GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur Syndicats

CFDT et retraites

Dans quelques semaines, le débat rebondira sur les retraites. Le rendez-vous fixé en 2003 est arrivé. La principale organisation syndicale qui a permis le passage de la loi Fillon malgré une mobilisation sociale très forte mérite d’être écoutée. La direction de la CFDT –puisque c’est d’elle dont il s’agit- semble une nouvelle fois se préparer à une compromission avec le pouvoir.

Medef et gouvernement annoncent, chacun à leur manière, qu’il est indispensable d’augmenter le nombre d’années de cotisations pour une retraite à taux plein. Alors que la majorité des salariés partent en retraite avant d’avoir les conditions du taux plein, ces annonces masquent mal que l’augmentation des annuités signifie surtout une baisse des pensions au moment de la liquidation de ses droits.

Oui aux 41 annuités ?

Or, la direction de la CFDT semble prête à accepter le passage aux 41 annuités. Tout juste y met-elle une condition : que le taux d’emploi des seniors progresse en fustigeant le patronat qui ne permet pas le maintien des seniors dans l’emploi (voir F. Chérèque dans le Monde du 9 janvier 2008).

Que le taux d’emploi des seniors progresse, on ne peut qu’être d’accord mais cela ne résoud pas tout du point de vue du niveau des retraites. Certes des salariés cotisant plus, cela fait plus de recettes et des pensions plus conséquentes mais cela n’ouvre pas le droit à une retraite à 60 ans à taux plein ! Ou alors, mais ce n’est pas dit, derrière le taux d’emploi des seniors, condition d’un passage aux 41 annuités, se cache en réalité une acceptation de la fin de la retraite à 60 ans ! Il faut en effet une carrière complète de 23 ans à 64 ans pour accéder au taux plein avec 41 annuités …

Jean-Louis Malys, responsable du dossier retraites à la confédération, nous éclaire dans le mensuel de la CFDT de janvier 2008.

La question qui lui est posée est sans ambigüité : " A quelles conditions le passage à 41 ans de cotisations serait-il acceptable ? ". Il répond " A condition que cet allongement soit rendu possible pour une majorité de salariés ". et il reprend le même argument sur les seniors que François Chérèque. On peut penser que dans quelques années la même question pourrait être posée en remplaçant 41 par 42 puis avec la même logique 43, 44 ou 45…

La logique d’accompagnement de la direction de la CFDT et, plus encore, son souci de répondre à une question générale mais pas à l’intérêt général des salariés est ici patente. Car pour un salarié c’est bien plutôt sur son droit à la retraite à 60 ans et sur son niveau de pension qu’il y a interrogation. C’est donc là-dessus qu’on serait en droit d’attendre des orientations d’une organisations syndicale : défendre le droit à la retraite à 60 ans et à taux plein, garantir un taux de remplacement du salaire de 75% et un minimum garanti au SMIC pour les plus basses retraites.

Généralisation de l’épargne retraite ?

La suite de l’interview de Malys est instructive car la direction de la CFDT comprend bien qu’il y a un problème de niveau des pensions mais c’est avec l’épargne salariale, la capitalisation qu’elle entend y répondre. J.L Malys précise ainsi : " l’épargne retraite en soi n’est ni scandaleuse, ni condamnable. " après avoir rappelé " la prééminence de la répartition ". Il reconnaît que " à côté du système de base et des complémentaires obligatoires, un " troisième étage " à la fusée ne nous choque pas … s’il est généralisé à tous les salariés, même les plus modestes ".

C’est la reconnaissance de fait d’un besoin de complément de pension que l’on renonce à trouver dans le cadre de la retraite par répartition. La bataille n’est plus " droit à la retraite à taux plein pour tous à 60 ans " mais " Généralisation de l’épargne salariale ou retraite pour tous ! ".

Certains vont plus loin, tel le responsable de la CFDT des Assurances qui considère que les banques et assurances ont un " savoir faire " sur ce terrain et qu’il faut donc aller dans le sens du développement des activités de ces entreprises. Pain béni pour les patrons de ces secteurs qui ne doivent pas bouder leur plaisir face à ces discours fort peu syndicaux.

Les jeux sont pourtant loin d’être faits car les militants CFDT ne sont pas prêts à avaler n’importe quoi Certes, beaucoup se sont repliés sur leur entreprise depuis la loi Fillon de 2003 et les dizaines de milliers de départs de militants et adhérents.

Confrontés aux salariés qui souhaitent bel et bien partir à 60 ans avec un pouvoir d’achat de leur pension correct, il y a fort à parier qu’ils seront encore nombreux à se mobiliser contre les prétentions du patronat et du gouvernement en dépit des orientations de leur direction.

Christian Normand

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