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Editorial de la lettre de D&S : un peuple et son budget

« Amorcé en 2016, le virage de la remise en forme s’est véritablement opéré en 2017 (…) [et] s’accompagne de créations d’emplois, dont le nombre bat des records vieux de vingt ans » [1]. Ce n’est pas de la politique-fiction ou un communiqué de Bruno Roger-Petit mais la situation macroéconomique… du Portugal : la stratégie de relance (augmentation du salaire minimum et des pensions, réduction de la TVA, pénalisation des CDD [2], etc.) initiée par la coalition de gauche commence à porter ses fruits et les voix hostiles en interne estiment surtout… qu’il faut aller plus vite.

Qui gagne, qui perd ?

Mais nous sommes en République française : confrontés à une crise de la demande, les autorités nationales et le banquier qui les dirigent multiplient les gestes en faveur des plus riches : à la suppression de l’ISF (4 Md€ env.) et le plafonnement à 30% de la taxation des dividendes (plusieurs milliards d’euros) en 2018, le gouvernement ajoute pour 2019 une nouvelle réduction de l’impôt sur les sociétés (de 33 à 31% pour les plus gros établissements) et la pérennisation du CICE [3], soit 20 Md€ d’allègement annuel. Dans le même temps, les droits de succession (qui ne frappent que les plus riches) ne seront pas relevés et Bercy n’hésite pas à proposer une simplification du « pacte Dutreil » permettant la transmission des fortunes industrielles en quasi franchise de droits.

En Macronie, dont la devise est « plus c’est gros, plus ça passe », la cruauté sociale se double du mensonge : ainsi le ministre de l’action et des comptes publics a-t-il pu tranquillement asséner [4] qu’il présentait « un budget pour le travail » alors que 8 000 postes bruts d’agents publics seront supprimés en 2019, dont 2 000 à l’éducation nationale (!), et que les contrats aidés locaux sont plus que jamais menacés. L’exécutif se vante également de « rendre » 6 Md€ de pouvoir d’achat aux Français nonobstant la hausse des taxes sur l’essence et le tabac : outre que la modestie du chiffre invite plutôt à la discrétion, l’OFCE [5] a montré que la redistribution budgétaire plafonne en réalité à 3,5 Md€ du fait du gel des prestations sociales (dont pensions), voire à 1,7 Md€ si l’on intègre les hausses de cotisations AGIRC-ARRCO.

Robin des bois à l’envers

Cerise sur le cadeau : alors que la Sécurité Sociale opère son redressement, le gouvernement commence à ponctionner ses excédents au profit du budget général et des cadeaux faits aux grandes fortunes, qui doivent généralement leur richesse à la naissance et non au mérite.

Le député de la Somme François Ruffin qualifiait récemment Emmanuel Macron de « roi des riches » [6]. La question est : pour combien de temps ?

[1] La Croix, 31/07/18.

[2] Contrats à durée déterminée.

[3] Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi.

[4] Matinale de France inter, 25/9/18.

[5] Observatoire français des conjonctures économiques.

[6] Interview au JDD, 7/718.

Toutes et tous à Tours les 13 et 14 octobre

"Ni libéralisme, ni nationalisme : Comment changer l’Europe ?" c’est l’intitulé un des débats qui aura lieu, le 13 octobre, aux journées organisées par la Gauche démocratique et sociale (GDS) « pour l’unité à gauche, pour une alternative sociale et écologique » avec pour intervenants : Marie-Christine Vergiat (députée européenne), Pierre Khalfa (économiste, membre de la Fondation Copernic et du Conseil scientifique d’Attac), Christakis Georgiou (chercheur en études européennes, Université de Genève),

Pour s’inscrire : contact@gds-ds.org

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