GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur Au Parti socialiste

La gestion Hollande ne permettait plus de faire face au sarkozisme

Dans son dernier discours à Reims, François Hollande a donné au Parti socialiste le plus mauvais

conseil possible. Il a dit : «Ne promettez pas trop pour 2012 car avec la gestion de la

droite, les caisses seront vides et l’on ne pourra pas tenir nos promesses». Cela aura été pendant

dix ans un de ses leitmotivs préférés : «ne pas promettre plus que ce qu’on peut tenir».

Comme toutes ses analyses étaient limitées à l’horizon

indépassable du capitalisme, il ne pouvait JAMAIS promettre

beaucoup, il fallait toujours reconstruire l’économie

AVANT de redistribuer quoi que ce soit.

Parfois François Hollande se présentait comme plus « avisé »

que les capitalistes eux-mêmes dans la gestion : n’est-il pas allé

jusqu’à reprocher à Sarkozy de ne pas respecter les critères de

Maastricht ? Dans la même veine, Ségolène Royal commença

sa campagne électorale en février 2007, à Villepinte, en affirmant

la priorité au « remboursement de la dette » ! Ce point de

vue était partagé par DSK et par tous les dirigeants du PSE que

François Hollande côtoyait. Comme Rocard et Delors, on a eu

pendant dix ans un Premier secrétaire qui croyait qu’en 1981-

82, on avait «trop promis» et que les échecs de la gauche

venaient de là : on avait «déçu» notre électorat ! Il fallait donc

être plus modéré pour rester «durablement» au pouvoir.

Jamais François Hollande ne se ré-interrogera sur le tournant

monétariste de 1983. Il a quitté ses fonctions sans apporter de

réponses plus combatives à la crise du capitalisme à dominante

financière – explosant pourtant sous ses yeux dans son dernier

mois de mandat en octobre 2008.

Pourtant, si Lionel Jospin a gagné en 1997, ce fut en faisant des

promesses audacieuses comme les 35 h sans perte de salaire et

le contrôle administratif des licenciements.

Pourtant, si on a gagné les scrutins intermédiaires en 2004,

2008 c’est plutôt sur une ligne de gauche. Les électeurs, indignés

par la loi Fillon en 2004 et par la politique de Sarkozy en

2008 ont voté à gauche nettement. Il est arrivé aussi que le

«ton» PS ait été plus à gauche: aux Européennes de 2004,

François Hollande avait accepté la proposition d’une « Europe

des 35 h et du Smic européen » (ce qui lui fut reproché par

Vincent Peillon dès 2005 à Fouras qui l’accusa de «molletisme

» à cause de cela…) : on a obtenu ainsi 30 % des voix. On

a obtenu 20 régions sur 22, 61 départements sur 100, 2 villes sur

3 sur une ligne gauche, sans besoin d’un appoint du Modem.

Mais la leçon n’est pas comprise, alors qu’on n’a aucune chance

de ré-obtenir un succès en juin 2009 si les électeurs ne sentent

pas qu’on se bat vraiment pour une Europe de gauche et si

on ne fait pas de grandes promesses de rupture en ce sens.

Pour les deux grandes élections présidentielles du 21 avril 2002

et du 6 mai 2007, ce mauvais adage « ne pas trop promettre » a

prévalu… : en ne promettant rien sur les grandes questions

sociales, Lionel Jospin et Ségolène Royal ont perdu ! Et en

2012 si on suivait les conseils de François Hollande répétés à

Reims, on perdrait encore !

Pourtant François Hollande était parmi les plus talentueux, plus

agile intellectuellement que beaucoup d’autres, avec un entregent

et un savoir faire remarquable : mais s’il tenait parfois un

discours gauche, (c’est arrivé à plusieurs reprises, y compris en

défense des retraites au congrès de Dijon) une pesanteur droitière

l’emportait à chaque choix décisif. Si François Hollande

avait osé appeler à voter « non » au référendum du 29 mai 2005,

il serait président de la République aujourd’hui. Il aurait été

l’homme qui entraînait 70 % des Français à voter « non », il

aurait uni la gauche, il aurait été l’homme qui fait rediscuter

l’Europe, son charisme aurait fait un énorme bond en avant…

Mais les liens deloriens, droitiers, « trans-courants », l’ont

emporté et dès lors il n’a cessé de perdre pied : sanctionnant

Fabius le 1er juin 2005 avant de faire avec lui une synthèse floue

en novembre 2005. Il ne parvenait plus à redresser la barre, ce

qui est définitivement devenu impossible avec la candidature

Royal.

Le voilà parti en ayant au dernier moment, freiné les ralliements – un moment envisagés en pleine nuit des résolutions à Reims -

de Delanoë et d’Aubry à la candidature Hamon. Il ne voulait

pas que le parti « tombe » à gauche après lui. Mais il a échoué

à mettre en place le « grand bloc central » auquel il aspirait pour

lui succéder, et il n’a même pas pu faire le discours de clôture

qu’il envisagea un moment à Reims.

Dommage, mais c’est le résultat d’une succession de mauvais

choix politiques a contrario des attentes principales du salariat.

Combattre Sarkozy impliquait une détermination dans le ton

qui n’était pas la sienne, la mise en avant d’éléments de programme

alternatifs en rupture profonde avec le néolibéralisme.

François Hollande n’était pas un homme de « rupture ». Il aurait

pu forcer sa nature, mais comme il s’autolimitait politiquement,

même quand il haussait le ton en tant qu’opposant, il n’était pas

perçu comme le dirigeant populaire alternatif dont la majorité

écrasante de la gauche avait besoin...

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