Champagne ! en novembre 1989 le mur du stalinisme est

tombé ! Mais il en reste à abattre ! Par exemple, sur la

frontière mexicaine ou israëlo palestinienne !

SOUVENIR D’EX-RDA

9/11/1989 : J’étais à Toulouse ce soir là. On a entendu les titres

aux infos… « Une erreur ! », « Pas possible ! ». Coup de fil aux

parents en Allemagne (à l’époque on disait encore « Allemagne

de l’ouest ») : « si, si, il paraît que oui, mais non, faut attendre

la confirmation, on ne peut pas le croire… »

Née en Allemagne (de l’Ouest) en début des années 60, pour

moi, ce mur, c’était une certitude, ça existe et ça existera, point

final. C’est là qu’on a fait notre deuxième voyage scolaire (le

premier, c’était pour visiter Auschwitz, eh oui, ils étaient gais,

nos voyages scolaires), pour y verser une larme en souvenir de

nos frères et soeurs de l’autre côté.

Et d’un coup, on nous dit que c’est fini, et c’est la joie, l’émotion

et des larmes de bonheur. Indescriptible… la fin d’une

époque où on nous apprenait la peur, la peur de la guerre froide,

la peur des staliniens, de l’invasion des chars, des missiles

longue portée, des Pershing et des Cruize missiles, des GI’s

états-uniens qui occupaient le territoire. Et ces « est allemands»

tellement, tellement soulagés, en route pour des jours

meilleurs…

ET 20 ANS APRÈS…

Toujours beaucoup de larmes, mais pas que de joie…

Eté 2009 à l’est de Berlin (moi, j’en reviens toujours pas qu’on

puisse traverser Berlin comme si de rien était, changer de train

à Berlin OST, et voilà que mes enfants ne comprennent même

pas pourquoi c’est si étonnant, quoi de plus normal pour eux, on

traverse, et pourquoi on ne traverserait pas…) : dans un patelin

dans le Land de Sachsen, on prend un taxi : la chauffeure nous

explique que « avant », elle a été pharmacienne, mais « maintenant,

ce diplôme est-allemand n’est plus reconnu et elle, elle a

eu beaucoup de chance, elle a réussi à trouvé cet emploi de

chauffeur de taxi contrairement à ses anciens collègues qui sont

au chômage. On rejoint des amis qui se sont installés là-bas

(c’est des «Wessies », des ex-ouest allemands… mal intégrés,

car « pas d’ici »).

Eux, ils y sont bien, leur fille de deux ans a trouvé une place en

crèche, une des rares crèches qui n’a pas été fermée après la

réunification : le « plein emploi » préconisé en RDA a toujours

concerné les femmes au même titre que les hommes, les gardes

d’enfants étaient multiples.

Une des conséquences de l’Allemagne réunie était que les

femmes ont retrouvées la place qui convient à une femme

« bien » : celle de mère au foyer, bien sûr, les crèches devenaient

donc superflues.

Résultat : le taux de natalité est actuellement de 1,3 enfant par

femme dans les « nouveaux Laender ».

Et voilà que mon fils tombe malade, pas facile de trouver un

médecin, la plupart ont choisi de s’installer à l’ouest, c’est bien

mieux payé… mais nous trouvons la perle rare : un médecin

polonais (pour lui, c’est quand même mieux qu’en Pologne)

quelques soucis de communication car le polonais ne fait partie

de mes compétences et l’allemand pas des siennes… mais bon,

on fait ce qu’on peut.

D’ailleurs, dans ce Land, la campagne électorale du candidat de

la CDU était clairement affichée partout cette année (législatives

obligent) : pour que le docteur reste, c’était le titre de son

affiche…

L’institut d’études sociologiques de Brandenburg a publié un

sondage : ce que pense les est-allemands de plus de 35 ans

aujourd’hui.

VOICI QUELQUES RÉSULTATS

En ce qui concerne les possibilités de :

pire.

c’est pire.

c’est pire.

pensent que c’est

mieux, 46 % pensent

que c’est pire.

En ce qui concerne

l’emploi, le graphique

ci-contre (statistiques

du pôle

emploi allemand (das

Arbeitsamt) parle

tout seul (entre les

crochets les chiffres

de l’année précédente).

Et ce travail, il

reste toujours moins

rémunéré à l’est, y

compris pour la fonction

publique. Sans compter les préjugés concernant cette population

qui persistent : quelques années après la réunification,

Volkswagen a fait une campagne publicitaire avec le contenu

suivant :

« Certaines de nos usines de production sont désormais installées

à l’est, mais nous vous garantissons que la qualité de nos

produits reste constante » . Edifiant, non ???

Le mur a disparu dans sa forme physique, mais dans les têtes,

c’est pas gagné, loin s’en faut… d’ailleurs, peu de mariages

« mixtes » entre « Wessies » et « Ossies » sont célébrés actuellement.

Konstanze Lueken

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