GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Jeunes

Elle est où, la gauche?

Tout pouvoir, aussi nul et néfaste soit-il, n'a qu'un seul et véritable souci: l'émergence d'un contre pouvoir qui se pose en alternative et se donne les moyens de le dégager. Sarkozy et son gouvernement sont nuls, inefficaces et incroyablement brouillons. Leur seul véritable programme est de tout faire pour que l'aristocratie de l'ouest parisien s'en mette plein les poches, avec le moins d'entraves possible. Pour cela on leur supprime un paquet d'impôt, on privatise au maximum (oh le pactole des Universités qui s'annonce si les étudiants ne mettent pas un terme à cette supercherie qu'est la LRU!), on détourne le regard du petit peuple poujadiste en flattant sa valeur travail à la con et en emmerdant au maximum tous les sans papiers présents et à venir. Dans quelques mois, ce programme sera mis en application totalement si aucun « tous ensemble » ne le bloque, car l'opposition socialiste ne fait rien pour le contrarier.

Malheureusement, la direction du PS et une bonne partie de son groupe parlementaire ne bougeraient pas le petit doigt pour contrer frontalement un pouvoir élu. Tout ce petit monde fait le dos rond pendant que ceux dont il est censé défendre les intérêts se font bouffer. Car la nomenklaturette solférinienne paraît presque rassurée que la droite s'occupe des régimes spéciaux, ça lui évite de passer pour une bande de blairistes.

Sarkozy continue les privatisations de secteurs clefs de l'économie, et motus du côté de la rue Solférino. Il est vrai que le gouvernement Jospin n'avait pas fait mieux (en privatisant davantage que Juppé et Balladur réunis). Silence même pas gêné sur la loi Pécresse (c'est Lang qui en a posé les jalons en lançant la réforme des ECTS et du LMD). Un charmant député (PS) de Meurthe-et-Moselle me disait tout innocemment cet été: « oh, cette loi! C'est une réforme technique, comme toutes les autres! ». Technique, oui, tout est technique pour un député PS. Les institutions sont une vaste machinerie où chaque ouvrier y travaillant, du Ministre au petit fonctionnaire en passant par le député et le préfet, ne s'occupent que de choses techniques. La France est une grosse horloge et chacun l'huile et la bricole comme il peut, pourvu qu'elle tourne!

La direction de notre parti est désespérante. Tout juste a-t-elle trouvé la force de s'indigner contre l'amendement Mariani, et encore en courant derrière Charlie Hebdo qui a lancé l'offensive, relayé par un Pasqua qui a retrouvé ses meilleurs accents de résistant et un Villepin engagé dans une lutte à mort avec la petite médiocrité qui l'a empêché de réaliser son destin présidentiel. On entend les parlementaires sur le pouvoir d'achat... allez, un effort... ce n'est quand même pas difficile d'exiger que les formidables profits générés par la mondialisation soient équitablement redistribués. Car la France est gagnante dans la mondialisation, qu'on ne s'y trompe pas.

En dehors de ça? Une majorité du Bureau National se prononce pour le TME. Et au nom de quoi? "On ne va pas prendre la responsabilité de mener à nouveau l'europe dans l'impasse..." La classe ! L'Europe nous mène dans l'impasse de toute manière. Dans l'impasse libérale, dans l'impasse des injustices sociales, dans l'impasse diplomatique. L'Europe n'est plus un projet, c'est un ectoplasme.

Arrêtons de nous voiler la face et de nous convaincre en jouant du violon sur la logorrhée « L'Europe c'est la paix, l'Europe c'est l'anéantissement des frontières... » pour justifier que nous ne foncions tête baissée dans les guêpiers que nous tend le « marché ». L'Europe, pour beaucoup, ce fut la paix, ce fut l'abolition des frontières, mais c'est aujourd'hui un projet aussi ambitieux que la construction d'un supermarché.

Qui parle de l'Europe Sociale ? De cette Europe où le smic européen serait imposé à tous. De cette Europe où l'impôt serait harmonisé ? De cette Europe où les enfants pourraient suivre des étapes de leur scolarité dans d'autres pays, pour que le lien entre les peuples et les cultures se fasse dès l'enfance, au moment où tout se décide ? De cette Europe qui n'ait pas peur des autres et ne deale pas avec le Maroc, la Lybie, la Georgie et d'autres pour construire des camps de rétention sur leurs sols et contenir l'immigration à la source ? De cette Europe qui construirait des TGV de Londres à Lisbonne, de Brest à Saint Petersbourg, d'Oslo à Athènes? De cette Europe à laquelle on soit fier d'appartenir ?

Qu'on ne nous fasse pas le coup de « vous êtes anti-européens, vous voulez bloquer la construction de l'europe, vous êtes sur la même longueur d'onde que de Villiers et gnagna et gna gna gna.» Les contempteurs du libéralisme et alliés objectifs de Sarkozy sur la scène intérieure comme sur la scène européenne n'ont de leçon de socialisme à donner à personne. Nous sommes pour une Europe des peuples, laïque, sociale et démocratique, point. Nous ne renonçons pas à nos convictions, contrairement à ceux qui se réclament de la gauche en se coulant dans la fange d'une europe policière, ultra-libérale, qui ne fait plus le lit de la paix, mais bien celui des extrêmes par les frustrations qu'elle génère et explique la remontée des nationalismes partout en europe, dont la Belgique, Etat capitale de l'Europe, donne un exemple alarmant aujourd'hui. La construction d'une autre Europe commence par l'exigence d'un référendum sur le TME.

Sarkozy est tranquille. Son gouvernement est pitoyable et lui n'a d'autre envergure que celle brodée par des médias serviles. Sarkozy est tranquille. La stratosphère de notre parti est occupée comme d'habitude à ses joutes de bretteurs où chacun s'exerce à tuer celui qui pourrait lui faire de l'ombre... Sarkozy est tranquille, l'opposition ne cherche pas à se positionner comme alternative... DSK tutoie les étoiles, Ségolène virevolte dans ses abstractions évanescentes, sa « plus belle histoire, c'est [nous] » (on ne peut pas en dire autant...), François se cherche une porte se sortie... Y'a que le Vélib' qui nous sauve... Pédalez camarades, la vigueur du socialisme est désormais dans vos cuisses !

Non, j'exagère, il n'y a pas que le Vélib' qui nous porte : nous avons nos convictions, notre volonté de regrouper sur une ligne clairement à gauche et internationaliste, notre envie d'en découdre avec la droite, notre désir de transformer les aspirations du salariat en programme politique de toute la gauche, unie contre la droite. Le PS doit se resaissir et être porteur de perspectives politiques. Il doit jouer son véritable rôle : représenter les aspirations du salariat et transformer la société.

Renaud Chenu

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