GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

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“Lutte ouvrière” participe à la liste d’Union de la gauche

Cela se passe naturellement ; Philippe Kizirian, tête de liste socialiste pour les élections municipales de St-Chamond, les 9 et 16 mars prochains, inaugure son local de campagne, présente son équipe à la presse et aux habitants, aux militants de gauche de la ville.

Sont présents, l’ancien maire socialiste, (1977-1989) Jacques Badet, Gérard Filoche en soutien " national ", et les quatre composantes, Ps, Pcf, Gauche autrement, et… Lutte Ouvrière.

Le représentant de Lutte ouvrière lit alors une déclaration devant la centaine de présents :

" Aux élections municipales précédentes, Lutte Ouvrière était présente dans 123 villes, dont Saint-Chamond, ce qui représentait 5 000 candidats. Étant donné que ces élections, comme toutes les autres, ne sont pas très démocratiques, nous n’avons eu que 33 élus et nous n’avons pas eu d’élus dans des endroits où nous faisions des scores bien meilleurs que là où nous en avons eu. Il faut dire que c’est une élection à deux tours, si aucune liste n’a la majorité absolue au premier tour. Là où il y a deux tours, il faut avoir obtenu 10% des voix au premier tour pour pouvoir se présenter au deuxième.

Ce qui fait que la plupart de nos élus l’ont été dans des communes, comme ici à Saint-Chamond, où une liste avait atteint la majorité absolue dès le premier tour, une partie des sièges étant alors répartie à la proportionnelle. "

Ne pas nuire aux listes de gauche

"Pour 2008, nous préparons à nouveau des listes Lutte Ouvrière qui seront au moins aussi nombreuses qu’en 2001. Le problème est que nous ne voulons pas que dans la situation politique actuelle, nos listes puissent nuire aux listes de gauche.

C’est pourquoi nous avons engagé des discussions avec les listes de gauche qui nous sollicitaient comme ici Philippe Kizirian, présentant sa candidature à la tête d’une liste de gauche, a déclaré souhaiter une liste plurielle ouverte. Dans d’autres cas, nous avons pris l’initiative en nous adressant aux candidats du PCF, comme par exemple dans le Rhône, à Vénissieux et Vaulx-en-Velin.

Ainsi dans notre commune, pour les élections municipales de mars 2008, Lutte Ouvrière fera partie de la liste " Bien Vivre à Saint-Chamond ", comportant le Parti Socialiste, le Parti Communiste, À gauche Autrement et Lutte Ouvrière; liste réunie donc à l’initiative de Philippe Kizirian.

André Moulin, les camarades de LO, qui sont pris ailleurs ce jour et moi-même, nous nous réjouissons qu’un tel accord ait été réalisé.

Chacune des composantes a une politique propre, avec des points de divergence qui continueront à s’exprimer librement dans l'avenir s’il y a lieu, mais aucune de ces divergences n’empêche de s’unir aujourd’hui pour écarter la droite.

Alors souhaitons réussite à cette liste et une bonne utilité à ce local de campagne".

Une avancée très positive

Voilà au moins, quarante ans d’histoire bousculés : c’est pour des raisons politiques, pour "battre la droite" que Lutte ouvrière fait ce choix. Arlette Laguillier l’explique dans Libération du 8 décembre au lendemain du congrès de Lutte ouvrière : "Ce qui nous détermine, c’est le contexte politique. Le gouvernement Sarkozy mène des attaques tous azimuts contre le monde du travail. Les mauvais coups, ce n’est plus la gauche qui les porte : en 2001, Jospin approuvait les licenciements, ne remettait pas en cause la réforme Balladur des retraites, ce que nous refusions de cautionner en faisant liste commune."

Elle poursuit : "Il ne faut pas être naïf et découvrir d’un seul coup, comme la LCR, la nature sociale-libérale du PS qui aspire, depuis plus de soixante-dix ans, à gérer les affaires de la bourgeoisie. Nous, nous faisons la distinction entre la politique gouvernementale et celle que peuvent mener des municipalités de gauche. Dans certaines villes, on est plutôt d’accord avec ce qu’a fait une majorité PCF-PS, voire PS.

Evidemment, quand on se présente aux municipales sur des listes LO ou d’union, c’est pour avoir des élus. Et un conseiller municipal garde sa liberté de parole durant tout son mandat. "

Une mise au point bienvenue vis-à-vis de la LCR :

"La LCR voudrait nous entraîner dans son nouveau "grand parti anticapitaliste". Et ne cache pas que les municipales en sont la première étape. Le problème, c’est que la LCR semble prête à renoncer à nos fondamentaux : le marxisme, le léninisme et la référence aux premières années de la révolution russe, et, bien sûr, le trotskisme. Pour nous, pas question d’aider à la création d’un parti qui renierait cela. En 2001, il n’y a pas eu d’accord avec eux car leur perspective était déjà de faire des listes avec des altermondialistes, des écologistes, des alternatifs. Avec la LCR donc, ni nouveauté, ni rupture !

J’ai entendu Besancenot mettre le trotskisme de côté, et ça, on n’est pas d’accord. On est restés communistes parce qu’on était trotskistes, sinon, c’était à désespérer. C’est bien parce que le trotskisme a permis de comprendre la nature du stalinisme et l’échec de la révolution russe qu’on y tient. Mais s’il existait un parti à la gauche du PS suffisamment grand, influent et s’opposant à la droite, on ne dit pas que ce serait négatif."

Il manque un grand parti défendant les classes populaires…

Mais on ne rejoindrait pas " sur les bases actuelles posées par Olivier Besancenot, une espèce de salmigondis guevariste, libertaire… Pour nous, ce qui manque vraiment, c’est un parti qui défende inconditionnellement les intérêts des classes populaires contre les attaques patronales. "

Libération demande encore : " Vous sentez-vous menacés par la popularité de Besancenot ?

- C’est ridicule. On ne se détermine pas par rapport à un très relatif petit succès électoral. Pourquoi voulez-vous que Lutte ouvrière s’écroule, parce qu’on a fait 1,33 % à la présidentielle, aussi peu que les Verts ou le PC ? Alain Krivine avait bien fait 0,36 % en 1974. Nos militants ont été dans toutes les luttes récentes : à la RATP, chez les cheminots… On n’est pas jaloux de la LCR. Olivier Besancenot est très populaire, mon crédit est intact auprès des travailleurs.

Libération : Vous aviez rencontré Ségolène Royal entre les deux tours. Pensez-vous que les Français n’étaient pas prêts à élire une femme ?

- Elle m’a raconté qu’à un de ses meetings, le fait que j’appelle à voter pour elle avait été très applaudi. Je lui ai dit que mon appel n’était pas un ralliement. "Je sais, je sais, mais je voulais simplement vous connaître", m’a-t-elle répondu. Je ne pense pas, comme certains, qu’elle a perdu car elle est une femme. Il lui a manqué des mesures claires et nettes pour les travailleurs. Mais je vais lire son livre, répond Arlette Laguillier.

Tout cela est plein de bons sens.

Gérard Filoche

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