GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

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Séminaire du PS : Intervention de Gérard Filoche sur le bilan des élections

Lors du premier débat du séminaire du PS, il s’agissait d’analyser les résultats électoraux, à partir de deux introductions, celle d’une « sondologue » et celle, plus sérieuse, d’Herve le Bras. Gérard Filoche est intervenu pour dire : « Entre 2012 et 2017, ce n’est pas le peuple qui a changé, c’est le gouvernement qui n’a pas répondu à ses attentes »

« C’est bien d’étudier les dernières élections et de chercher à comprendre les cartes électorales, en coupe. Que s’est-il passé ? Quelle sociologie des électeurs, des abstentionnistes, etc. ? On voit bien d’ailleurs l’abstention massive majoritairement de gauche.

Mais à mon avis on ne peut comprendre seulement « en coupe » il faut étudier en « longueur », en tendance, remonter dans le temps et rendre compte des évolutions… En fait la France est de gauche, elle se dresse chaque fois que la droite lui impose une politique libérale, elle s’abstient chaque fois que la gauche la déçoit et fait à son tour une politique libérale. Le point commun permanent de tous les votes c’est le rejet du libéralisme.

Regardons en remontant au 21 avril 2002 quand Lionel Jospin est éliminé au premier tour. A ce moment là, il lui manque très peu pour franchir la marche du 2° tour, 192 000 voix. Et la France est majoritairement à gauche, il y a une majorité de voix à gauche au total le 21 avril, même ce jour là, quand Le Pen arrive pour la première fois au 2° tour.  On peut dire à coup sur que si Jospin avait franchi la barre, il gagnait, il était élu au second tour. (Herve Le Bras approuve)

D’ailleurs ensuite, face aux politiques libérales de Chirac, Fillon, Raffarin, Sarkozy, la gauche ne fait que remonter. En 2003, il y a la première grande bataille en défense des retraites à 60 ans, on ne gagne pas mais en mars 2004, ça se traduit par 20 régions sur 22 à gauche. Un raz de marée politique bien significatif.  Ce n’était surement pas du au seul talent de nos listes de candidats, c’était dû à une poussée profonde de la gauche. Et puis ça va être pareil à chaque élection,  jusqu’en 2012 et en 2012 et pour la première fois de l’histoire de France, on a tout : 2 villes sur 3, 20 régions sur 22, 61 départements sur 101, la Présidence, l’Assemblée nationale et le Sénat pour la 1° fois depuis 200 ans. Là, c’est limpide, le peuple, le salariat sont de gauche, et de façon confirmée, assurée, répétitive, complète. C’est le résultat d’une tendance profonde sur une période de 10 ans contre la politique agressive de la droite.

Et j’ai remarqué alors que les cartes électorales dont vous parlez étaient éclairantes, car les votes Hollande et Melenchon s’y superposaient déjà. La ou Hollande était fort Mélenchon était fort, là où Mélenchon était fort Hollande était fort, c’était le même électorat, la gauche, et il s’est retrouvé de façon victorieuse au 2° tour. ((Herve Le Bras approuve)

(Ce sont les mêmes caractéristiques en 2017, rien n’est changé sauf, que la politique suivie pendant 5 ans par Hollande a repoussé les votes PS, et que Mélenchon a pris des millions de voix socialistes qui en ont fait « le vote utile » et sauf que les millions d’abstentions étaient cette fois de gauche et non plus de droite).

Pour comprendre les élections 2017, il faut donc expliquer les raisons politiques du renversement de cette tendance profonde : elles ne sont pas à chercher dans la sociologie, la mondialisation,  et autres raisons extérieures, elles sont politiques et liées à ce qui se passe avec le gouvernement Hollande. Car c’est la seule raison qui fait que la gauche perd 5 élections de suite ! Puis qu’elle perd en 2017.

Au bout de deux ans, la première défaite est celle des municipales, elle est cinglante parce que 2 villes sur 3 c’était notre assise essentielle, locale, de terrain, et on a eu un raz de marée balayant ce que nous avions depuis 1977. Ce n’était pas dû à des défauts de nos listes et candidats qui n’avaient pas démérité, mais bel et bien à la déception provoquée par la politique du gouvernement Hollande. Ce n’était pas dû comme j’entends parfois dire, à la division des socialistes, parce qu’il n’y avait pas de « frondeurs », ils sont apparus chronologiquement après. Et comme la réponse à cette déroute des municipales a été de nommer Manuel Valls et de continuer en l’aggravant la politique qui avait déçue, nous avons perdu les européennes, les sénatoriales, les territoriales, les régionales. Dans ce contexte, les « frondeurs » je déteste ce mot depuis le début, ont tenté d’être des « sauveteurs », mais ils n’ont pas dû agir assez vite et assez fort puisque, les lois Macron, le CICE, la déchéance de nationalité, la loi El Khomri ont continué de nous faire perdre et de nous enfoncer.

« Entre 2012 et 2017, ce n’est pas le peuple qui a changé, c’est le gouvernement qui n’a pas répondu à ses attentes »

C’est confirmé avec les primaires des 22 et 29 janvier, car les 2,1 millions d’électeurs qui se mobilisent ne sont pas pour Hollande ni Valls. Hollande a eu raison de se retirer, il aurait fait moins que Benoit Hamon. Valls n’avait aucune chance, il avait déjà été rejeté dans toutes les élections précédentes. Par contre on soulignera que dès le 30 janvier, Hamon est donné à 17 % et Mélenchon tombe à 9 % : remarquons encore que les deux électorats sont les mêmes, ils font même « vases communicants », leur total est quand même de 26 % ce qui donnerait en cas d’unité la victoire, à nouveau à la gauche, mais sur des bases de gauche, pas sur les bases des 5 ans de gouvernement. Des sondages ont alors précisé qu’en cas d’union le candidat unique aurait entre 29,5 et 31,5 % des voix. (Herve Le Bras et la sondologue approuvent) C’était gagnable.

Lorsque la campagne Benoit Hamon a été, moi je dis sabotée, et que des centaines puis des milliers de responsables et élus socialistes, hélas, se sont détournés vers Macron, il y a eu renversement entre les deux principaux candidats de gauche, Hamon est tombé a 9 % tandis que Mélenchon remontait à 17 %. Ce sont bien les mêmes électeurs. Des millions de nos voix socialistes sont allées vers la candidature Mélenchon à ce moment-là pour tenter de franchir la barre du 1er tour. (La sondologue approuve) 

C’est faute d’accord politique entre nous et lui, si Mélenchon ne l’a pas emporté. C’était impossible pour lui de drainer les 2,4 millions de voix qui sont restées accrochées à notre candidat sans « accord politique » public et explicite. Mélenchon ne l’a pas voulu, et s’est même vanté d’avoir « su résister à l’unité ». Résister à l’unité c’est perdre. Les électeurs sont unitaires, 93 % des électeurs d’Hamon voulaient l’unité, 78 % des électeurs de Mélenchon voulaient l’unité. L’unité aurait été dynamique, aurait freiné le vote par défaut pour Macron, et nous aurait assurée d’être en tête et ensuite de battre Le Pen. On comprend donc que la gauche est dans le fond de notre pays majoritaire, elle aurait pu gagner, c’est l’offre politique de ses partis qui l’en a empêchée, ce n’est pas la sociologie, ni des éléments externes, ni d’autres tendances mondialisées, etc.… il y a un profond besoin de gauche et c’est majoritaire, possible, disponible, d’ailleurs on le retrouve avec Bernie Sanders, et avec Jeremy Corbyn et même avec Podemos et le PSOE dès qu’il y a unité, ou autrement avec Syriza, ou encore au Portugal (où ça marche) et ce serait le cas en Allemagne si le SPD ne cédait pas à Merkel !

Gérard Filoche (samedi 16 h)

PS : mais il est vrai que pour l’aile droite du PS, le peuple n’a pas changé, mais c’est lui qui a eu tort, elle pense qu’il fallait lui administrer des réformes salutaires et nécessaires, exactement comme Macron qui explique que « les Français n’aiment pas les réformes (libérales) » mais qu’il faut les leur imposer

 

 

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