GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur

Témoignage « Mettre un terme à cette exploitation flagrante »

Romain Mercière est ouvrier du bâtiment et militant socialiste en Loire-Atlantique. Dans ce texte publié sur les réseaux sociaux, il dénonce les conditions de travail inhumaines de mise sur certains chantiers. Merci à lui de nous avoir autorisés à reproduire son témoignage dans nos colonnes.

En tant qu’ouvrier du bâtiment, je connais personnellement les difficultés et les injustices auxquelles sont confrontés les travailleurs sans papiers sur les chantiers. Je connais très bien les conditions de travail précaires, les salaires insuffisants et le manque de protection sociale. Chaque jour, ils se lèvent tôt et affrontent des tâches épuisantes et dangereuses, sans bénéficier des droits et des garanties accordés aux travailleurs réguliers.

Là où ça fait mal

Dans les ombres imposantes des infrastructures pour les Jeux olympiques de 2024 en France, une réalité souvent occultée se dessine : les travailleurs sans papiers qui, invisibles mais indispensables, contribuent à la construction de ces emblèmes nationaux. Derrière chaque chantier spectaculaire, se cache le labeur acharné de ces hommes et femmes, de ces travailleurs méprisés et exploités.

Il est grand temps de mettre un terme à cette exploitation flagrante. Les mots ne suffisent plus, il est temps d’agir. La première étape consisterait à renforcer notre arsenal de défense pour les droits des travailleurs.

Engageons sans hésitation des inspecteurs du travail supplémentaires, des sentinelles intrépides prêtes à traquer les pratiques illégales et les abus commis à l’encontre des travailleurs sans papiers. L’heure est venue d’organiser des descentes massives sur ces chantiers de construction. Des opérations éclairées, pour mettre au jour avec détermination les conditions de travail inhumaines, les salaires de misère et les logements insalubres. Les responsables, ces entrepreneurs voyous, qui ont prospéré dans l’ombre, doivent être tenus pour responsables de leurs actes. Nous devons les traquer sans relâche et les traduire en justice. Mais la lutte contre cette exploitation ne s’arrête pas là. Il est temps de frapper là où ça fait mal : dans leur portefeuille. Redressons fiscalement ces entrepreneurs sans scrupules. Exigeons qu’ils payent leur juste part d’impôts et de cotisations sociales. L’argent issu de cette fraude massive doit être récupéré et

réinvesti pour le bien de tous. Les bénéfices illégitimes doivent être convertis en opportunités, en amélioration des conditions de travail et en soutien aux travailleurs les plus vulnérables.

Droits à reconnaître

Ne nous contentons pas seulement de punir les coupables. Le cœur de cette solution réside dans la reconnaissance des droits fondamentaux à tous les travailleurs, quelle que soit leur origine. La régularisation des travailleurs sans papiers est une étape cruciale vers une société plus juste et plus égalitaire. [...]

La justice sociale et le respect des droits fondamentaux doivent guider notre action. Éradiquons cette dualité entre les travailleurs sans-papiers et les autres, car ils contribuent tous à la richesse de notre nation. L’égalité, la dignité et la solidarité doivent transcender les frontières, les origines et les statuts administratifs. Les travailleurs sans papiers ne sont pas des parasites ou des intrus. Ce sont des individus courageux qui ont quitté leur pays d’origine dans l’espoir d’une vie meilleure, prêts à affronter les obstacles et les sacrifices pour subvenir aux besoins de leur famille. Ils ont droit à notre respect et à notre reconnaissance.

La régularisation de ces travailleurs est une question de dignité et de respect des droits fondamentaux.

Leur donner un statut légal leur permettra de bénéficier de conditions de travail décentes, de salaires équitables et d’une protection sociale adéquate. Cela contribuera également à renforcer la cohésion sociale et à favoriser leur intégration dans notre société.

Unissons-nous !

Mais la régularisation ne peut être considérée comme une solution isolée. Nous devons également lutter contre les causes profondes de cette situation. Il est impératif de repenser notre politique migratoire et de

mettre en place des voies légales d’immigration qui répondent aux besoins du marché du travail et respectent le respect des droits des travailleurs. [...]

Le combat pour une société plus juste et plus équitable ne peut être mené par une seule voix, mais nécessite l’union de tous les travailleurs, qu’ils soient avec ou sans papiers. Soyons solidaires, défendons nos droits collectivement et refusons de nous laisser diviser.

Romain Mercière est secrétaire fédéral du PS44 à la lutte contre l’extrême droite et contre les discriminations. Cet article est à retrouver dans le numéro 306 de Démocratie&Socialisme, la revue papier de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

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