GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

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Construction, Fonction publique, transports : montée des luttes en Suisse !

Incroyable, mais vrai ! On assiste actuellement à une véritable montée des luttes sociales en Suisse. Comme toujours, le secteur de la construction est à la pointe des mobilisations, mais la Fonction publique et les transports (canton de Genève et pilotes de Swiss) ne sont pas en reste. Tout cela sur fond de provocations patronales et de volonté de maintenir le pouvoir d’achat.

Le mythe suisse de la « paix du travail » est ainsi en train d’en prendre un coup. Historiquement, cette expression fait allusion à la signature, en 1937, des conventions collectives de travail (CCT) de l’horlogerie et de l’industrie des machines, dans lesquelles avait été introduite l’interdiction de faire grève durant toute la durée de la CCT. Cette réglementation sera ensuite étendue à pratiquement toutes les autres branches économiques, et fait plus généralement allusion au climat de paix sociale qui règne en Suisse.

Jusqu’à 58 heures par semaine !

Ces dernières semaines, des journées de protestation rassemblant plusieurs milliers de maçons ont eu lieu dans plusieurs cantons. La colère des gars du bâtiment découle essentiellement de la volonté patronale d’augmenter encore la flexibilisation du temps de travail. Alors que la durée normale du travail est de 40,5 heures par semaine, les entreprises peuvent déjà choisir entre 37,5 et 45 heures de travail par semaine, et souhaitent une plus grande concentration du travail en été, avec des semaines de… 58 heures ! Responsable du secteur à Unia*, Nico Lutz attire l’attention sur les risques qui pèsent sur la santé des travailleurs, alors que les canicules se multiplient.

Le climat s’est encore tendu depuis que la Société suisse des entrepreneurs (SSE) a porté plainte contre les branches genevoises d’Unia et de deux autres syndicats, coupables selon elle d’entraîner tout le pays dans la pagaille Les maçons exigent par ailleurs que le parcours jusqu’aux chantiers soit inclus dans le temps de travail. Si aucun accord ne devait être trouvé, une grève générale dans toute la maçonnerie suisse ne saurait être exclue d’ici à la fin de l’année.

Beaux succès dans les transports

Dans plusieurs villes et cantons, les fonctionnaires et les enseignants sont aussi mobilisés contre des mesures d’austérité et pour le maintien de leur pouvoir d’achat, mais sans beaucoup de résultats jusqu’ici. En revanche, deux beaux succès ont été engrangés dans le domaine des transports :

-Après un jour et demi de grève suivie par 500 conducteurs de bus et de trams, un accord a été trouvé entre les grévistes des Transports publics du canton de Genève (TPG) et leur direction, accord qui permet l’indexation intégrale du renchérissement et qui a été qualifié d’historique par le Syndicat du personnel des transports (SEV).

-Après une menace de grève, les pilotes en colère et la compagnie aérienne Swiss sont parvenus à un accord lors de négociations de la dernière chance. Les deux parties ont conclu une nouvelle CCT, avec à la clé une augmentation salariale et une meilleure planification des vols.

Pour reprendre une expression française, on ne saurait encore parler de « convergence des luttes » en Suisse. Il n’empêche qu’au pays des montres, du chocolat et du secret bancaire, les travailleurs se mettent aussi en mouvement !

* Unia, affilié à l’Union syndicale suisse (USS), est le syndicat mjajoritaire des salariés des secteurs de l’industrie, des arts et métiers, de la construction et des services privés. Il revendique près de 180 00  membres.

Cet article de notre camarade Jean-Claude Rennwald a été publié dans le numéro 300 (décembre 2022) de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS). Jean-Claude Rennwald est ancien député (PS) au Conseil national suisse, militant socialiste et syndical

Heurs et malheurs de l’horlogerie

Avec 2,2 milliards d’exportations en septembre, l’un des meilleurs résultats de l’histoire, l’horlogerie suisse se porte bien. Combinée à la bonne organisation de cette branche du syndicat Unia, cette donnée explique l’excellent résultat obtenu dans le cadre des récentes négociations salariales. À partir du 1er janvier prochain, les salaires seront augmentés de 3,5 % en moyenne (soit 191 francs par mois) pour les 50 000 personnes travaillant dans les entreprises horlogères signataires de la CCT. Mieux encore, grâce à un système ingénieux de compensation du renchérissement, l’augmentation oscillera entre 3,6 et 6,1 % pour les plus bas salaires, soit pour les travailleurs non qualifiés.

Cette bonne nouvelle contraste singulièrement avec l’attitude du Swatch Group, géant suisse et mondial de l’horlogerie, qui vient d’être condamné à deux reprises pour des procédures de licenciements non conformes. Dans un premier cas, la manufacture Breguet, fleuron haut de gamme du Swatch Group, a été condamnée au paiement de cinq mois de salaire à un ex-collaborateur. L’homme, un Camerounais, avait été victime d’attaques racistes répétées de la part d’un autre salarié, sans que l’entreprise ne lève le petit doigt. Dans le second cas, Swatch Group a été condamné par le Tribunal des prud’hommes pour avoir licencié deux jeunes mamans, juste après leur congé maternité. L’entreprise a dû verser entre trois et quatre mois de salaire en guise d’indemnités pour licenciements « discriminatoires ».

 

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