GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur Au Parti socialiste

Défense du parti socialiste ! Unité du parti socialiste ! Unité de toute lagauche !

Assez de division, Manuel Valls et Ségolène Royal : les voilà qui appellent à une manifestation devant Solferino quasiment, tout en se victimisant et en donnant des leçons de « code d'honneur » à ceux qui ne s'inclinent pas devant leur forcing. Ségolène Royal veut revoter et Valls prétend que c'est « la Floride ».

N'ont-ils pas, pour élargir artificiellement les voix de Ségolène Royal, les voix bloquées des Bouches du Rhône de Jean-Noël Guérini et de l'Hérault de Georges Frêche ? Comment osent-ils attaquer les voix du Nord, sans balayer devant leur propre porte au sud ?

Ségolène Royal ne propose t elle pas de réintégrer Georges Frêche pour assurer ses marges alors qu'elle demande de « revoter » une troisième fois appuyée par tous les médias aux ordres. Oui, il y a de la triche et c'est intolérable : en Hérault les observateurs envoyés par le bureau national ont été chassés des bureaux de vote par les partisans de Ségolène Royal ! Il faut stopper cette triche, oui, il faut bannir la fraude dans un parti démocratique, mais pourquoi choisissent-ils de le faire parce que c'est eux qui perdent de peu de voix ? Ils n'ont rien dit quand le « non » était battu le 1er décembre 2004 alors qu'il était manifestement majoritaire en interne, le vote des électeurs socialistes l'ayant confirmé en externe le 29 mai 2005 ?

Qui peut croire aux appels soudains à la transparence de ceux qui trichent eux-mêmes ? Assez de fausse morale, assez de pression médiatique extérieure, assez de division ! Assez de forcing pour s'emparer du PS par tous moyens, vendre son siége, balayer son programme social, l'ancrer au Blairisme et à Bayrou. Valls qui veut changer le nom du PS, est trois fois sur quatre en accord avec Sarkozy, il se déchaîne sur tous les écrans contre Martine Aubry ¬ sans oublier de dire au passage qu'il est pour qu'on travaille tous le dimanche.

Valls porte-parole de Ségolène Royal exprime par ses excès, l'impatience de casser le parti socialiste, d'empêcher que les idées de gauche qui ont progressé avec la motion C de Benoît Hamon n'y deviennent, sous la poussée du mouvement social, prochainement dominantes. Les enjeux sont très politiques ; orientation droitière vers la droite-Modem, ou orientation vers l'unité de toute la gauche. Contrairement aux présentations qu'en font la droite et les grands médias, ce n'est pas une bataille de personnes, c'est une des plus grandes batailles d'idées qu'ait connu ce parti dans la grande tradition socialiste. Même si ces idées s'expriment de façon déformée, elle sont là, éclatantes : un choix entre un cours à gauche, ou un cours droitier. D'où la lutte vivante au coude à coude, à rebondissement : une mue ne se fait pas sans souffrance.

La motion autour de Royal est contre les 35 h, contre la retraite à 60 ans, contre le contrôle des licenciements, contre la hausse du Smic à 1500 euros et, de façon générale, ils ne parlent jamais de hausse massive des salaires, de code du travail, ni de Sécu pour tous, ni de redistribution des richesses. On comprend pourquoi elle a les faveurs des grands médias aux ordres : ils nous ont déjà fait le coup pour la désignation de la candidate en 2006.

Le vote le plus important n'est pas celui sur les personnes, c'est celui sur les motions. À la lumière de ce qui se passe, il faut conserver le vote à la proportionnelle, et supprimer le vote majoritaire présidentialisé, personnalisé sur le premier secrétaire. Le premier secrétaire doit être désigné au sien des instances et les refléter. Ca ne peut pas être une question de personne puisque Ségolène Royal a elle aussi participé à toutes les directions, toutes les majorités, conseillère, ministre, membre du BN, depuis 1983, elle a cautionné, voté, mis en œuvre, elle est liée à tout ce qui s'est fait jusqu'à Dijon, Le Mans, Reims.

Il faut rendre sa noblesse au débat socialiste actuel : oui au débat pour savoir comment nous faisons face à la crise du capitalisme, non aux querelles pour ou contre unetelle ! Oui, au débat de motion, au choix d'orientation pour trancher s'il faut d'abord redistribuer les richesses pour relancer la croissance ou si pour relancer la croissance, il faut poursuivre la rigueur. Un vrai débat, le même, existe à propos du choix entre l'alliance avec la droite-modem ou l’alliance avec toute la gauche. 70 % du congrès a tranché pour une alliance de toute la gauche contre toute la droite, avec, en l'occurrence, Martine Aubry. Mais Manuel Valls et Ségolène Royal essaient de noyer cela comme si nous n'avions pas voté et tranché à 70 % des voix. Ce n'est pas une question de personne ce qui arrive, c'est une question politique de fond : s'orienter vers Bayrou, ou rassembler, reconstruire, raviver la gauche, c'est un vrai choix. Il faut rétablir l'unité du parti socialiste pour demain construire l'unité de toute la gauche ! Nous comprenons l'impatience de tous ceux qui veulent une issue alors que les grèves se développent, à Air France, à la SNCF, à La Poste, dans des centaines d'entreprises du privé pour l'emploi et les salaires.

Le monde de Sarkozy, ses amis banquiers et banqueroutiers, s'effondre, il trouve des centaines de milliards à leur donner, alors qu'en face des besoins des services publics, des hôpitaux, des écoles, des équipements collectifs dans nos banlieues, de hausse des salaires, il avait prétendu que « les caisses étaient vides ».

L'effroyable crise du capitalisme qui ne fait que commencer est l'aubaine pour les profiteurs, spéculateurs, les actionnaires, le CAC 40, les 500 premières familles qui continuent de pressurer les salaires, de supprimer les emplois, de millions et de millions de salariés qui produisent les richesses et n'en reçoivent pas la part qu'ils méritent ! La France d'en haut n'a jamais été aussi riche, florissante et la France d'en bas aussi maltraitée, spoliée, pillée. Le parti socialiste doit retrouver le ton de combat, de mobilisation, de participation aux luttes sociales, d'opposition au sarkozysme qu'il n'aurait jamais dû quitter. C'est ce que cherchent intuitivement les militants par-delà les questions de personne : à Reims ils applaudissaient tout ce que tous les orateurs des différentes motions disaient de plus gauche ! Ils faisaient une ovation à toutes celles et tous ceux qui proposaient l'unité. Il n'y a pas d'exclusive de personnes !

Ah que Ségolène Royal aurait pu faire l'affaire si elle ne provoquait pas le reste du parti et ne se proposait de le droitiser et de le casser. Ce n'est pas sa personne qui crispe, ce sont ses positions droitières à contre courant de la majorité de la gauche. Ah qu'elle aurait pu faire l'affaire si elle défendait un vrai programme social capable de gagner, si elle savait battre le « travailler plus pour gagner plus de Sarkozy », au lieu de le laisser sans réponse. De 2004 à 2008 nous avons gagné toutes les élections sauf la présidentielle ! Nous avons eu 20 régions sur 22 les 21 et 28 mars 2004 dans la foulée du grand mouvement de 2003 qui rejetait la loi Fillon contre les retraites ! Nous avons eu 30 % des voix en juin 2004 en défendant l'Europe des 35 h et du Smic européen. Nous avons gagné 2 villes sur 3 en mars 2008 et 61 départements sur 100 confirmant, en dépit de mai 2007, que la France était à gauche ! Pour gagner tous ces scrutins, nous n'avons pas eu besoin d'appoint de la droite Modem. Mais pour gagner une présidentielle, il faut tenir un vrai discours de rupture, de transformation sociale, avec des mesures sociales phares, ce que n'a pas fait et ce que ne veut pas faire Ségolène Royal. Tous les problèmes de fond viennent de là : or elle s'acharne alors qu'elle s'était prétendument « mise au frigidaire », à s'imposer en tant que « personne », jouant de démagogie, sans être capable de rassembler les 70 % de militants qui n'ont pas voté pour la motion de Gérard Collomb.

Gérard Filoche

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