Culture et associations attaquées en Pays de la Loire
La présidente de la région Pays de la Loire, Christelle Morançais, proche d’Édouard Philippe, vient d’annoncer mi-décembre son intention de diminuer le budget régional de 100 millions d’euros. C’est un coup terrible porté à la culture et à tout le monde associatif.
Cette mesure brutale, prise sans en avoir informé les autres collectivités locales, et en particulier la maire de Nantes, Johanna Rolland, place de nombreux secteurs de la vie sociale, économique, associative et culturelle devant des choix difficiles et sans précédents : arrêt de leurs activités et licenciements massifs.
Un écosystème en danger
Le Premier ministre ne demandait à cette collectivité que 40 millions d’euros d’économies. Christelle Morançais, en bonne ultra-libérale, joue les bonnes élèves dans l’espoir d’être dans un gouvernement si son ami Édouard Philippe devenait président de la République. Alors, elle fait du zèle, passant l’effort de 40 à 100 millions d’économies ! Avec, à la clef, la suppression de cent postes dans l’effectif de la Région.
Dans un territoire fortement touché par les licenciements et les fermetures d’entreprises (dont Michelin à Cholet), ce plan social à peine déguisé va impacter plusieurs dizaines d’associations ou de structures culturelles, de festivals, notamment parmi les plus fragiles. Il va mettre à l’arrêt de nombreuses compagnies de danse ou de théâtre et, bien sûr, comme le prévoient les syndicats, il va provoquer des centaines de licenciements.
Tout y passe !
Outre le secteur culturel, les associations intervenant dans le champ de la jeunesse, comme les missions locales, vont voir leur activité remise en cause. Christelle Morançais prévoit 3 millions de subventions en moins aux organismes d’accompagnement des jeunes vers l’emploi. Concrètement, c’est l’arrêt programmé de leurs activités et, là encore, des licenciements à venir. Les associations pour les droits de femmes voient elles aussi leurs subventions supprimées.
Chaque jour apporte son lot de perte de subventions : la Folle Journée de Nantes, 180 000 euros en moins ; les missions locales de Nantes, 478 000 euros supprimés ; le théâtre de Laval, 67 000 euros retirés ; la Maison Julien Gracq, fermeture annoncée en 2026 ; Solidarité femmes, moins 90 %, les sports en région, moins 74 %… La liste est longue. Elle semble même sans fin : festival Les Escales à Saint-Nazaire, festival Premiers Plan à Angers…
Si, dans les grandes villes, le choc sera moindre, en milieu rural, ce sont des centaines d’interventions qui vont être purement et simplement supprimées. C’est 66 % du budget de la culture qui est amputé, un budget qui va passer de 33 à 12,8 millions d’euros. De ce que l’on sait.
La sidération passée
Le 25 novembre, nous étions plus de 3 000 aux portes de l’hôtel de Région, à l’appel de tous les syndicats de salariés et d’employeurs du secteur culturel . La GDS, avec Ensemble!, L’Après, Génération.s et Gagner en Loire-Atlantique (soutiens locaux de François Ruffin), appelaient au rassemblement. Face à la pression populaire, la réponse de la présidente ne tarda pas : elle fit prestement encercler l’hôtel de Région par les CRS !
À côté d’une mobilisation grandissante dans tous les départements, 1 000 artistes viennent de lancer une pétition (lien ci-dessous). En une semaine, elle a recueilli plus de 80 000 signatures ! De nombreuses villes prennent position, appelant au retrait des mesures annoncées. De nombreux et nombreuses élu.es se mobilisent, conscient.es des conséquences pour leur collectivité. Pour faire reculer la droite, applaudie ici par le RN, la mobilisation doit s’amplifier. Car si de telles mesures voyaient le jour, elles pourraient faire boule de neige, inspirant ainsi la droite nationale.
Au-delà d’une attaque brutale, idéologique contre des artistes qualifiés de « gauchistes », ne vivant « que des subventions publiques », c’est bien l’économie locale qui va être touchée. Un rapport de l’ex-ministre de la Culture, Françoise Nyssen, avait souligné que pour un euro versé à la culture, ce sont six euros qui reviennent à l’économie de nos territoires.
Mobilisation les 19 et 20 décembre
Au côté des acteurs culturels, associatifs, sportifs, au côté des syndicats unis et des partis de gauche, nous serons présent.es, déterminé.es. L’enjeu dépasse notre Région. La réponse doit être nationale, unitaire pour faire reculer une droite prête à tout pour détruire ce qui fait la force de nos territoires : la solidarité, la culture, partout, pour toutes et tous et ouverte à toutes les esthétiques.
Cet article de notre ami Alain Gralepois, (ancien vice-président du Conseil régional en charge de la culture et des sports) est à retrouver dans le N°320 de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).
Pour signer la pétition des artistes et des professionnel.les de la culture dues Pays de la Loire :