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Parisot veut tuer la médecine du travail

Cette rubrique de Siné hebdo a déjà signalé les négociations ouvertes le 18 février entre Medef et syndicats à propos de la médecine du travail : celles-ci ont pris le 2 avril un tour très dangereux pour la santé des salariés :

1°) le Medef n’a pas hésité à proposer que les médecins de ville réalisent les visites d’embauche. Autant proclamer la mort de la médecine du travail : le médecin de ville ne connaît pas l’entreprise ni ses risques propres. S’il y a des pédiatres, des gynécologues, des pneumologues, ce n’est pas pour rien, c’est qu’il faut des « spécialistes ». Le médecin du travail est un « spécialiste » de la prévention en matière de santé au travail : il visite l’entreprise, établit des fiches de sécurité, participe au CHSCT.

2°) Tollé syndical : le Medef a reculé mais fait une proposition pire : allonger à quatre ans l’intervalle entre les visites médicales périodiques « pour les salariés qui ne sont pas exposés aux risques spécifiques ». Autant dire que la médecine de prévention est morte ! Et « les risques spécifiques », c’est incroyable dans un pays où l’exposition aux produits cancérigènes est la plus sous-estimée d’Europe et où la maladie professionnelle la plus répandue ce sont les TMS (troubles musculo - squelettiques) qui peuvent frapper tout le monde. Sans oublier les AVC ( accidents cardio-vasculaires) : il y en aurait 170 000 par an dont la moitié liés au travail (stress, durées excessives du travail..). Le rapport de Noël Diricq (août 2008) révélait la sous déclaration des accidents du travail (AT) et maladies professionnelles (MP) : autour de 5 %, soit 38 000 accidents avec arrêts dissimulés par les entreprises pour ne pas payer de hausse de cotisations, d’où un transfert illégitime d’un milliard d’euros de la caisse patronale AT-MP vers la caisse maladie de la Sécu. Si les médecins du travail (visites annuelle et de reprise) ne peuvent plus y mettre leur nez, ce sera pire.

3°) Le Medef (dont il a été révélé qu’ils piquaient dans les caisses de la médecine du travail) propose aussi que l’agrément donné par les DRTEFP aux « services de santé au travail » (SST), censé « assurer l’égalité de traitement sur l’ensemble du territoire » soit « adapté » pour lutter contre la pénurie de médecins. Dans certaines zones, des infirmiers pourraient faire des actes de médecins, les visites seraient remplacées par des entretiens avec des « assistants » de santé « médico-professionnels ». Autant remplacer les médecins par les contremaîtres !

Certes, les 3/4 des médecins du travail sont âgés de plus de 50 ans, et 1700 départs en retraite sont proches, 600 postes sont déjà vacants sur 6000… mais ce qu’il faut c’est prendre les mesures d’urgence pour recruter, former, investir dans cette magnifique médecine de prévention de la santé au travail, plutôt que de la laisser tomber en désuétude pour mieux la torpiller. A quel niveau d’archaïsme en est-on encore pour que ce soient les patrons, juges et parties en matière d’AT et MP qui dirigent la médecine du travail et non pas les syndicats de salariés concernés avec un véritable service public indépendant de médecins spécialisés ?

Gérard Filoche

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