Travailleurs détachés : ne pas laisser Macron mentir
Lors du Bureau national du PS du 24 octobre, notre camarade Gérard Filoche est intervenu sur la question des travailleurs détachés et sur la date du congrès du PS.
Je ne dirai que quelques mots, car le temps m’est compté afin d’aller à une émission d’Europe 1 à 19 h 10 pour combattre Macron et ce qu’il prétend éhontément avoir obtenu hier en Europe, à propos des « travailleurs détachés »
C’est de l’intox, de la bouillie, de la propagande, de la mise en scène : rien de positif n’est sorti de la réunion européenne sur ce sujet.
Fixer une limite de 12 mois + 6 par dérogation au détachement des salariés, n’a aucun sens, puisqu’on nous dit qu’en moyenne, ces détachements sont inférieurs à quatre mois, et même en moyenne de 40 jours. Tout au plus, c’est pousse-au-crime pour les patrons français, notamment du bâtiment, qui gagnent des centaines de millions avec ces travailleurs sous-payés, et qui vont allonger leur présence.
Quant à les payer avec primes et conventions collectives, cela devait déjà être le cas, dans notre pays ou les conventions collectives sont étendues… sauf fraude. Mais la fraude continuera puisqu’il n’existe aucun moyen de la contrôler. Un des 1600 contrôleurs ou inspecteurs du travail qui envoie une lettre, même recommandée, à Sofia pour vérifier que les cotisations sociales ont bien été versées, même au taux bulgare, n’aura bien évidemment jamais de réponse.
Et puis les routiers ne sont pas inclus dans l’accord d’hier.
Et l’accord d’hier ne s’appliquera qu’en 2022.
La discrimination intolérable est donc toujours maintenue, entre des salariés payés au taux français, net et brut, ici, et les salariés, sur le même poste, dans le même chantier, qui gagnent moins puisqu’ils sont payés au net comme ici, mais au brut comme là-bas.
Cela représente des salaires de 15 à 25 % moins chers pour l’avantage unique des patrons français. Faites le calcul : 400 000 travailleurs détachés payés 25 % moins cher, c’est l’équivalent de 100 000 salariés gratuits pour le patronat. Vous comprenez qu’il préfère utiliser ces «détachés» plutôt que des salariés français. Il faut défendre bec et ongles le principe « à travail égal, salaire égal », et ne pas laisser Macron se pare des plumes du paon : il n’a ni paon, ni plume.
Ensuite, puisqu’on parle « statuts » après mon départ, je veux redire que notre congrès doit parler politique, et non pas statuts.
Il est de plus en plus urgent de faire le bilan du quinquennat, et de ne pas proposer un « contre-budget PS » qui propose 2,7 % de déficit, et qui ressemble au fiasco de la maudite politique droitière suivie de 2012 à 2017. Il est urgent de proposer une alternative de gauche, de hausser le Smic et les salaires et de baisser les dividendes. Il est urgent de proposer de contrôler les licenciements et pas de les faciliter. Il est urgent de combattre les ordonnances et de reconstruire un Code du travail fort.
En matière de statuts, si vous insistez, je souhaite être membre de la commission, je le dis ici, car je serai parti quand vous la désignerez.
Et s’il faut des idées quand même sur les statuts, c’est de simplifier les millefeuilles de la direction du parti, supprimer le « secrétariat », armée mexicaine. Donner le pouvoir réel au Bureau national, élu à la proportionnelle stricte, et composé de façon à refléter la société, dans sa diversité, y compris sociale, c’est-à-dire avec employés, ouvriers, salariés, cadres, jeunes et retraités, en proportion et en majorité, en dessous de 3200 euros. Faire un congrès vivant où, une fois qu’il y a une majorité sur une motion, des amendements puissent encore être votés par les congressistes eux-mêmes, où le premier secrétaire puisse être choisi par les militants et sympathisants, afin de lui donner le maximum de popularité, comme dans une primaire.
Enfin, il faut aujourd’hui fixer la date du congrès en fin février ou début mars, car ça traîne et le temps passe. Or il faut un calendrier pour que les militants s’emparent du débat.
Un débat qui ne peut pas être sur papier glacé comme dans la fédération de Paris, où on infantilise les militants : avec des feuilles blanches à remplir, des quizz stupides, des questions sur le « parti du XXI° siècle » (sic). Je me fiche du parti du XXI° siècle, entre nous ; je veux un parti de combat anti-Macron maintenant, un parti pour l’unité de la gauche maintenant, un parti pour défendre les droits des salariés mois après mois, leurs salaires, les 32h et leurs retraites à 60 ans maintenant, un salaire maximum à pas plus de 20 Smic maintenant, pas plus de 5% de précaires par entreprises, maintenant.