GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Féminisme

L’égalité femmes–hommes dans les programmes

L'association "Osez le féminisme" a analysé les programmes des différents candidat.e.s à la présidentielle et a établi un "féminostère". Dans cet article nous revenons sur la place accordée à l'égalité femmes-hommes dans ces programmes.

« Féminisme washing », c’est l’expression que l’association Osez le féminisme a choisi pour caractériser les programmes de Valérie Pécresse et d’Emmanuel Macron concernant les droits des femmes. Cette expression résume bien le tour de passe-passe opéré par ces candidats.

La légitimité acquise ces dernières années par les revendications féministes, notamment sur la lutte contre les violences faites aux femmes et l’égalité salariale, leur interdit de s’y opposer frontalement ; ils doivent donc épouser le discours de l’égalité  même si aucune proposition concrète, dans leur programme, ne vient matérialiser une volonté réelle de faire avancer la situation, pire, les grandes réformes annoncées comme celle des retraites ne pourront que la faire empirer.

L’incroyable vacuité du programme de Macron

Ce « Féministomètre », publié par l’association féministe à l’occasion du 8 mars, a décrypté tous les programmes. Celui d’Emmanuel Macron n’étant pas publié à l’époque, Osez le féminisme s’est appuyé sur son bilan. Il « parle de lui-même : lors de son mandat, il a pratiqué un féminisme de façade. La “grande cause du quinquennat” annoncée n’a pas été suivie de mesures fortes. Énormément de fausses promesses, mensonges et effets de communication non suivis de moyens ont déçu les féministes. Les mesures économiques libérales ayant été adoptées ont pénalisé les femmes. […] Les victoires féministes de ces cinq dernières années lui ont été arrachées par les associations en lien avec des parlementaires allié.es. »

Ne parler que de son bilan, c’est également ce que fait Macron dans son programme rendu public depuis. La République en Marche s’y complaît dans les louanges au Président sortant : « Bien avant la libération de la parole et le mouvement MeToo, Emmanuel Macron a mis sur la table le sujet des violences faites aux femmes et de l’égalité des sexes ».

Quant aux propositions, elles se limitent à quatre  items, vous avez bien lu : quatre items ! (Et pas une seule proposition n’apparaît dans son 24 pages de campagne.) Je cite

- Un « index de l’égalité » sera aussi mis en place dans les établissements d’enseignement supérieur et les établissements publics de recherche, comme dans les entreprises, et les jurys d’admission pour l’accès à l’enseignement supérieur devront être composés d’au moins 30% de personnes de chaque sexe.

- Des quotas de femmes seront instaurés parmi les instances dirigeantes des entreprises de plus de 1000 salariés.

- Un conjoint ne pourra plus percevoir sur son propre compte le salaire de sa femme.

- Des places en crèche seront réservées aux familles engagées dans un parcours d’insertion professionnelle et aux familles monoparentales.

Malheureusement, l’absence de débat avant ce premier tour, n’a pu mettre en lumière l’approche radicalement différente qu’ont en particulier développée Jean Luc Mélenchon mais aussi Fabien Roussel, et Anne Hidalgo. Tous les trois bénéficient du label « féministe » attribué par l’association. « La France insoumise, le Parti socialiste et le Parti communiste proposent en revanche des mesures concrètes et détaillées pour l’égalité entre les femmes et les hommes : plan de lutte contre les violences masculines, santé des femmes et droits sexuels et reproductifs, éducation non sexiste, mesures économiques et fiscales en faveur des femmes. Nous espérons que ces promesses seront tenues en cas de victoire. »

Nombre de ces propositions sont également reprises par Yannick Jadot, mais une ancienne prise de position contre la loi abolitionniste de 2016 a rendu l’association plus sévère dans son appréciation générale.

L’esprit d’insoumission est profondément féministe

Dans chacun de ses meetings, Jean-Luc Mélenchon a largement développé la place de la « révolution féministe » en cours et à venir, revendiquant un féminisme de transformation radicale, c’est-à-dire allant chercher à la racine des problématiques. Le programme de l’Avenir en commun conjugue des propositions très précises (un milliard – comme demandé par les structures spécialisées – pour lutter contre les violences faites aux femmes ; revalorisation des métiers féminisés ; quota maximal de contrats précaires dans les entreprises ; abrogation du quotient conjugal ; création d’un service public de la petite enfance…) et une approche globale de remise en cause du système patriarcal: « L’oppression se reproduit ainsi au-delà même du domaine économique, par le langage, la filiation, l’éducation, les stéréotypes, la culture, les institutions religieuses, etc. Nous allons donc agir sur les représentations ».

Le danger de l’extrême droite

Nous le savons : l’extrême droite n’aime pas les femmes. Le baromètre d’Osez le féminisme, classe e candidat de Reconquête et la candidate du RN dans la catégorie « misogyne » : « Marine Le Pen évoque les droits des femmes uniquement lorsque cela sert son agenda politique raciste. Ses prises de position stigmatisantes sur les prétendues “IVG de confort” et son soutien de longue date à des dirigeants masculinistes et son programme sur l’immigration qui nuirait gravement aux femmes étrangères résidant en France en font un danger réel pour les femmes ». Éric Zemmour comme Marine Le Pen nient la nécessité de combattre les inégalités ou les discriminations à l’encontre des femmes. Seules comptent pour eux la promotion de la famille et la défense de la natalité « française », Éric Zemmour promettant un « ministère de la Famille chargé de la protection des foyers et de la relance de la natalité ». [Je ne peux m’empêcher de trouver que ça cela sonne un peu comme « le ministère de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice » mis en place par les Talibans en Afghanistan !]

L’un comme l’autre veulent revenir sur la loi abolitionniste de 2016, sont contre l’allongement des délais pour l’IVG, et veulent réserver les allocations familles aux familles dont au moins un des parents est français. Aucun ne parle d’égalité salariale.

Et en embuscade…

… La remise en cause du mariage pour tous, de la PMA, des conditions d’accès à l’IVG… Sans jamais les nommer précisément, c’est ce que laisse entendre Marine Le Pen dans son énigmatique conclusion de son chapitre Famille : « Enfin, il est aujourd’hui impensable d’évoquer les familles sans parler des évolutions sociétales qui les ont concernées ces dernières années. […] Marine Le Pen s’engage à un moratoire de trois ans sur les sujets sociétaux ; la seule façon d’ouvrir des débats sur ces sujets ne pourra se faire pendant trois ans que par le biais du Référendum d’initiative citoyenne que Marine Le Pen mettra en place ».

Décodons : lancement d’une campagne pseudo-citoyenne pour engager les retours en arrière sur les acquis des dernières années.

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