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Un gouvernement « RN compatible » avec casse sociale annoncée

La déclaration de politique générale de Michel Barnier a été précédée par les propos fracassants de son ministre de l’intérieur Bruno Retailleau.  Ce fut un véritable feu d’artifice confirmant, s’il n’était besoin, les obsessions identitaires et sécuritaires bien connues de l’intéressé.

Héritier de Philippe de Villiers, qui fut son mentor, il incarne à la perfection cette droite vendéenne qui n’a jamais digéré la Révolution Française et veut en terminer avec sa promesse de faire advenir « La liberté, l’égalité et la fraternité ».

Il n’hésite pas à reprendre le refrain sur les racines judéo-chrétiennes de la France qui sert de justification à ce racisme sournois qu’il véhicule.

Et pour ceux et celles qui n’auraient pas compris, il enfonce le clou : « l’immigration n’est pas une chance pour la France » et se prononce pour un référendum sur l’immigration, qu’il sait inconstitutionnel.  Mais rien ne l’arrête car « L’État de droit, ça n’est pas intangible, ni sacré ». Façon de dire que s’il pouvait s’affranchir des règles de droit, protectrices il va de soi, il s’affranchirait de tout contrôle.

Complaisance vis à vis du RN…

Bruno Retailleau donne le « la » du Gouvernement Barnier : survivre le plus longtemps possible avec la bienveillance du RN.

Cette ligne directrice fut confirmée par Michel Barnier lors de la présentation de sa politique au Parlement sans qu’il demande un vote de confiance, prudence oblige.

Certes le propos fut plus policé que celui de son Ministre de l’intérieur. Plus rien n’exigeait qu’il étalât sa complaisance vis à vis du RN, son Ministre de l’intérieur lui ayant obligeamment brûlé la politesse.

Il put se concentrer sur sa feuille de route. Prendre prétexte du déficit de l’État pour annoncer une politique austéritaire renforcée. Il a promis de ramener le déficit public de 6 à 5 % du PIB en 2025, et à 3 % à l’horizon 2029.

Pour ce faire les « 2/3 des efforts » seront concentrés sur la « réduction des dépenses publiques »

… et attaques contre la Sécurité sociale et les services publics de proximité

Sont ainsi annoncées le report de l’indexation des pensions de retraites du 1er janvier au 1er juillet 2025, la diminution du taux de remboursement des consultations médicales, et un tour de vis drastique des budgets des collectivités locales. Pierre Moscovici, Président de la Cour des Comptes n’a pu s’empêcher de fournir ses précieux conseils au Premier ministre en lui suggérant de supprimer 100 000 postes dans les collectivités locales.

Notons que les budgets des collectivités locales et de la protection sociale sont distincts du budget de l’État. Mais aux yeux de l’Union européenne cela constitue un tout ! C’est en réalité une attaque contre la Sécurité sociale, les retraités et les services publics de proximité.

Cependant Michel Barnier a conscience de la fragilité de son arrivée par surprise au pouvoir. Cela explique son lâchage (minime) de lest sur une augmentation du SMIC de 2 % au 1er novembre (au lieu du 1er janvier) et la remise à des jours meilleurs de la « réforme Attal » sur l’indemnisation du chômage.

Avec la fragilité du gouvernement Barnier, le pays est entré dans une ère d’instabilité politique.

Renforcer le NFP, construire l’alternative

Cette période devrait être consacrée au renforcement du NFP.

Ce n’est pas le chemin pris à Bram où sous la houlette de Carole Delga se sont retrouvés les opposants à Olivier Faure voire des personnalités hostiles au NFP comme Bernard Cazeneuve.

Ressusciter le Hollandisme, tel est leur objectif. Est-ce vraiment la priorité de l’heure pour ce courant de la social-démocratie qui a failli ? Ils en sont persuadés - obnubilés par leur quête de changer les rapports de force au sein de la gauche - quitte à briser le NFP.

Il incombe donc à ce dernier de se donner les moyens de son dépassement d’un cartel d’appareils vers des collectifs locaux ouverts à tous les citoyens et citoyennes qui se reconnaissent dans son programme pour débattre et agir.

Au Parlement mener des batailles ensemble pour l’intérêt commun et non tirer la couverture à soi.

Et pourquoi pas autour de Lucie Castets la création d’un « shadow cabinet », un gouvernement alternatif à celui de Barnier qui déclinerait en relation avec les mouvements sociaux et les débats parlementaires les propositions du NFP.

Les travers de la Nupes ne doivent pas être reproduits. D’où l’enjeu de constituer une nouvelle force en son sein qui rassemble tous les unitaires à gauche, orphelins de la LFI, du PS, de la gauche radicale afin que le NFP puisse pleinement jouer son rôle d’alternative à la droite et au RN.

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