GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur

Austérité : Macron franchit un nouveau palier

Le budget 2024 a été adopté via l’article 49.3, et le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour l’année à venir est en passe de prendre le même chemin. L’occasion pour nous de revenir sur ces deux lois de finances qui placent le pays sous le signe de l’austérité renforcée.

La rigueur budgétaire est un mal en soi, qui ronge toutes les solidarités et s’attaque au patrimoine de celles et ceux qui n’ont rien. Mais il est heureux que, grâce à la résistance électorale permise par la création de la NUPES en mai 2022, elle ne peut se prévaloir d’une majorité parlementaire, et donc d’une forme de validation démocratique. C’est en effet sans vote, en vertu du fameux article 49.3 de la Constitution bonapartiste qui continue à nous régir 65 ans après le coup d’État gaulliste, que ces deux textes minoritaires ont été adoptés.

Sous le signe de l’austérité

Selon les documents gouvernementaux, les dépenses de l’État baisseront de 3,6 % dans l’année qui vient. Quant à l’ONDAM (l’Objectif national des dépenses de l’Assurance maladie), il n’augmentera que de 3,2 %, alors qu’il n’est guère probable, malgré les pronostics gouvernementaux, que l’inflation passe sous cette barre en 2024. Les dépenses de santé vont donc stagner, voire baisser hors inflation, alors que les besoins, eux, augmentent.

Ces quelques données suffisent à établir que l’année à venir est placée par nos gouvernants sous le signe de l’austérité renforcée. Il est bel et bien révolu le temps du « quoi qu’il en coûte », où « l’argent magique », jusque-là introuvable, coulait à flot ! Les deux premières pages de ce dossier sont précisément consacrées à l’analyse des deux budgets de la nation pour l’année à venir.

De l’argent, il y en a !

Face aux discours des Borne et autres Le Maire qui trouveraient presque des accents fillonistes pour évoquer la quasi « faillite » du pays, il convient de rappeler quelques vérités. Selon le classement publié par le magazine Challenges, les avoirs des 500 plus grandes fortunes françaises s’élèvent cette année à 1 170 milliards d’euros, soit une augmentation de 17 % par rapport à l’année précédente. Le « pactole » cumulé correspond à 45 % du PIB français, alors qu’il ne s’élevait qu’à 10 % de la richesse nationale en 2000, soit à une époque qui n’est somme toute pas si lointaine et où rares étaient les voix dénonçant la férule d’un régime bolchévique. Dernier point de ce court florilège : la fortune de Bernard Arnault, qui est passée de 149 à 203 milliards d’euros en un an, soit une hausse de 36 %.

Faut-il par ailleurs rappeler que, chaque année, on évalue à au moins 80 milliards, si ce n’est 100 milliards d’euros le montant de l’évasion fiscale, alors que les sommes recouvrées par Bercy s’élevaient difficilement à 14,6 milliards d’euros en 2022 ? Comment ne pas voir que c’est cet argent, généreusement accordé ou complaisamment laissé aux super-riches et aux grandes entreprises, qui manque cruellement aux caisses de l’État et à celle de la Sécurité sociale ? C’est la politique de prédation en faveur des actionnaires et des grands groupes, pudiquement couverte du frauduleux vocable de « ruissellement », qui impose cette insupportable austérité politique et sociale, alors que les besoins de la population n’ont jamais été aussi élevés.

Passer à l’offensive

Pour toutes celles et tous ceux qui ne surnagent, voire ne survivent, que grâce à la solidarité nationale et aux services publics, pour nous toutes et tous qui sommes financé.es par la cotisation sociale quand nous nous avons besoin de soins, quand nous sommes en arrêt maladie, en accident du travail, en congé maternité ou parental, à la retraite, mais aussi au chômage, l’ennemi commun a un nom. C’est la flat tax. C’est la suppression de l’ISF. Ce sont les niches fiscales et sociales. C’est l’ubérisation qui prive la Sécu de recettes ô combien légitimes. Ce sont les GAFAM qui se croient au-dessus des lois.

Il est à noter que, malgré la crise que traverse actuellement la Nupes, et la rupture médiatique au sommet, les forces la constituant ont travaillé ensemble au Parlement pour lutter contre ces deux budgets d’austérité. Cela n’a rien d’étonnant, tant il est vrai que le social, c’est ce qui nous unit, à gauche ! C’est pour cela que nous sommes revenus longuement, dans le numéro 310 de Démocratie&Socialisme, sur cette « Grand Sécu » que nous appelons de nos vœux et qui devrait être au centre du programme de la gauche pour l’emporter en 2027 contre la tandem infernal Macron-Le Pen.

Cet article est l'introduction du dossier du numéro 310 (décembre 23) de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS). Ce dossier est consacré au budget 2024.

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