Plus que jamais agir ensemble !
Dans une tribune récente (1), l’historien Patrick Boucheron écrit : « depuis la réforme des retraites et la grave crise de légitimité démocratique qu’elle a précipitée, il faudrait tenter, durant les quatre ans à venir, de ne plus commenter les faits et gestes du président, mais de considérer au contraire que son quinquennat est déjà terminé ».
Malheureusement ce n’est pas possible, car jusqu’au bout Macron va mettre en œuvre le maximum de contre-réformes réactionnaires. Il faut à la fois le combattre et ouvrir une perspective à gauche.
Les mauvais coups pleuvent
La loi Darmanin a commencé à être discutée. L’extrême-droite a contaminé toute la droite, ce qui a amené le Sénat à voter, par exemple, la suppression de l’Aide médicale d’état (AME) malgré un appel de 3000 soignants rappelant que « l’AME est un outil essentiel à la santé des individus et à la santé publique » (2).
Le gouvernement français s’oppose à un projet de directive européenne qui prévoit de transformer les travailleurs des plates-formes (livreurs à vélo, VTC,…) en salariés. Six livreurs à vélo de cinq nationalités effectuent du 5 au 9 novembre un périple de 384 kms (« la grande livraison ») entre Paris et Bruxelles pour protester contre la dégradation des conditions de travail des coursiers à vélo auto-entrepreneurs et pour soutenir cette directive combattue par les amis de Macron !
La prime d’activité va baisser du fait d’un nouveau mode de calcul de cette indemnité perçue par 4,6 millions de travailleuses et travailleurs aux revenus modestes.
Une union pluraliste et démocratique
Plus que jamais, il faut s’opposer pied à pied à la politique de Macron et de toutes les droites. Pour cela, il nous faut une gauche rassemblée au Parlement et dans les territoires. Aucune divergence ne justifie d’affaiblir ce front uni nécessaire. Dans de nombreuses villes, les militants de la gauche écologiste et sociale ne se résignent pas à ce que la Nupes et son programme de rupture avec l’ordre néo-libéral disparaissent.
Rien ne sert de passer son temps à incriminer la responsabilité des uns ou des autres dans la situation actuelle. Ce qui importe c’est de retrouver les chemins du travail en commun. Pour cela, une seule voie est possible : une union respectant le pluralisme de la gauche, une union démocratique (aussi bien au plan national que local).
Démocratie et pluralisme sont primordiaux pour la gauche porteuse d’une volonté d’en finir avec la Ve République et ses 49-3 à répétition. Nous ne nous réjouissons pas des difficultés rencontrées par telle ou telle formation de la gauche car c’est toute la gauche qui en pâtit. Dans un texte de décembre 2022, la Gauche démocratique et sociale (GDS) rappelait quelques enseignements de l’histoire du mouvement ouvrier et de la gauche : « sans démocratie pas de socialisme, sans parti démocratique non plus ». La démocratie n’est pas un "supplément d’âme", ou "une perte de temps", mais une condition incontournable à la réussite de tout projet social et écologique.
La gauche et les écologistes doivent reprendre l’initiative. Il faut, par exemple, trouver la voie d’une réponse commune à la proposition d’un rassemblement contre l’antisémitisme. Il est inacceptable d’être dans la rue aux côtés des Le Pen et Zemmour. Il est tout aussi difficile de laisser à celles et ceux qui affichent un soutien inconditionnel à Israël l’étendard de la lutte contre l’antisémitisme ! C’est à la gauche de prendre l’initiative ! Non à tous les racismes, non à l’antisémitisme, non au racisme anti-musulman !
(1) Le temps impose parfois à l’historien d’entrer dans la mêlée Le Monde 3 nov 2023
(2) Appel de 3000 soignants Le Monde du 2 novembre 23
(3) Sans démocratie pas de socialisme, sans parti démocratique non plus