GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Jeunes

Éditorial de Unité n° 9

La Synthèse du Mans est morte, et c'est tant mieux. Élaborée pour enterrer la hache de guerre entre les Iroquois du "oui" et les Cherokees du "non", la ruse de Sioux du Shaman Hollande ne nous a conduit qu'à la candidature de notre Calamity Jane qui nous a bien mené à l'ouest à défaut de véritable conquête.

Après avoir tenté d'imposer la position du démissionnaire en affirmant que le PS boycotterait le Congrès de Versailles du 4 février, nos premier secrétaire François Hollande et président de groupe à l'assemblée Jean-Marc Ayrault ont dû concéder que chacun ferait ce que bon lui semble le 4 février. Les nonistes ont montré les dents. Ainsi les députés et sénateurs socialistes iront voter "en conscience" "oui" ou "non" à la proposition de modification constitutionnelle permettant la ratification du traité de Lisbonne par le parlement. Rappelons que si une majorité aux 3/5e des parlementaires présents à ce congrès n'était pas atteinte, le président de la République se verrait contraint de soumettre ledit traité à référendum. Celui-ci étant peu ou prou un copier/coller du TCE rejeté le 29 mai 2005 par les français, il aurait été simplement démocratique de ne permettre qu'au peuple de défaire ce qu'il avait lui même fait. Mais le peuple a ses humeurs, et souvent vote mal. La direction du PS a donc décidé de renier les bonnes résolutions du congrès du Mans où les socialistes s'étaient positionnés sur l'exigence d'un référendum pour tout traité européen, et les engagements de la campagne présidentielle. La grande classe.

Les désaccords qui ressurgissent de manière brutale sur le devant de la scène à la faveur de la question européenne : souveraineté populaire, partage des richesses, orientation de l’économie… préparent le terrain à un congrès qui ne pourra éviter ces "vieilles" questions. Toute la gauche n’a pas les mêmes réponses, et en premier lieu tous les socialiste non plus. Aucune synthèse d’apparence ne parviendra plus à dissimuler ces désaccords. Il faut donc les trancher. Quel socialisme réinventer pour quel monde à construire ? La rénovation vendue aux militants n'est qu'un coup de ripolin sur une façade décrépite, c'est toute l'architecture de l'édifice que nous devons revoir.

La performance d'artiste du tradeur Jérome Kerviel fait éclater une vérité. 7 milliards d'euros qui s'échappent, pour un groupe bancaire, on s'en remet. On savait déjà où s'évaporait la plus value captée sur le travail, on a la confirmation que le capital en fait n'importe quoi. Les milliards qui manquent pour augmenter les salaires, financer les retraites ou nos universités, on sait qu'ils existent, qu'ils sont "vaporeux", ils seraient bien plus utiles socialement dans le système de solidarité nationale. 7 milliards, en hausses de salaires à la Société Générale ? Les salariés ont de quoi de faire la gueule. Le PS se fond dans l'unanimité générale, de gauche à droite on dénonce un "système devenue fou" qu'il faudrait "réguler" et rendre "transparent". Très français ça, on se paye de mots sur les aberrations les plus visibles du capitalisme, mais ces mots sont rarement suivis d'effets. C'est plus facile que d'avouer la réalité : l'État est à poil et les politiques désarmés. En regardant le président s'agiter sur cette question tout en dégringolant dans l'opinion, on ne peut que se rappeler Montaigne "Au plus élevé trône du monde, nous ne sommes assis que sur notre cul."

Si être socialiste, c'est souvent être réformiste, ne nous interdisons surtout pas d'être révolutionnaire. Le capitalisme n'est pas devenu fou, il est une folie humaine. Soyons raisonnables, et admettons que le capitalisme n'est pas "un horizon indépassable". La "parenthèse libérale" a été ouverte en 1983, il faut la refermer au plus vite.

Renaud Chenu

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