Il y a 220 ans les sujets de sa majesté inauguraient la dernière année pleine de la monarchie absolue en France et ne soupçonnaient pas que ''l'égalité naîtrait au tranchant du cou du bien aimé''. Il y a 160 ans, définitivement lassés des couronnes, on virait le dernier roi qu'ait connu la France pour installer la seconde République, brève, belle, fulgurante. Il y a 90 ans, sous le ciel bas de novembre, on s'illusionnait sur la ''der des der'', pensant naïvement qu'après en avoir trop bu les hommes seraient dégoutés du sang de leurs frères. Il y a 70 ans à Munich, cédant aux sirènes de la lâcheté, nos dirigeants pétrifiés face à Hitler abandonnèrent au troisième Reich les Sudètes, ouvrant la voie à ce que l'homme produisit de pire comme horreurs. Il y a 40 ans, la jeunesse se permit de donner une leçon au monde en ''étant raisonnable : elle exigea l'impossible''.

Être socialiste, c'est être optimiste. Ces quelques années en 8 égrenées plus haut nous rappellent que l'histoire ne répond à aucune loi, mais qu'il est possible de s'en saisir, de la faire sienne, d'en être acteur sinon d'en rythmer le tempo. Avec le mouvement contre l'odieuse loi Pécresse, nous avons montré qu'en dépit de notre isolement, nous avons été capables d'engranger un mouvement puissant, dans lequel la majorité des Universités s'est reconnue. En ouvrant cette année politique sous le signe de sa basse cour à paparazzi, notre si raffiné président nous renvoie l'image de ce que nous combattons : l'arrogante vulgarité du capitalisme triomphant. Le modèle qu'il cherche à imposer, c'est celui de Paris Hilton. Même plan média, même mode de vie, même classe [sociale]. Il nous rêve tous moutons de Panurge éberlués devant sa geste toute en paillettes, jets, starlettes.

2008 doit être pour nous l'année de la contre offensive. Nous devons placer cette année sous le signe de la défaite de la droite, sur le long terme. Le socialisme a besoin de nouvelles armes pour faire face aux enjeux du temps présent : écologie, guerres paix dans le monde, développement des Sud, construction européenne, retraites, recherche, enseignement...

Notre parti est muet ou inaudible sur trop de choses, ses réponses manquent trop souvent de clarté quand elles ne sont pas à la remorque de celles de la droite. Les municipales sont l'occasion d'oser la confrontation idéologique avec la droite. Nous devons nous nourrir de ce qui fonde le socialisme : l'Égalité, pour jeter les bases d'une rénovation qui ne soit pas juste un coup de ripolin sur les échecs passés, mais une vraie rupture. Et la rupture à gauche, ce n'est pas regarder l'heure sur sa Rolex à travers ses lunettes Ray Ban, c'est une chose plus classe et plus ambitieuse : construire une alternative au modèle dominant en se situant dans une perspective révolutionnaire. Osons la confrontation idéologique, battons en brèche l'illusion du bonheur libéral, faisons du socialisme une idée neuve, et commençons dès cette année !

Renaud Chenu