GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Jeunes

Passer à l’offensive !

Cheminots en grève reconductible, mouvements sociaux dans l’ensemble de la fonction publique, blocage des universités contre la LRU, mouvement des magistrats ; force est de constater que le mouvement social a su reprendre du poil de la bête après les catastrophes électorales. Face à la vague de contre-réformes du gouvernement, la résistance s’est organisée, au moins dans la rue. La stratégie commune des directions syndicales qui vise à négocier en s'appuyant sur ce potentiel ne doit pas nous faire perdre de vue que le gouvernement ne cherche qu'à temporiser, pour éviter un scénario de « tous ensemble » qui le ferait perdre, et à conserver des cartouches pour mieux continuer son offensive contre les acquis sociaux.

Après les présidentielles, nombreux sont ceux qui commençaient à se demander où a bien pu passer la gauche dans notre pays : où sont passés ceux qui ont voté « non » au référendum sur le traité constitutionnel ? Où sont ceux qui ont fait reculer le gouvernement sur le CPE ? Où sont tous ceux qui ont continué, pendant toutes ces années de droite au pouvoir, à résister à l’offensive ? Auraient-ils baissé les bras ? Et bien non, « le peuple de gauche » n’a pas disparu. Abasourdi par l’élection de Sarkozy, le voilà qui relève la tête et qui commence à se rebiffer. Malgré ce que veulent nous faire penser les médias, la grève fut bien suivie, soutenue par une majorité des salariés ; les cheminots, fer de lance du mouvement, sont loin d’être découragés, leur capacité de mobilisation reste forte. La partie contre le gouvernement est engagée, pour autant, elle est encore loin d’être gagnée.

Gagner contre ce gouvernement !

L’attaque principale concerne les régimes spéciaux. Il est prouvé que cette « réforme » ne résout en rien les problèmes financiers de la sécu. On parle alors de réforme « symbolique », au nom de l’équité entre les salariés. Comme si ce gouvernement se souciait d’équité, lui qui veut mettre en place des fichiers ADN pour les étrangers après avoir bloqué le Smic, baissé les retraites, augmenté les franchises sur les soins, lui qui veut augmenter la TVA, tout en baissant les seuls impôts redistributifs, (les impôts sur les revenus), tout en faisant des cadeaux fiscaux aux plus riches... Le mouvement social que nous traversons (car ce n'est pas fini) est d’une importance politique capitale : si nous gagnons, Sarkozy sera probablement bloqué dans son programme antisocial et libéral, comme a été bloqué Chirac après 1995. En cas de défaite... il sera de plus en plus difficile d’arrêter le rouleau compresseur libéral !

Un nouveau tous ensemble !

Le seul but visé est de susciter la colère des travailleurs les plus organisés, les cheminots et les fonctionnaires en général, et de les affronter sur des revendications catégorielles en accusant chaque catégorie sociale engagée, par médias interposés, de corporatisme. Ainsi, il compte empêcher une riposte unitaire des travailleurs (du type nov/déc. 95) qui pourraient, ensemble, battre ce gouvernement.

A nous de ne pas nous laisser prendre au piège. On sait qu’il sera difficile de faire reculer ce gouvernement. Ils le disent eux-mêmes : « on ne lâchera rien ». Ils veulent l’épreuve de force, à nous de répondre. Avancer vers un nouveau tous ensemble, construire une riposte de tout le salariat, ce sera la seule façon de les faire reculer. Plus que jamais, pour battre ce gouvernement, l’Unité est nécessaire. L’unité entre les salariés, tous ensemble dans la rue, avec nos revendications et contre ce gouvernement ; mais aussi l’unité politique, toute la gauche ensemble, tous les partis de gauche ensemble, pour faire front contre les attaques du gouvernement qui remettent en cause les droits élémentaires des salariés.

Ouvrir des perspectives politiques au mouvement social

On a assisté à quelque chose d’étonnant au début de ce mouvement. Les directions syndicales étaient en retrait par rapport aux salariés et aux étudiants. On a vu à quel point les cheminots sont remontés : en une journée de grève, le taux de participation est encore plus élevé qu’en 1995 ! Ce qui aurait dû encourager les directions syndicales à plus de fermeté envers le gouvernement. Mais au contraire, une partie des directions syndicales ne semblaient pas convaincues du bien fondé des revendications des salariés. « Il doit y avoir réforme des régimes spéciaux » entend-on ; autrement dit, nous sommes prêts a accepter la défaite sur ce point si nous avons des contreparties ; Sarkozy a laissé miroiter dans son intervention télévisée du 29 novembre, sans être très précis, d’éventuelles négociations salariales en y conditionnant les exonérations de cotisations sociales, mais refuse l'idée d'une augmentation générale des salaires. Peut être les directions syndicales ont-elles peur d’un échec sur le terrain social. Il est vrai qu’après une victoire sur le terrain électoral, une victoire de la droite sur le terrain social serait catastrophique pour le salariat, mais ce n’est pas une raison pour renoncer. Les seules batailles qu’on perd complètement, ce sont celles qu’on ne mène pas !

C’est ici que le Parti Socialiste a un rôle à jouer

A nous, socialistes, de nous montrer à la hauteur ! Le Parti Socialiste est le principal parti du salariat. A nous de représenter les intérêts politiques du salariat, surtout quand en face, la droite applique clairement le programme du patronat ! Nous devons être fermes sur le fond. C’est un recul social immense pour les cheminots de perdre leur droit (et non leur privilège) à la retraite à 50 ans. Leurs revendications sont justes et légitimes. Le PS se doit de reprendre les revendications des salariés. Il ne s’agit pas seulement de critiquer la méthode du gouvernement, mais bien le contenu de ces réformes. En refusant d’exiger, au nom du salariat mobilisé, l’abrogation des contre réformes gouvernementales, la direction

gouvernementales, la direction de notre parti se coupe un peu plus de sa base politique et électorale ; il refuse d’entrer dans une opposition frontale et politique à ce gouvernement, pendant un conflit social d’une telle importance, alors que les salariés qui ont fait grève attendent beaucoup de nous. Au contraire, le PS doit porter le combat contre le gouvernement, il doit être l’unificateur des mobilisations. Pour qu’enfin la droite perde politiquement, le PS doit être le porteur des revendications des salariés, le porteur de perspectives politiques. Ses dix propositions pour le pouvoir d'achat paraissent décalées tant les attentes du salariat sont immenses sur ce point.

David Torrès

«Qu’on ne vienne pas nous chanter des airs de berceuse : tout un peuple est désormais en marche, d’un pas assuré, vers un magnifique destin.

Dans l’atmosphère de victoire, de confiance et de discipline qui s’étend sur le pays, oui, tout est possible aux audacieux.

Tout est possible et notre Parti a ce privilège et cette responsabilité tout à la fois, d’être porté à la pointe du mouvement.

Qu’il marche! Qu’il entraîne ! Qu’il tranche ! Qu’il exécute ! Et aucun obstacle ne lui résistera !

CAR TOUT EST POSSIBLE, avec un tel Parti fidèle à son objet, à sa structure et à ses principes.»

Marceau Pivert,

Le Populaire,

27 mai 1936

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