Convention climat : un bilan en demi-teinte
Le réchauffement de la planète et le dérèglement climatique menacent la survie de l’humanité à moyen terme. C’est donc rapidement qu’il faut agir pour les stopper.
Alerte : danger mortel
Les températures supérieures à 50°C à l’ombre risquent de devenir fréquentes. Elles peuvent être supportables dans une atmosphère sèche. Mais aucun être humain ne peut survivre à une telle température dans un air saturé en humidité qui interdit toute évaporation de la sueur, qui empêche donc le rafraichissement de la boîte crânienne. La canicule saturée en humidité est mortelle.
Si nous ne rattrapons pas le retard pris à l’échelle mondiale pour enrayer cette pandémie, beaucoup de régions du globe deviendront inhabitables. Ce sera le cas de la Chine du nord à cause de la chaleur que peut accumuler un climat continental. Ce sera le cas du Bangladesh à cause de la montée des eaux (actuellement 3 mm par an). Celle-ci provient de la fonte de la banquise, notamment de l’Antarctique et du Groenland, et de la dilatation des eaux qui suit l’élévation de leur température au dessus de 4°C.
Nous ne sommes seulement pas devant le choix habituel d’une politique économique pour faire face à la crise économique, sociale et environnementale, pour en finir avec le chômage de masse et la misère…Non ! l’enjeu est sans appel : nous sommes confrontés au choix entre la vie et la mort.
La vie peut l’emporter
La crise sanitaire du coronavirus montre les conséquences de la faiblesse des services publics ou, pire, les conséquences de leur destruction. Leur démantèlement ou le refus de les construire ou de les reconstruire sont imposés au nom de la réduction des budgets publics qui est exigée par la volonté politique de baisser les impôts des plus riches. La mort semble l’emporter, mais les services publics feront la différence.
Est éloquente la comparaison entre les pays européens, y compris la France, condamnés à confiner la population, et la Corée du sud, où le service de Santé publique était surdoté en moyens performants bénéficiant de la technologie la plus avancée car issue d’une industrialisation très récente. La Corée du sud a franchi l’obstacle du coronavirus très rapidement, sans confinement généralisé et sans interruption de l’activité économique malgré sa proximité avec l’épicentre de la première épidémie. De même, on peut surmonter l’obstacle pour la vie qu’est le réchauffement climatique. Tout dépend des mesures politiques qui sont prises.
Consensus sur beaucoup de mesures techniques
La Convention a produit plus de 60 mesures et un nombre impressionnant de recommandations, ce qui montre le sérieux de son travail.
Elle a étudié la réparation, le recyclage et le traitement des résidus ; le développement de l’innovation ; la réduction du temps de travail individuel ; la pratique du suremballage ; l’usage des pastiques ; l’éducation à l’environnement et à l’alimentation ; la préférence pour les circuits courts ; l’isolation des bâtiments ; la limitation de l’étalement urbain et de l’artificialisation des sols ; le développement de l’agriculture paysanne et écologique ; la défense de la biodiversité face aux écocides ; les déplacements et les transports ; les moteurs électriques et les moteurs thermiques ; la production d’énergie.
L’augmentation de la taxation du carbone n’est pas préconisée
C’est une défaite pour Emmanuel Macron dans un enjeu essentiel. La Convention citoyenne pour le climat ne légitime pas le doublement de la contribution « climat -énergie » que le président de la République voulait obtenir. Il y a un an et demi, il avait dû la reporter face à la mobilisation des Gilets jaunes.
De la part d’une assemblée élue, il aurait probablement obtenu satisfaction. De la part d’une assemblée tirée au sort, il avait beaucoup moins de chances de réussir. En effet, aux exigences que lui impose son identité politique initiale, une personne élue ajoute les exigences que lui crée le désir d’être réélu. Ce désir développe le conformisme, l’opportunisme et fait oublier à la personne élue les exigences de son identité politique initiale.
Seule la taxe carbone aux frontières de l’Union européenne est étudiée, mais il s’agit là d’une mesure de protectionnisme économique et non d’une mesure de réduction des émissions de GES. Les traités inter-étatiques qui développent le libre-échange, comme le CETA, sont mis en cause.
Une modification de la Constitution est en débat pour donner plus d’importance aux questions d’environnement.
Il manque une réglementation pour plafonner les émissions de GES.
Pierre Ruscassie, membre de la Convention citoyenne pour le climat.