Mettre en avant les convergences
Dans cet article écrit avant le 26 mai et publié au lendemain des européennes dans le n°265 de Démocratie&Socialisme, notre camarade Eric Thouzeau revient sur l'activité et les propositions de la GDS depuis un an à propos des élections européennes.
Dès juin 2018, le réseau de la Gauche démocratique et sociale (GDS) a fait ses premières propositions pour les européennes. En soumettant au débat un contenu programmatique susceptible de faire accord dans l’ensemble de la gauche, nous affichions l’objectif d’arriver à une liste commune qui envoie le maximum de députés de gauche au Parlement européen. Il s’agissait de faire aussi de cette élection une étape dans la recomposition et la reconstruction de la gauche après la défaite de 2017.
Nous avons proposé d’engager une campagne unitaire autour de cinq points (*). Des contacts unitaires ont lieu tout au long de l’été. Tout semble alors possible puisque aucune divergence politique majeure n’apparaît dans les débats. Pour illustrer notre démarche, notre camarade Gérard Filoche rédige fin août 2018 un projet de plateforme (la circulaire électorale que chaque électeur reçoit à domicile).
Dès juin, nous écrivions : « Le danger est grand que pour ces élections européennes, chaque courant cherche à occuper la place tout seul et à se fixer comme objectif non pas de faire de la gauche la première force politique du scrutin, mais de faire de son courant la première force à gauche ». C’est malheureusement ce qui s’est produit ! Conséquence : six listes de gauche, dont aucune ne va sérieusement concurrencer les deux listes de droite LREM et RN.
Des divergences qui n’expliquent pas tout
La gauche française s’est divisée sur la question européenne : lors du référendum sur le traité constitutionnel européen (TCE) en 2005 par exemple, ou plus récemment sur la question des traités adoptés au fur et à mesure de la construction libérale de l’Union européenne (UE). De même la polémique autour des plans A et B a nourri des interrogations (le plan B, est-ce la sortie de l’UE ?) ou des divisions.
Est-ce que ce sont ces divergences (parfois bien réelles, d’autres fois un peu moins) qui ont empêché un rassemblement pour ces européennes ? Nous ne le pensons pas. Peu ou prou, toutes les listes de gauche se prononcent pour une modification des traités. Quant à désobéir aux traités (position qui est celle de la GDS) pour imposer un rapport de force au sein de l’UE, dont personne ne semble maintenant vouloir sortir, chacun conviendra qu’il s’agit plus d’un débat d’élection présidentielle ou législative que d’élection européenne.
Des convergences qui auraient dû l’emporter
Depuis près d’un an, nous avons décliné les cinq points de programme proposés par la GDS en autant d’articles de Démocratie &?Socialisme, la revue mensuelle de la GDS. Ces articles, rédigés par notre camarade Christakis Georgiou, ont montré, sur chacun de ces points, que les convergences à gauche l’emportaient sur les divergences. Parallèlement, nous avons poursuivi les contacts unitaires avec toutes les formations qui acceptaient le débat, en ayant un temps l’espoir que, à défaut d’un rassemblement de toute la gauche, une unité partielle pourrait se réaliser.
Enfin, début avril, nous avons adressé une « Lettre ouverte aux formations de gauche et de l’écologie ». Nous avons rappelé que, dans un contexte de « magnifique, puissant et durable mouvement social », chaque liste dit des « choses proches » : « Cela se concentre contre l’Union européenne telle qu’elle est et ses traités capitalistes qui font obstacle à sa construction. Pour une autre Europe sociale, démocratique, écologique et ouverte ». Cette lettre ouverte est restée sans réponse, chaque liste s’entêtant à nous emmener dans le mur ! Mais cela a provoqué des interrogations qui peuvent rendre optimistes pour préparer un sursaut à gauche et fédérer après le 26 mai.
Se retrouver sans plus tarder
Bien sûr, les rancœurs à gauche sont importantes, notamment après les trahisons du quinquennat de Hollande. Cela amène avec raison à être exigeant sur le contenu de l’unité à réaliser. Rien, toutefois, ne justifie un tel éclatement de la gauche française. Le scrutin du 26 mai aurait pu – aurait dû – être l’occasion de mettre électoralement en échec Macron et Le Pen. Face à une situation aussi ubuesque, les électeurs de gauche se sont sentis désemparés et beaucoup d’entre eux se sont résolus à s’abstenir. N’en rajoutons pas un peu plus à la division par des querelles stériles entre nous.
Les choix qu’ont fait les uns et les autres de voter pour telle ou telle liste de gauche ont été motivés par des raisons diverses, mais respectables : la proximité idéologique (« je me sens plus proche de »), l’efficacité (« je vote pour ceux qui sont susceptibles de faire le moins mauvais score ») ou encore la volonté d’aider une liste à dépasser les 5 % (« je vote pour que cette liste ait au moins des élus »). Maintenant que le scrutin est dernière nous, le plus important, c’est de se retrouver pour exiger un sursaut à gauche et un retour sur la voie du rassemblement.
(*) Extrait lettre ouverte de la GDS aux formations de la gauche et de l’écologie : « Sur l’Europe, il se dégage au moins cinq thèmes tout à fait communs : contre la dictature austéritaire de la finance, la fraude fiscale, pour l’harmonisation des droits sociaux vers le haut, pour la transition écologique, pour la transparence démocratique, pour l’ouverture et l’accueil des immigrés. »