GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Féminisme

Condition féminine : lutter contre l’obscurantisme

En ce début d’année 2024, à l’heure où toutes et tous se prennent au jeu d’imaginer un monde meilleur, de petites victoires, de grandes réussites…, faisons un petit tour du monde de la condition des femmes. Une sorte de zooms sur les pires oppressions qu’elles subissent.

On pourrait parler du viol comme arme de guerre, par exemple en Ukraine, au Soudan, au Nigéria. On pourrait parler de la « marée verte », de la couleur du foulard que brandissent les manifestantes américaines pour le droit à l’avortement, à l’instar des Argentines. En décembre 2020, après une longue lutte, elles arrachaient ce droit désormais inscrit dans la loi. En 2023, elles ont ressorti leur étoffe, estimant que l’élection récente de Javier Milei met en danger le droit à l’avortement durement acquis.

Mais centrons-nous plutôt sur les femmes iraniennes.

Face aux mollahs

2023 a été marquée par le premier anniversaire de la mort de Mahsa Amini, tuée en septembre 2022 par des policiers au motif d’un foulard mal porté. Son assassinat a marqué le début de la révolte portée par les femmes contre le régime islamique sous le slogan « Femme, Vie, Liberté » malgré les répressions et les menaces pour leur sécurité. Les Iraniennes refusent de porter le hijab obligatoire ; elles l’enlèvent, le brûlent parfois, le jettent. Si le voile représente un véritable outil de contrôle et de pouvoir sur les femmes, son rejet devient un outil de lutte, symbolisant le combat contre l’oppression et contre le régime en place.

En un an, des centaines de femmes ont été tuées, des milliers d’autres emprisonnées1. Des journalistes sont détenues encore. Plus d’un an après les manifestations massives dans les rues iraniennes, la police des mœurs refait surface. Mais certaines femmes continuent de sortir sans foulard, risquant des peines d’emprisonnement, des amendes, ou des peines de « rééducation morale ». La répression se poursuit. En septembre 2023, un projet de loi « Chasteté et hijab » – dont le seul nom fait peur – a été adopté : il y est dit qu’une femme non voilée est une menace pour la sécurité nationale, et que les patrons dont les salariées ne portent pas le voile peuvent être condamnés. Il est même question d’avoir recours à l’intelligence artificielle pour identifier les femmes non voilées2.

2023 est aussi marqué par un soutien international au combat des Iraniennes. Narges Mohammedi, militante pour les droits des femmes, détenue à Téhéran, a ,reçu le Prix Nobel de la Paix, un an après la mort de Mahsa Amini, et vingt ans après celui décerné à Shirin Abadi, militante pour la liberté d’expression et les droits des femmes. Mahsa Amini et le mouvement « Femme, Vie, Liberté » ont reçu le Prix Sakharov du Parlement européen pour la liberté de l’esprit. Et trois journalistes, Niloufar Hamedi, Elahah Mohammadi et Narges Mohammadi se sont vus récompensés par le Prix mondial de la liberté de la presse de l’UNESCO.

Mais le gouvernement iranien fait fi des critiques internationales et des soutiens affichés aux combats des femmes.

Cauchemar afghan

Terminons ce panorama par le pire pays où naître femme actuellement : l’Afghanistan. Depuis le retour des talibans au pouvoir, la condition des femmes est désastreuse. Elles sont effacées de l’espace public, elles se disent « emmurées vivantes », « confinées à vie ». L’Afghanistan est le seul pays au monde à interdire l’accès à l’enseignement secondaire pour les filles et à l’enseignement supérieur désormais. Les femmes doivent avoir un chaperon pour sortir de chez elles, n’ont pas accès aux parcs, ne peuvent pas faire de sport, n’ont pas le droit de travailler. L’extrême pauvreté touche tout le pays depuis deux ans et touche particulièrement les femmes et filles afghanes qui n’ont plus d’accès libre aux soins. Elles sombrent massivement dans la dépression, et le suicide devient une épidémie. Selon Amnesty International, il s’agit d’un véritable « gynocide »3. Et pourtant, la communauté internationale reste dans un silence assourdissant. On a salué, en septembre 2023, l’arrivée sur le sol français de cinq femmes afghanes réfugiées, mais cela semble tellement dérisoire, tellement insuffisant…

En 2024, faisons le vœu de ne pas oublier que les droits des femmes sont un des points cardinaux de la démocratie. Lutter pour les droits de celles qui représentent la moitié de l’humanité, c’est lutter contre les rapports de domination et de pouvoir.

Cet article de notre camarade Nadège Boisramé a été publié dans le n°311 (janvier 2024) de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

1.Cf. « La détermination intacte des militantes iraniennes », https://information.tv5monde.com, 30 août 2023.

2.« Iran. Le nouveau projet de loi sur le port obligatoire du voile est une atteinte ignoble aux droits des femmes et des filles », https://www.amnesty.org/fr, 21 septembre 2023.

3. Voir l’émission d’Un monde en doc intitulée « Le cauchemar des femmes afghanes », https://www.publicsenat.fr, disponible jusqu’en novembre.

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