GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Écologie

Macron ou l’imposture écologique

Cet article (à retrouver dans Démocratie&Socialisme de décembre) a été écrit avant l'allocution de Macron du 10 décembre, allocution où il n'a absolument pas été question de transition écologique. Décidément, Macron se moque vraiment de l'écologie.

Le 26 septembre 2018, Emmanuel Macron recevait le titre d’ « Ambassadeur de la Terre » du programme des Nations Unies pour l’environnement. Ce titre récompensait non des actes concrets, mais le slogan « Make our planet great again ! » lancé à la figure de Trump l’année précédente. En France, cependant, cette récompense avait eu très peu d’impact. La démission de Nicolas Hulot, un mois plus tôt, l’avait rendue inaudible.

La démission de Hulot avait tracé une ligne de démarcation d’une grande clarté entre les adversaires et les partisans de la transition énergétique. Macron se situait sans ambiguïté du côté des adversaires de cette transition. Cela cadre vraiment très mal avec l’image que le président de la République veut donner de sa personne : aussi a-t-il sauté sur l’occasion du mouvement des gilets jaunes pour essayer d’imposer de nouveau sa posture de « défenseur de notre planète ».

Encore des slogans

Macron ne ménage pas les slogans pour essayer de retrouver l’image que lui a fait perdre la démission de Hulot.

Le slogan « Parvenir à une transition écologique acceptable » a comme principale ambition de faire croire qu’il y aurait une transition écologique mise en œuvre par Macron. Le slogan « Fin du monde et fin de mois, nous allons traiter les deux » poursuit le même objectif : faire croire que Macron était tellement préoccupé par la crainte de la fin du monde qu’il en avait oublié nos fins de mois. Le slogan « Maintenir le cap » essaie d’enfoncer le même clou : malgré les difficultés Macron maintient le cap, qui serait pour lui essentiel, de la lutte contre le réchauffement climatique.

Un jeu dangereux

Comme le souligne à juste titre François Ruffin, « Macron, c’est une machine à dégoûter les gens de l’écologie ». Avec ses slogans à l’emporte-pièce, il prend le risque, au moment où il augmente les taxes sur les carburants, de détourner toute une fraction de la population (celle des zones rurales et périphériques) de la lutte contre le réchauffement climatique.

C’est détestable mais, pour lui, la fin justifie les moyens. Il considère d’ores et déjà cet électorat comme perdu et essaie de gagner un autre électorat, celui des grands centres urbains.

Cap’ de « maintenir le cap » ?

Macron veut « maintenir un cap » qui n’a rien d’écologique. La loi sur la recherche et l’exploitation des hydrocarbures est truffée de dérogations : poursuite de l’exploitation du gaz de soufre du bassin de Lacq ; possibilité de continuer l’exploitation des gaz de couche, d’importer les hydrocarbures les plus polluants (sables bitumineux) ; prolongation, au moins jusqu’en 2019, de l’autorisation accordée à Total de continuer ses explorations en Guyane maritime ; trois nouveaux permis de recherche dans l’hexagone, ont même été délivrés, une fois la loi votée.

Macron a reculé sur les délais d’interdiction du glyphosate. Il a accepté d’entériner la définition donnée par l’UE des perturbateurs endocriniens, celle que souhaitaient voir adopter les lobbies industriels aux dépens de la santé publique. Les aides au maintien dans l’agriculture biologique ont été supprimés.

Macron déclare vouloir diminuer l’émission de gaz à effet de serre due aux transports routiers, mais il a imposé une réforme de la SNCF qui, au nom de la concurrence, supprimera toute une série de lignes dites « secondaires » et obligera à utiliser encore plus la voiture. La construction de nouvelles autoroutes (notamment, les grands contournements de Rouen et de Strasbourg) continue. L’interdiction des véhicules neufs roulant au diesel ou à l’essence est reportée à 2040, alors que la technologie en aura fait, depuis belle lurette, des objets techniquement dépassés.

Nicolas Hulot a dû annoncer lui-même, en novembre 2017, l’abandon de l’objectif de faire passer de 75 à 50 % la part du nucléaire dans la production d’électricité. Oubliés Fukushima, le problème des déchets radioactifs, la nécessité de faire reculer la part du nucléaire pour augmenter celle des énergies renouvelables !

Macron a accepté la signature de l’accord de libre-échange avec le Canada (le Ceta) alors que cet accord ne cite même pas les objectifs des accords de Paris sur le climat et qu’il nivelle vers le bas les normes environnementales.

Après avoir avalé tant de couleuvres, Nicolas Hulot a fini par démissionner, mais c’est ce même cap que Macron affirme vouloir maintenir. Au nom de l’écologie !

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