Un signe de vigueur démocratique
Razzy Hammadi est secrétaire
national du PS, chargé des services
publics. Il s’est à ce titre
impliqué dans la mobilisation contre le
changement de statut de la Poste, prélude
à sa privatisation. L’exigence d’un référendum
est forte dans le pays. Elle est
portée par un rassemblement réussi de la
quasi-totalité de la gauche comme le souligne
Razzy dans cet entretien à
Démocratie et socialisme.
Quel premier bilan tires-tu de
la votation citoyenne du
3 octobre ?
La première leçon que nous pouvons tirer
de la votation est que lorsque la gauche
met de côté ses vieilles rancoeurs, ses
sectarismes et ses ego et qu’elle s’autorise
à penser l’avenir avec espoir et combat,
alors cette gauche qu’elle soit
syndicale, politique ou associative se rassemble
et mobilise largement plus que la
somme de ses parties.
Sur le fond, les plus de 2300000 citoyens
qui ont fait entendre leur voix, l’ont fait
dans un élan d’appropriation citoyenne
de ce qui leur appartient dans les textes,
La Poste en particulier, et le service
public en général. La crise financière
aidant, une lame de fond tend à décrédibiliser
les poncifs du néolibéralisme :
«pour moderniser il faut ouvrir le capital
», «l'ouverture au marché est inéluctable
» ou bien encore «c’est l’Europe
qui nous l’impose»... Un prise de
conscience à travers laquelle les gens se
disent légitimement, «pourquoi privatiser?
», «pourquoi n’avons nous pas été
consultés »… Cette mobilisation est un
signe de vigueur démocratique démontrant
que malgré le démantèlement des
collectivités et des services publics, malgré
la presse et les medias aux ordres,
malgré en fin de compte le bourrage de
crâne… le peuple français reste avant
tout un peuple politique.
Quelles sont les perspectives
mises en avant pour poursuivre
la mobilisation et faire reculer
le gouvernement ?
Dès maintenant la mobilisation des élus
et des citoyens pour faire pression sur les
sénateurs, le 31 octobre rassemblements
unitaires partout en France devant les
bureaux de Poste pour demander un référendum
sur la question, du 2 au 6
novembre, large campagne de mobilisation
avec envoi de cartes postales au
Président mises à disposition par le collectif
pour demander un référendum. 5
millions de tracts seront édités.
Le Parti socialiste, ses militants
et ses élus, se sont pleinement
impliqués dans le refus du
changement de statut de La
Poste, prélude à sa privatisation.
Penses-tu que cela peut
permettre au PS et à toute la
gauche d’avancer dans la proposition
d’une alternative politique
crédible au libéralisme?
Il y a quelques jours Jean-Marc Ayrault à
l’Assemblée nationale a parlé de France
Télécom et de son changement de statut
par le gouvernement de Lionel Jospin en
la qualifiant d’«erreur»… On avance,
tout devient possible comme disait
Pivert…
Propos recueillis le 19 octobre
par Éric Thouzeau
LA POSTE : POURSUIVRE LA MOBILISATION POUR GAGNER !
Après le succès de la votation citoyenne du 3 octobre, le changement de statut de La Poste doit être soumis à référendum.
C’est ce qui remonte avec force de tout le pays, de la France urbaine comme de la France rurale. Il ne s’agit pas d’une mobilisation
pour témoigner, mais pour gagner ! S’il le faut, comme pour la défense de l’école laïque, une manifestation nationale
sera-t-elle nécessaire ?
Le front uni des syndicats, des associations et des partis politiques de gauche est le socle de la réussite possible pour faire
échec au projet du gouvernement. Au-delà de La Poste, cela prouve que le rassemblement de la gauche est non seulement
possible, mais qu’il est porteur de dynamique. Le Parti socialiste et ses élus sont pleinement partie prenante de cette mobilisation.
Cela montre que des positions électorales peuvent être mises à disposition du mouvement social et lui être utiles.
Préparer les régionales de 2010, battre la droite en 2012, cela se prépare dès maintenant dans l’action unie. C’est aussi cela
l’enseignement majeur de la défense du caractère public de La Poste.