GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Migrants

Réforme de l’AME : une attaque contre toutes et tous

Après des déclarations contradictoires des différents ministres concernés, le Premier ministre a dévoilé, le mercredi 6 novembre, son nouveau plan pour l’immigration en vingt mesures. Parmi elles, les plus controversées concernent le droit à la santé et l’accès aux soins pour les demandeurs d’asile et pour les sans-papiers. Ces mesures visent à fragiliser encore davantage les populations migrantes, mais aussi et surtout à séduire l’électorat frontiste.

Jusqu’à présent les demandeuses et les demandeurs d’asile pouvaient bénéficier dès leur arrivée de la Protection universelle maladie (PUMA) qui couvrait leurs dépenses de santé. La nouvelle loi prévoit un délai de carence de trois mois. L’Aide médicale d’État (AME) concerne les personnes en situation irrégulière. Créée en 2000, elle concerne environ 300 000 personnes, dont 70 000 enfants. Elle coûte 935 millions d’euros, soit 0,5 % des dépenses totales de santé.

Dans le collimateur de la droite et l’extrême droite depuis sa création, elle fait elle aussi l’objet de restrictions dans la nouvelle loi.

Des conséquences sur la santé publique

Jamais aucun gouvernement n’avait osé s’en prendre ainsi aux personnes les plus fragiles. La plupart des demandeuses et des demandeurs d’asile arrivant en France ont connu un parcours extrêmement difficile. Leur santé, tant physique que psychique, en a été très souvent affectée. Pour autant, leur arrivée sur le territoire ne signifie pas la fin du calvaire et pour plus de la moitié d’entre eux, c’est encore la rue qui les attend pendant des mois faute de places dans un CADA (Centre d’accueil pour demandeurs d’asile). Les délais d’enregistrement de leur demande d’asile restent encore très longs, pouvant parfois être de plusieurs mois, sans droit ouvert.

Dans ces conditions, des pathologies parfois lourdes se développent et nécessitent une prise en charge rapide. Déjà aujourd’hui, des personnes meurent faute de soins. En mai dernier, un mineur non accompagné laissé à la rue pendant des mois est décédé d’une hépatite non soignée.

L’instauration d’un délai de carence de trois mois sera lourde de conséquences sur la santé de cette population particulièrement fragile.

C’est aussi grave d’un point de vue de santé publique. Ne pas prendre en charge des personnes souffrant par exemple de tuberculose fait courir des risques à toute la population.

Enfin, alors que tout notre système hospitalier est en train de sombrer, ces personnes privées de droit n’auront comme seul recours que de se tourner vers les Urgences. Il est clair que cela coûtera plus cher à notre système déjà mis à mal.

Un signal fort à l’extrême droite

Sur le parvis de Matignon, Édouard Philippe, en préalable à l’annonce de ces mesures, a déclaré : « Le sens général de notre action est la souveraineté », avant d’ajouter : « Nous voulons reprendre le contrôle de notre politique migratoire ». En septembre, c’est Macron qui lançait des petites phrases assassines sur un prétendu « tourisme médical ».

Ces mesures dangereuses ne rapporteront quasiment rien aux finances publiques. En revanche, c’est un signal fort lancé à l’extrême droite plaçant une fois de plus les personnes migrantes en position de boucs-émissaires.

En exigeant des CPAM des contrôles sur les futurs ayants droit, le gouvernement veut faire de ces dernières des succursales de sa politique anti-immigration.

À l’heure où la casse de la Sécurité sociale est plus que jamais à l’ordre du jour, ces mesures sont une attaque supplémentaire contre la solidarité nationale.

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