GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

📰   Actualités La revue DS

La barbarie ne passera pas ! (édito D&S n°278)

L’assassinat, par un jeune islamiste, de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie au collège du Bois d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine, nous a plongés dans d’horreur.

Le temps de la sidération

C’est avec une grande douleur, une immense tristesse, que nous avons participé dans toute la France aux rassemblements spontanés ou organisés notamment à l’appel de syndicats d’enseignants et de l’Association des professeurs d’histoire et de géographie (APHG) quelques jours après le drame. Des rassemblements souvent ponctués d’applaudissements, mais aussi terriblement silencieux. Le silence du recueillement en mémoire du jeune professeur, mais aussi le silence de la sidération.

Il s’agit maintenant de dépasser cette sidération et mettre des mots, des mots précis, des mots justes sur cette terrible réalité, car nous savons comment le dessein terroriste est bien de provoquer la peur, qui est si mauvaise conseillère. De provoquer tant d’émoi et de colère que la blessure ressentie par chacune et chacun au plus profond de son être rende la parole collective difficile, si ce n’est impossible, à construire.

Vive la laïcité !

Oui, ce qui a été visé, ce que le terrorisme islamisme a voulu toucher, ce sont bien les principes de l’école laïque et républicaine, celle qui oppose la pensée construite à la croyance. Celle qui doit donner à l’élève « l’idée qu’il peut penser par lui-même, quil ne doit ni foi ni obéissance à personne, que c’est à lui de chercher la vérité et non pas à la recevoir toute faite d’un maître, d’un directeur, d’un chef quel qu’il soit, temporel ou spirituel » (Ferdinand Buisson, directeur français de l’enseignement primaire de 1879 à 1896).

L’école doit tenir bon et nous apportons tout notre soutien aux enseignantes et aux enseignants – du second degré, mais aussi du primaire et du supérieur –, qui ont tous été touchés par ce crime odieux et insoutenable. Plus que jamais, il doit être donné aux femmes et aux hommes à qui nous confions l’instruction et une part de l’éducation de nos enfants pleinement les moyens d’exercer leur mission d’éveil des consciences et de construction de l’esprit critique – premiers outils pour combattre l’obscurantisme.

Plus qu’un arsenal répressif qui aboutirait à enfermer l’école sur elle-même, elle a besoin de soutien, de formation initiale et permanente, mais aussi de moyens nouveaux pour s’assurer que personne n’est laissé sur le bord du chemin.

Contre les amalgames

Ce principe de laïcité, celui qui permet l’émancipation, celui qui garantit le vivre ensemble, nous le défendons avec constance et détermination. C’est pour cela que nous ne pouvons accepter qu’il soit dévoyé, qu’en son nom soient tenus des propos ou menées des politiques stigmatisantes.

Nous le savons : après avoir combattu historiquement le principe même de laïcité – et le combattant encore aujourd’hui par leur défense acharnée des établissements privés confessionnels, ainsi que par la tentation concordataire qui les anime –, la droite et l’extrême droite en ont, ces dernières décennies, adopté le vocabulaire pour développer un discours discriminatoire, parfois particulièrement haineux, à l’égard de l’ensemble des musulmans.

Aujourd’hui encore, le gouvernement instrumentalise ce crime barbare pour faire de la surenchère, des amalgames englobant tour à tour les réfugiés, les sans-papiers, les immigrés, les musulmans…

Déterminés à combattre la barbarie fasciste de l’islamisme radical – dont les premières victimes dans le monde sont, rappelons-le, les musulmans –, nous continuerons à refuser tout ce qui peut diviser les habitants de notre pays sur des bases religieuses.

Cet article reprend l'éditorial du numéro d'octobre de Démocratie&Socialisme, la revue (papier) mensuelle de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

Inscrivez-vous à l'infolettre de GDS




La revue papier

Les Vidéos

En voir plus…