GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

International – Europe

Forte poussée écologiste en Suisse alémanique

Alors que le cancer national-populiste ronge de nombreux pays européens, la Suisse fait tout à coup exception. Lors des élections qui ont eu lieu les deux derniers week-ends de mars dans trois cantons alémaniques (Zurich, Lucerne et Bâle-Campagne), l’Union démocratique du centre (UDC) a essuyé une cinglante défaite, alors que les écologistes ont réussi une percée spectaculaire. Le PS a aussi progressé, alors que les femmes améliorent sensiblement leurs positions.

Avec 2,5 millions d’habitants, ces trois cantons représentent plus du quart de la population suisse. Autant dire qu’à sept mois des élections fédérales du 20 octobre, ces scrutins cantonaux avaient l’allure d’un sondage grandeur nature.

UDC : signal d’alarme

L’UDC a connu un revers historique. Au total, elle a perdu 23 sièges dans les parlements cantonaux de Zurich, Lucerne et Bâle-Campagne, et n’a maintenu que de justesse son deuxième fauteuil au gouvernement zurichois. Comme l’UDC avait déjà reculé lors de précédentes élections cantonales, d’aucuns se demandent si l’hégémonie du parti national-conservateur (près de 30 % des voix sur le plan national) ne touche pas à sa fin. « On peut se poser la question, admet le politologue Oscar Mazzoleni, interrogé par Le Courrier. Ces élections zurichoises sont un signal d’alarme important. » L’UDC a de gros problèmes de relève, mais elle s’est surtout trompé sur le choix de ses priorités. Ces derniers mois, les thèmes de droite, comme la peur de l’Europe, de l’immigration et du terrorisme ont été relégués au second plan. Combiné à une situation économique stable et proche du plein emploi, l’affaiblissement de ces thématiques a favorisé l’émergence de nouvelles préoccupations politiques, en particulier celles liées à l’environnement et au climat.

Les Verts portés par la mobilisation climatique

Comme dans beaucoup d’autres pays, les mobilisations sur le climat ont été parfaitement réussies en Suisse, réunissant plusieurs dizaines de milliers de participants. C’est sur cette vague que les Verts ont construit leur succès. Les écologistes suisses appartiennent à deux familles politiques distinctes : les Verts (de gauche, souvent alliés au PS) qui ont gagné 22 sièges au total et les Verts libéraux (centre-droit), qui progressent de 10 sièges. Ce succès prend une allure triomphale lorsque l’on sait que les Verts ont reconquis le siège qu’ils avaient perdu voici quatre ans au gouvernement zurichois, au détriment du Parti libéral-radical (PLR), porte-parole de l’industrie et de la finance.

Socialistes et femmes se portent bien

La gauche peut voir les élections fédérales d’octobre avec un brin d’optimisme. Car si les écologistes sont les grands gagnants de ces joutes, cela ne s’est pas fait au détriment des socialistes. Le PS gagne trois sièges et l’Alternative de gauche un. Mais le PS fait surtout son retour au gouvernement de Bâle-Campagne, dont il était absent depuis quatre ans, là aussi au détriment du PLR. Le PS est en outre devenu le premier parti au parlement de Bâle-Campagne. Les résultats de ces élections signifient surtout que s’ils devaient être reproduits à l’échelle de la Suisse entière, la droite « dure » (UDC et libéraux-radicaux) ne serait plus majoritaire au Conseil national (équivalent de l’Assemblée nationale), ce qui ouvrirait de nouvelles perspectives dans les domaines de la sécurité sociale, de l’environnement et des relations avec l’Union européenne.

À  Zurich plus particulièrement, il y a un record d’élues au parlement cantonal. Il compte désormais 73 femmes pour 180 sièges (soit 40 %), alors qu’en moyenne, les législatifs cantonaux comptent en moyenne 28,7 % de femmes et le Conseil national 32,5 %. Les socialistes et les écologistes obtiennent les meilleurs résultats : vingt femmes sur 35 élus pour le PS, douze sur 22 pour les Verts, et encore douze sur 23 pour les Verts libéraux. À l’autre bout de l’échiquier, il n’y a que dix femmes sur 45 à l’UDC. Les femmes ont en outre retrouvé la majorité au gouvernement zurichois, avec quatre sièges sur sept. Et, depuis la mi-mars, le canton de Vaud (capitale : Lausanne) fait encore mieux, avec cinq femmes sur sept à l’exécutif. Parmi elles, trois socialistes, une Verte et une libérale-radicale.

Notre camarade Jean-Claude Rennwald est ancien député (PS) au Conseil national suisse, et toujours militant socialiste et syndical. Son article a été publié dans le numéro 264 (avril 2019) de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

 

 

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