« Ce qui sortira de cette convention, je m'y engage, sera soumis sans filtre soit au vote du Parlement, soit à référendum, soit à application réglementaire directe. » Les propos sont issus d’une conférence de presse et signés Emmanuel Macron.

Nous sommes en 2019. Le mouvement des Gilets jaunes dure depuis novembre 2018. Parmi leurs revendications, le référendum d’initiative citoyenne (RIC), une manière de demander la parole, d’affirmer la place des gens dans la prise de décision. La réponse du président Macron : une convention composée de 150 citoyennes et citoyens tirés au sort. Et cette promesse : « Ce qui sortira de cette convention, je m'y engage, sera soumis sans filtre soit au vote du Parlement, soit à référendum, soit à application réglementaire directe. » Nous sommes en mars 2021. Absolument rien ne reste de cette promesse.

L’aboutissement de la Convention citoyenne pour le Climat (CCC), c’est un projet de loi censé lutté contre le dérèglement climatique et renforcer la résilience de la société française face à ses effets. La Convention citoyenne, ce sont 149 propositions. Le projet de loi, ce sont 46 de ces propositions reprises partiellement. Et seulement dix propositions reprises « sans filtre ». Les 46 propositions reprises partiellement ont été tout bonnement dénaturées. C’est simple : on allonge des délais de mise en place, on réduit le périmètre d’un dispositif ou on tronque carrément la mesure portée par la Convention citoyenne.

Un exemple, s’il en faut, de la faiblesse du gouvernement face aux puissances industrielles et, son corollaire, de la trahison des personnes engagées dans la Convention citoyenne : la régulation de la publicité. La convention portait l’idée d’une régulation de la publicité pour « limiter fortement les incitations à la consommation ». Bref, l’idée sous-jacente est celle de la remise en cause de la consommation de masse. Donc du capitalisme. Et le gouvernement ne s’y est pas trompé. Ainsi, il reprend timidement une expérimentation (sic !) sur la base… du volontariat de chacune et chacun : un autocollant « Oui pub » à apposer sur nos boîtes aux lettres. Et il interdit courageusement le recours… aux avions publicitaires !

Le capitalisme et la destruction écologique ont de beaux jours devant eux… Et les personnes sincères qui avaient cru aux promesses du très écolo président Emmanuel Macron restent quantité négligeable dans la stratégie du très libéral candidat Macron Emmanuel.

Cet article de notre camarade Marlène Collineau a été publié dans le dossier ("le déni élevé au rang de politique") du numéro de mars de Démocratie&Socialisme, la revue mensuelle de la Gauche démocratique et sociale (GDS).