’ils sont, depuis son arrivée au pouvoir, les premières victimes de sa politique, pour le plus grand profit des actionnaires.
La première mâchoire de l’étau est l’accentuation de leur politique de violence policière dont même l’éditorial du Monde du 11 janvier affirme qu’il écrit ces termes sans, maintenant, mettre de guillemets.
La seconde mâchoire est une concession fictive, le retrait provisoire de l’âge pivot du projet de loi, faite aux directions de la CFDT et de l’UNSA. Ces dernières n’ont pourtant montré, à ce jour, aucune capacité de mobilisation. Elles tentent, au contraire, d’utiliser la mobilisation animée par la CGT, FO, la FSU, Solidaires, la CGC, l’UNEF, les Gilets Jaunes, les organisations de jeunesse, les cheminots CFDT mobilisés en décembre contre l’avis de leur direction confédérale et une grande partie des agents de la RATP de l’UNSA contre l’avis de leur direction fédérale, pour permettre au gouvernement de trouver une porte de sortie et essayer de sauver la face devant leurs syndiqués.
Un « âge pivot » peut en cacher un autre
Le Premier ministre distingue deux « âges pivot ».
Le 1er qu’il appelle « âge d’équilibre » est l’âge en-dessous duquel tout départ à retraite (excepté pour les « carrière longues ») sera frappé d’un malus pendant toute la durée de sa retraite. Cet âge d’équilibre structure le projet de loi et le Premier ministre affirme qu’il le maintiendra.
C’est donc, dans le meilleur des cas, une toute petite « clause grand père » qu’il propose à la direction de la CFDT et à celle de l’UNSA : ceux qui partiront à la retraite avant 2027 ne seraient pas touchés par l’« âge pivot » mais ceux qui partiront après 2027 verraient le montant de leur retraite diminuer fortement, s’ils partent en retraite avant l’« âge d’équilibre ».
Parler de « victoire » ou d’« avancée majeure » comme le font les directions de la CFDT ou de l’UNA est donc, pour le moins, indécent.
Le second, que le Premier ministre appelle « âge pivot », est l’âge, augmentant de 62 ans et quatre mois en 2022 à 64 ans en 2027, en dessous duquel toute personne partant en retraite paierait un malus.
C’est cet âge pivot que le Premier ministre propose de retirer provisoirement du projet de loi. Provisoirement car, sorti par la porte, l’âge pivot rentrerait par la fenêtre si les partenaires sociaux n’arrivaient pas à trouver une solution pour équilibrer le système avant 2027. La recherche de cet équilibre financier ferait l’objet de « la conférence sur le financement » du régime de retraite qui se tiendrait jusqu’à fin avril 2020. Si cette conférence ne trouvait pas de solution pour équilibrer les retraites à l’horizon 2027, le gouvernement prendrait une ordonnance pour réintroduire l’« âge pivot ». Édouard Philippe l’a expressément annoncé dans sa lettre aux organisations syndicales.
Il est quasi impossible qu’une solution soit trouvée dans le cadre fixé par le Premier ministre. Il n’existe que trois leviers - et trois seulement - pour parvenir à l’équilibre financier d’un système de retraite : augmenter les cotisations, diminuer le montant des retraites ou augmenter la durée de cotisation. La lettre du Premier ministre aux organisations syndicales, dans son 8ème point, ferme la porte à la baisse des pensions et à l’augmentation des cotisations retraites (baptisée « hausse du coût du travail »). Il ne reste donc que l’augmentation de la durée de cotisation, ce qui est précisément le but de l’ « âge pivot »…
Il y a donc de très fortes chances que, comme pour la réforme de l’assurance chômage, le gouvernement reprenne la main et impose sa solution par voie d’ordonnance.
Le but de la manœuvre est flagrant
Il s’agit de tenter de briser la mobilisation sociale pour permettre à Macron de sauver sa réforme. Après avoir essayé d’imposer une trêve de Noël et avoir été désavoué par leur base, à la SNCF et à la RATP, la direction de la CFDT et celle de l’UNSA retentent le coup avec la conférence sur le financement.
(1) La retraite à points : 8 € (96 pages - format 11 x 19). Frais de port offerts.
4 exemplaires 20 €, 10 exemplaires 40€, 20 exemplaires 70€ Règlement par chèque à : Com’Garonne (6 impasse du Collège 46700 Puy l’Evêque)
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