Nous savions qu’elle serait longue à advenir, mais nous espérions qu’un quinquennat du thatchérien Macron, en raison des résistances sociales qu’il ne manquerait – et qu’il n’a pas manqué !– de susciter, suffirait à cette besogne. Il n’en est rien. La recomposition tant attendue de notre camp n’a pas eu lieu et nous payons aujourd’hui, collectivement, les frais de cette incurie. Mais, paradoxalement, malgré la défaite, la recomposition de la gauche semble aujourd’hui davantage à l’ordre du jour qu’il y a cinq ans.

Les résultats du premier tour peuvent permettre de structurer une alternative à vocation majoritaire. Les idées fourmillent et peuvent paraître contradictoires. Faut-il, comme Jaurès l’a fait au début du XX^e siècle, appeler à un nouveau congrès du Globe unifiant toute la gauche du XXI^e siècle dans sa pluralité ? Faut-il structurer d’abord le bloc de l’Union populaire pour prendre des initiatives ensuite ? Si oui comment ?

Faut-il au contraire commencer par des recompositions partielles pour commencer à mettre fin à la dispersion en une multitude de groupes de la gauche et de l’écologie. Et si tout cela pouvait se combiner …

Pour un nouveau congrès du Globe

La constitution de la Gauche démocratique et sociale (GDS) n’a jamais été une fin en soi lors de sa fondation en 2018. Nous sommes prêts à acter notre propre dépassement. Nous sommes favorables à un grand parti de la gauche écologiste et sociale respectant le pluralisme en son sein et la démocratie. C’est le sens que nous donnons à l’idée d’un nouveau congrès du Globe en nous référant à Jaurès.

Bien entendu, la question du programme d’un tel parti est centrale. Celui-ci doit répondre aux questions de notre temps. La crise écologique et d’abord la crise climatique avec des obligations dans les trois prochaines années. La crise sociale avec des mesures immédiates pour vivre dignement, et non seulement survivre. Dans les deux cas cela impose une autre répartition des richesses. Enfin, nous voulons une société démocratique dans laquelle chaque citoyen puisse se retrouver. C’est là tout le sens d’une VI^e République parlementaire, laïque, participative et féministe, pour sortir de l’actuelle V^e  République qui violente le corps social à coups de 49-3 et de fonctionnement bonapartiste…

Scénario plausible

Mais une telle recomposition « grand angle » n’est certainement pas atteignable immédiatement. Pourquoi, dès lors, ne pas imaginer des étapes ?

Une première étape pourrait consister à organiser un évènement regroupant toutes celles et tous ceux qui ont appelé à voter Mélenchon. C’est au parlement de l’Union populaire de prendre cette initiative.

Mais cette première étape n’interdit pas des regroupements intermédiaires, des recompositions partielles. Rien ne serait pire que le statu quo entre le maintien d’un pôle écologiste et d’un pôle « populaire », sous le regard impuissant d’un PS et d’un PCF atrophiés.

Ce qui peut aider à la recomposition ou à la refondation de la gauche, c’est que des forces citoyennes, des forces politiques éclatées se regroupent pour fonder un premier étage de la construction d’une alternative majoritaire.

Au travail !

Génération.s, issue de la décomposition du PS consécutive au quinquennat Hollande et à la présidentielle de 2017, est divisé entre le souhait d’une maison commune de la gauche et l’intégration totale au pôle écologiste (EELV). Ensemble! est divisé entre une partie intégrée de fait à l’Union populaire et le reste. Nouvelle Donne et d’autres petites formations plafonnent. Si ces petites forces se regroupaient, elles pourraient contribuer utilement à l’avenir.

N’opposons pas les diverses étapes. Conjuguons les diverses initiatives avec en ligne de mire un seul objectif : que, le plus rapidement possible, une alternative majoritaire existe qui constitue le débouché politique des mobilisations sociales, démocratiques et écologistes à venir. Ouvrons dès maintenant la discussion !

Cet article écrit le 11 avril par notre camarade Jean-Claude Branchereau est à retrouver dans le numéro 294 de démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).