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Congés payés : Macron une nouvelle fois plus à droite que Bruxelles !

Il y a six mois, la Cour de Cassation a invité expressément la France à accepter que les salariés malades acquièrent des congés payés durant leurs arrêts. Macron a fini par faire appliquer le droit européen en la matière, mais il a veillé à faire passer à l’Assemblée, le 18 mars, un amendement limitant cette mesure.

La bataille aura été longue ! Vingt ans pour que la France finisse, contrainte et forcée, par intégrer un apport positif de l’Union européenne ! Et le plus beau, c’est que cela se passe sous la présidence de Macron. Une telle victoire mérite d’être soulignée, parce qu’ils sont rares les accords positifs pour les salariés français venus de Bruxelles ! Décidément, dès qu’il s’agit de social, la France de Macron, c’est bien pire que l’ UE « libérale ». Raison de plus pour voter à gauche, le 9 juin, malgré la division funeste, pour l’affaiblir et s’opposer à l’extrême droite, elle aussi anti-sociale par nature.

Mesquinerie anti-sociale

Le fait est qu’en Europe, quand vous êtes malades, vous n’êtes pas sanctionnés par la perte de vos congés payés. En France, si ! La maladie suspend le contrat de travail et ne génère pas de congés. Il fallait donc aligner la France sur la directive européenne maintes fois confirmée depuis 1999 (en 2004, 2008 et 2020). La Cour de Cassation française, le 14 septembre 2023, avait rendu quatre jugements en faveur des salariés : rentrant d’arrêt maladie, ils avaient droit à leurs congés.

Le Medef s’y est opposé de toutes ses forces : il s’agissait pour lui de milliards d’euros supplémentaires à débourser ! Mais rien n’y a fait, même pas une question prioritaire de constitutionnalité : saisi d’une QPC, le 7 février dernier, le Conseil constitutionnel s’en est en effet lavé les mains.

Macron n’aime l’Europe que quand elle est libérale et qu’elle l’arrange. Mais là, avec Catherine Vautrin, sa nouvelle ministre du Travail, il a dû céder ! Alors, en haut, ils ont fait une ultime, une impensable pirouette : ils ont décidé que les congés payés obtenus par les salariés malades, ça ne s’appliquerait que pour quatre semaines, sous prétexte que c’était la durée de référence en Europe, et non pas pour les cinq semaines hexagonales.

L’ami d’Uber et du patronat

Il n’y a pas d’amour, seulement des preuves d’amour. Et il n’y a pas de petites économies, quand Macron entend manifester son amour débordant pour les patrons : il a concédé les quatre semaines obligatoires, mais il est donc allé jusqu’à enlever la cinquième semaine de congés payés aux malades. Il avait annoncé la « simplification » en toute chose, et au premier chef en droit du travail, et le voilà qui complique singulièrement les logiciels de paie !

Ce n’est pas de veine pour lui, en ce moment, à Bruxelles, car finalement son droit de veto exercé par la France seule contre la présomption de salariat et pour le système d’exploitation sans droit ni loi UBER a aussi échoué ! Après le Parlement et la Commission, le Conseil de l’Europe s’est opposé à Uber et 40 millions de travailleurs des plateformes, dont 4 millions en France, vont pouvoir devenir salariés, ce qui va être confirmé définitivement par le Parlement en avril 2024.

Restera à passer à l’application ! Avec Macron, l’acharné libertarien, l’ami et principal lobbyiste d’Uber sur le continent, rien n’est jamais acquis.

Cet article de notre camarade Gérard Filoche a été publié dans le n°314 (avril 24) de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

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