GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

International – Europe

Rapport sur la situation politique internationale (convention GDS)

Nous reproduisons ici le rapport sur la situation politique internationale fait par notre camarade Michel Cahen sur la situation politique internationale, présenté lors de la Convention nationale de la Gauche démocratique et sociale de Romainville, les 23 et 24 mars 2024.

La situation politique internationale dans la crise multidimensionnelle du capitalisme

« Nous soutenons l’Ukraine parce que nous soutenons la Palestine. Nous soutenons la Palestine parce nous soutenons l’Ukraine ». Cette formulation, qui résume l’orientation de la Gauche démocratique et sociale, pourrait relever du simple bon sens. En fait, elle interpelle les divers courants de gauche, en France comme ailleurs, dont l’anti-impérialisme est trop souvent à géométrie variable. Elle interpelle aussi le gouvernement ukrainien de Volodymyr Zelenski qui a publiquement exprimé sa solidarité à Israël, même avant l’attaque du Hamas du 7 octobre dernier.

Pour nous, à la GDS, c’est cohérent : nous soutenons les luttes de libération nationale, nous luttons contre l’impérialisme et contre le colonialisme.

Partout, des bruits de bottes

Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Nous ne sommes pas, ou en tout cas nous ne sommes pas encore, en 1913-1914 avec des rivalités inter-impérialistes à la veille imminente d’une guerre mondiale entre deux camps dont aucun n’est celui des travailleurs. Nous ne nions pas du tout l’aspect inter-impérialiste de la guerre en Ukraine – ce n’est pas par philanthropie que l’OTAN et l’UE aident un peu l’Ukraine –, mais l’agression russe contre une nation souveraine dont elle nie jusqu’à l’existence a provoqué une lutte armée de libération nationale, de la même manière que l’occupation nazie en France avait provoqué la Résistance en défense de la démocratie mais aussi de la nation. L’aspect « résistance nationale » se surimpose aux rivalités inter-impérialistes. Nous ne soutenons pas le gouvernement néolibéral de Zelenski, nous soutenons la résistance nationale, le mouvement syndical et les mouvements ukrainiens de gauche.

De ce point de vue, la situation palestinienne est différente de la situation ukrainienne. En Palestine, nous sommes pour le cessez-le-feu immédiat car la résistance palestinienne a besoin de ce cessez-le-feu. Relativement à l’Ukraine, le pacifisme ne correspond pas aux besoins : la diplomatie ne reprendra ses droits que lorsque l’armée russe aura subi des revers majeurs et obligera Poutine ou son successeur à négocier. Oui, nous exigeons de nos pays impérialistes qu’ils envoient les armes les plus modernes et puissantes à l’Ukraine, car c’est le seul moyen de donner une chance à la paix. Nous demandons à la fois que la France démantèle ses bases militaires en Afrique (Sénégal, Tchad, Côte d’Ivoire, Djibouti) et qu’elle livre plus d’armes modernes, y compris offensives, à l’Ukraine. Ainsi, cela n’imposera pas nécessairement la hausse du budget militaire. Et par ailleurs, il ne s’agit pas de cobelligérance : quand l’URSS soutenait le Vietnam agressé par les États-Unis, jamais elle n’a été considérée comme co-belligérante.

Il n’y aucun doute que, mondialement, nous nous rapprochons d’une situation « à la 1913 ». La Première Guerre mondiale avait aussi été précédée d’une série de guerres locales coloniales et autres occupations (Maroc, Abyssinie, Dodécanèse, Chine du Nord, conquêtes coloniales russes en Asie centrale). Est particulièrement inquiétante la situation présente dans l’Indo-Pacifique, avec le réarmement massif, d’une part de la Chine et de la Corée du Nord, et d’autre part de la Corée du Sud, du Japon, de Taïwan, des Philippines, de l’Indonésie, de l’Australie et de l’Inde. L’exemple de l’Inde de Narendra Modi, ce dirigeant extrémiste néolibéral hindouiste islamophobe, que Macron a convié comme invité d’honneur à assister au défilé du 14 juillet, montre bien qu’il ne s’agit pas (en tout cas pas simplement) d’une rivalité entre « démocratie » et « totalitarisme », même si la défense des droits démocratiques fait partie de notre ADN. D’ailleurs, dans la question de Taïwan, nous n’avons pas à décider si cette population insulaire fait partie ou non de la nation chinoise, mais il suffit de constater que les Taïwanais tiennent à la démocratisation opérée progressivement depuis trente ans, et que la répression des libertés démocratiques par le pouvoir central chinois à Hongkong leur montre qu’ils ne peuvent pas décider volontairement la réunification. C’est donc bien le régime de Pékin qui interdit cette dernière.

Sommes-nous en 1913 ?

La montée des tensions inter-impérialistes et le nouvel ordre géopolitique mondial sont évidemment en lien avec l’étape actuelle du système-monde capitaliste, même s’il n’y a jamais de rapports directs de cause à effet entre les sphères économique et politique. On peut le dire aussi autrement : la multiplication des guerres et l’aggravation des tensions, entre et au sein des États, ne sont qu’un des signes de la nouvelle période historique de convergences des crises qui a débuté avec celle de 20081. La crise du capitalisme a pris une nouvelle ampleur depuis la crise économique de 2008 et la récession qui l’a suivie, et surtout avec la pandémie de Covid. La crise du capitalisme est clairement devenue multi-dimensionnelle. Il y a une convergence, une articulation entre la crise environnementale – qui produit des phénomènes climatiques de plus en plus extrêmes –, la phase de stagnation économique durable, l’intensification de la lutte pour l’hégémonie dans le système interétatique entre les États-Unis et la Chine, les avancées de l’autoritarisme et du néofascisme, la multiplication des guerres dans le monde (Palestine, Ukraine, Soudan, Éthiopie, Congo, Myanmar). Cette articulation montre que nous sommes entrés dans un nouveau moment de l’histoire du capitalisme qualitativement différent de celui que nous avons vécu depuis la mise en place de la mondialisation néolibérale à la fin des années 1980, et beaucoup plus conflictuelle du point de vue de la lutte des classes que celle qui s’était ouverte avec l’effondrement de l’URSS2.

La toile de fond et le point de rencontre de toutes les facettes de cette crise multidimensionnelle est la crise écologique causée par deux siècles d’accumulation capitaliste prédatrice. L’économie mondialisée basée sur la combustion d’énergies fossiles et la consommation croissante de viandes et d’aliments ultra-transformés, produit rapidement un climat qui réduira l’espace géographique dans lequel l’humanité peut vivre. L’agro-industrie, l’exploitation minière et l’extraction d’hydrocarbures continuent à progresser – pour ces derniers, que ce soit en Russie, en Alaska, en Guyana (Exxon Mobil), au Mozambique et en Ouganda (Total), ce qui est intolérable.

Cette situation a-t-elle des précédents, par exemple ce que l’historien britannique Eric Hobsbawm avait dénommé « l’âge des catastrophes » (1914-1946) ? Il y a deux grandes différences avec la situation actuelle. La première est que nous sommes face à la crise écologique : le système a créé les conditions d’une complète transformation régressive de la vie de l’humanité ; la deuxième est l’absence d’une alternative au capitalisme qui soit crédible aux yeux des masses, l’absence d’un ensemble de forces anticapitalistes dirigeant des révolutions économiques et sociales.

Ce n’est pas qu’il n’y ait pas des luttes et des résistances. Mais elles ont été confrontées, d’un point de vue objectif, non seulement au capitalisme néolibéral et à ses gouvernements, mais aussi aux dilemmes de la réorganisation structurelle du monde du travail – la classe ouvrière industrielle a perdu de son poids dans une grande partie de l’Occident, les nouveaux précaires ont en général des difficultés à s’organiser de manière permanente.

À cela s’ajoute l’extrême fragmentation de la gauche socialiste : alors, les luttes sont plus difficiles et les résultats en termes de conscientisation et d’organisation politique sont plus rares. Naturellement, il faudrait nuancer et il y a des contre-exemples : la défaite de Bolsonaro au Brésil, la victoire de la gauche au Chili et en Colombie, la progression de la lutte armée au Myanmar. Mais la tendance générale est celle-là.

Convergence des crises

On est donc, il faut le répéter, en situation de convergence des crises, ou d’une crise capitaliste multidimensionnelle. Il ne s’agit pas d’une simple somme de crises, mais d’une combinaison dialectiquement articulée, dans laquelle chaque sphère a un impact sur l’autre et est impactée par les autres. Les pays capitalistes centraux (y compris à l’Est), s’ils ne sont pas suicidaires, font face au défi très difficile de mettre en œuvre une transition énergétique qui minimiserait les effets du changement climatique au moment-même où la baisse tendancielle du taux de profit s’aggrave3. Le contexte de la guerre en Ukraine dans la stagnation économique a rendu plus critique encore la situation alimentaire des personnes les plus pauvres dans le monde (plus de 250 millions de personnes supplémentaires souffrant de la faim en dix ans entre 2014 et 2023). Le flux des personnes déplacées augmente, mais il est important de souligner que 80 % de ces déplacements sont « sud-sud » et non point « sud-nord », contrairement à ce que laissent croire les grands médias et les populistes de droite.

Face aux perspectives désastreuses environnementales et économiques, des fractions bourgeoises croissantes se détachent du projet des démocraties formelles comme meilleur moyen d’appliquer les préceptes néolibéraux et adoptent des alternatives autoritaires (Trump, Modi, Bolsonaro, Orban, Aliyev…). Il s’agit de prendre des mesures pour faire payer aux peuples le coût de la transition énergétique – si tant est qu’elle est vraiment organisée. Une conséquence de ce tournant est aussi de jeter les femmes dans le dilemme de survivre mal ou de se battre. En effet, le système s’attaque brutalement aux services sociaux qu’il avait créés dans le passé, les détruit ou les cède au secteur privé. Le néolibéralisme maintient les femmes dans le cadre de la main-d’œuvre formelle dans le Nord et dans des formes moins structurées et plus informelles dans le Sud.

Dans le cadre de la révolution scientifique et technique en cours, les dispositifs numériques et algorithmiques permettent au capitalisme d’exploiter de nouvelles forces productives (plateformes numériques), de nouveaux types de relations sociales (ubérisation) et la marchandisation de diverses relations sociales. Dans le même temps, le centre de gravité de l’accumulation mondiale de capital s’est déplacé au XXIe siècle de l’Atlantique Nord (Europe, Est des États-Unis) vers le Pacifique (Ouest des États-Unis, Asie de l’Est et du Sud-Est). Ce n’est pas seulement la Chine qui est décisive, mais toute la région, du Japon et de la Corée à l’Australie et à l’Inde.

Dans ce contexte favorisant tendanciellement les solutions autoritaires, les mouvements et partis d’extrême droite se sont renforcés dans le cadre du système, même s’ils se présentent comme anti-système. Très souvent, ils sont liés à, ou soutenus par des organisations religieuses, néo-pentecôtistes aux Amériques Nord, Sud et au Portugal, hindouistes en Inde, intégristes en Israël4. La montée de cette constellation de néo- ou de post-fascistes est principalement le résultat d’au moins deux décennies de crise des démocraties néolibérales. Ces régimes sont responsables de l’accroissement des inégalités et de la paupérisation. La racine profonde de la nouvelle extrême droite est donc le désespoir des secteurs sociaux appauvris face à l’aggravation de la crise, dans un contexte d’absence d’une gauche combative et de masse. Quant aux nostalgiques du stalinisme ou à certains théoriciens « décoloniaux »5 qui défendent Poutine, le modèle chinois, Maduro (Venezuela) et Ortega (Nicaragua) comme alternatives sous prétexte qu’ils s’opposent au système « occidental », ils collaborent à l’affaiblissement des libertés et créent des obstacles supplémentaires aux luttes pour une démocratie réelle.

Ainsi, l’économie néolibérale, en contexte de croissance dérisoire depuis 2008, lutte contre sa propre crise par une fuite en avant, à travers la concentration continue du capital, la financiarisation, l’endettement, la numérisation et, contre les coûts de la transition écologique, par une relance du nucléaire non moins coûteuse.

L’ordre géopolitique en reconfiguration

Un peu différente de la crise du capitalisme en tant que tel, il se produit aussi une crise du « système impérial », c’est-à-dire un affaiblissement de la puissance hégémonique traditionnelle et de la montée de nouveaux impérialismes, chinois et russe principalement, et de sous-impérialismes régionaux (Brésil). En tout cas, l’unipolarité du bloc sous hégémonie américaine n’existe plus – c’est aussi de cette manière que l’on peut expliquer les rodomontades de Macron sur l’envoi de soldats au sol en Ukraine. Le bloc chinois en expansion offensive inclut la Russie, la Corée du Nord, plusieurs républiques d’Asie centrale et s’allie aux émirats du Moyen-Orient (Arabie saoudite, Qatar, Bahreïn), ainsi qu’à l’Iran. Ce bloc tente d’instrumentaliser les BRICS6, élargis en janvier 2024 à l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran, l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis – tous pays conservateurs et autoritaires –, en une alliance contre, ou du moins pour contrebalancer, les impérialismes occidentaux. C’est aussi pourquoi Lula, président du Brésil, surfant sur l’anti-américanisme traditionnel de la gauche latino-américaine, ménage, si ce n’est soutient, Poutine.

Le « grand bond » chinois des trente dernières années a été capitaliste, mais aussi centralisé. Ce capitalisme (qui peut être privé) est inséré dans une planification étatique ou partisane via le PCC. Ses politiques de développement sont classiques. Le fait est que la Chine est désormais exportatrice, et non plus importatrice, de capitaux, et elle investit de plus en plus dans l’armement. Inversement, la transition au capitalisme en Russie a été chaotique. Poutine et son groupe ont décidé de recentraliser le capitalisme russe en utilisant les relations bonapartistes entre le pouvoir et les oligarques7 et via une version à peine rajeunie de la vieille idéologie nationaliste et impérialiste de la Sainte Russie.

Ainsi la guerre en Ukraine pourrait durer encore longtemps – trente ans ? –, d’autant plus que les États-Unis, malgré un appel très tardif au cessez-le-feu, ont donné la priorité au soutien à l’État colonial israélien. Mais l’émergence de rivaux et la fin de l’unipolarité n’enlève rien à la nature des États-Unis en tant que pays le plus riche et le plus puissant militairement, avec une bourgeoisie convaincue de sa « mission historique » de dominer la planète.

Quelques mots sur l’Afrique. La série des coups d’État en Afrique de l’Ouest dans les ex-colonies françaises (Mali, Burkina, Niger) et en Guinée-Bissau (ex-colonie portugaise) n’a rien d’anti-impérialiste : c’est le reflet de la profonde crise sociale traversée par la région, aggravée par les rébellions djihadistes. Mais cette crise sociale est aussi une des causes de ces rébellions : il s’agit de vraies guerres civiles et pas seulement de terrorisme8. Au Gabon, le coup d’État n’a été ni anti-français ni pro-russe, simple révolution de palais au sein du système gérontocratique néocolonial. Cela dit, ces militaires ne présentent pas une alternative et, avant leurs coups d’État, ils étaient parfaitement intégrés aux élites locales. Leur incapacité à combattre les djihadistes (même avec l’aide de la France) mettait en danger leurs institutions militaires respectives face au mécontentement populaire. Ils ont simplement choisi un impérialisme (russe) contre un autre (français), sauf au Gabon. Il n’y a pas de renouvellement des élites politiques (et sociales) dans ces pays. La population les a suivis, en tout cas dans les grandes villes, car la puissance coloniale connue – la France – était naturellement plus facilement pointée du doigt. Mais les contradictions éclateront vite, comme on l’a vu au Sénégal quand le président en place a tenté de repousser les élections et de porter atteinte à la démocratie.

Conclusion

La confluence des crises devrait déboucher sur des luttes et des revendications combinant les domaines économiques, féministes, antiracistes, environnementaux et démocratiques. Nous vivons une époque où les luttes écologiques sont tendanciellement des luttes prolétariennes, les luttes féministes des luttes écologiques, les mouvements de libération nationale des luttes sociales. C’est la seule bonne nouvelle de la période. Mais tout dépend de la gauche !

Pour terminer, je voudrais reparler non pas de la Palestine, mais d’Israël. Que se passe-t-il dans la société israélienne pour qu’elle ait permis la prise du pouvoir par l’extrême droite ? Plutôt que de faire une longue analyse, je vais juste vous lire une belle citation d’Aimé Césaire, dans son « Discours sur le colonialisme » de 1955, qui ne parlait évidemment pas d’Israël, mais qui disait déjà tout sur la dégénérescence inévitable des sociétés coloniales :

« Nul ne colonise innocemment, […] nul non plus ne colonise impunément ; […] une nation qui colonise, […], une civilisation qui justifie la colonisation – donc la force – est déjà une civilisation malade, une civilisation moralement atteinte qui, irrésistiblement, de conséquence en conséquence, de reniement en reniement, appelle son Hitler, je veux dire son châtiment. [L’]action coloniale, l’entreprise coloniale, la conquête coloniale, fondée sur le mépris de l’homme indigène et justifiée par ce mépris, tend inévitablement à modifier celui qui l’entreprend ; […] le colonisateur qui, pour se donner bonne conscience, s’habitue à voir dans l’autre la bête, s’entraîne à le traiter en bête, tend objectivement à se transformer lui-même en bête »9.

1.Certains des paragraphes qui suivent doivent beaucoup à l’analyse de Ana Cristina Carvalhães dans son article « Face à la convergence des crises, le défi de faire avancer les travailleur·es et les peuples », Inprecor. Correspondance de presse internationalen° 716, p. 12-22.

2.Quand j’écris, suivant Ana Cristina Carvalhães, que l’on connaît un nouveau moment de l’histoire du capitalisme, cela ne signifie pas forcément qu’il s’agit des prémices d’une nouvelle période ou époque. Nous sommes toujours à l’époque de l’impérialisme, qui connaît naturellement diverses conjonctures ou divers « moment ».

3.La baisse tendancielle du taux de profit est une loi du capitalisme remarquée dès avant Marx, mais mieux expliquée par ce dernier (chap. 13 du tome III du Capital). La concurrence entre les capitalistes les pousse à innover et à augmenter leur productivité, remplaçant les travailleurs par des moyens de production et augmentant la composition organique du capital. Cela a pour effet de diminuer la valeur produite par la force de travail d’un être humain. Néanmoins, d’autres facteurs peuvent contrecarrer cette baisse, comme les guerres (provoquant une destruction massive de capital fixe), ou les révolutions techniques et scientifiques (pouvant permettre la réalisation de moyens de production bien meilleur marché). Enfin, la relation entre la basse tendancielle du taux de profit et l’éclatement des crises est réelle, mais pas mécanique.

4.En revanche, il ne semble pas y avoir de dimensions religieuses précises dans la montée de l’extrême droite en Allemagne ou en Hollande.

5.Il n’est pas possible dans ces lignes de décrire la grande hétérogénéité des positions au sein des approches décoloniales. Sous prétexte de prôner la « désoccidentalisation » du monde (plutôt que la lutte contre le capitalisme), certains adoptent des attitudes « campistes », réduisant tout à un affrontement entre l’« Occident » (les États-Unis et ses alliés européens) et l’« Anti-Occident » (la Russie, la Chine, l’Inde…).

6.BRICS est l’acronyme anglais du groupe réunissant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud.

7.Les oligarques sont tous nés lors de l’écroulement de la caste stalinienne dans l’ex-URSS et de la transition chaotique au capitalisme, par des moyens frauduleux bénéficiant de protection politique. Richissimes, ils ne constituent cependant pas encore une bourgeoisie stabilisée et dépendent étroitement, pour le « blanchiment » et la transmission de leur fortune, de la qualité de leurs relations avec le régime de Poutine.

8.Mais à la différence du Hamas terroriste, antisémite et mouvement de résistance, les djihadistes sahéliens sont un phénomène morbide de sociétés en implosion sociale et climatique. Il faut néanmoins nuancer cette analyse concernant les mouvements touarègues de l’Azawad, qui expriment aussi la question nationale écrasée par le biais des frontières coloniales établies sans respect pour les territorialisations des peuples.

9.Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme, suivi de Discours sur la Négritude, Paris, Présence africaine, 2004 (1èreéd. 1955), p. 18 et 21.

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