Le droit aux études, une Université d'exellence, protection contre la précarité
Cet article est le premier d'une série où nous développerons nos propositions programmatiques pour la jeunesse en
vue d'en débattre avec l'ensemble des militants jeunes engagés à gauche.
Si chaque titulaire du baccalauréat dispose du droit de s'inscrire à l'université, l'égalité de tous face aux études s'arrêtelà.
L'existence d'au minimum 100 000 étudiants pauvres et le fait que 800 000 étudiants soient obligés de se salarier
pour faire face aux dépenses de leurs études. Cela suffit à prouver que le combat pour
la démocratisation de l'enseignement supérieur reste devant nous. Chaque année, des dizaines de milliers d'étudiants
sortent de l'université sans diplôme, une proportion aussi grande se retrouve au chômage à la sortie de leurs écoles ou
universités.
Famine dans les facs
Il existe un consensus politique sur les réformes nécessaires de l'enseignement supérieur français. Sans rentrer dans le
détail revêche des réformes de ces dernières années et des réformes en cours (ECTS, LMD, Autonomie des Universités,
PRES), elles suivent toutes le même objectif: la mise en conformité de l'enseignement supérieur français avec les
paradigmes du libéralisme. On se dirige doucement mais sûrement vers une université à l'anglo-saxonne, pour l'élite,
avec des frais d'inscriptions exorbitants et une sélection drastique à l'entrée des diplômes qui excluront la majorité et
pousseront des milliers de jeunes à s'endetter pour pouvoir étudier. Le discours de la droite est clair: il faut diminuer
le nombre d'étudiants, favoriser les filières courtes rapidement professionnalisantes et arrêter avec ces centaines de
milliers d'étudiants qui font des études pas rentables.
La victoire de Nicolas Sarkozy à la présidentielle entraînera une évolution certaine de l'Université dans cette direction,
il a prévu une grande loi sur l'université dès son accession au pouvoir si il est élu.
La gauche se tait, elle est prise entre son discours généreux traditionnel
(« des études pour tous ») et sa conviction que l'Université Française,
pour rester compétitive, doit se caler sur le modèle anglo-saxon.
Université pour tous et d'excellence ne sont pas incompatibles. C'est
une question de choix politique et d'arbitrage budgétaire.
Pourquoi ne
pas imaginer d'investir massivement dans l'Université, de financer
largement les laboratoires publiques pour faire progresser la recherche
et sortir les chercheurs de leur précarité structurelle?
Pourquoi
ne pas imaginer que l'Université soit un lieu d'universalisme réel,
de développement et de transmission des savoirs pour de vrai?
Pourquoi ne pas envisager une société jalouse de l'épanouissement
intellectuel de sa jeunesse, qui envisage l'excellence non
comme l'exception mais comme un objectif pour chacun?
Les Universités françaises ont des budgets de famines, elles
sont toutes au bord de la liquidation. Cette état est le fruit
d'une politique concertée, volontaire, délibérée. On serre
le garrot, et quand la bête est presque crevée, on propose
de la remettre sur pied en la livrant sur un plateau
d'argent au privé. C'est le plan de vol des Universités
pour les prochaines années. Tout va dans ce sens. Les
désengagements financiers successifs de l'État dans
les Universités, couplés avec la professionnalisation
accrue des parcours universitaires, la régionalisation
et l'harmonisation européenne de l'enseignement
supérieur sont autant de fenêtres par lesquelles on
introduit la logique libérale dans le fonctionnement
et le financement des Universités. Le MEDEF est
déjà présent dans les conseils d'administrations
des Universités et au CNESER (Conseil National
de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche),
il ne demande qu'à commander directement les
diplômes quand ce n'est pas déjà le cas.
Le Parti Socialiste doit s'engager à aller
contre cette logique, à renverser la vapeur et
à faire de l'Université le lieu de l'épanouissement
intellectuel et moral des étudiants,
garant de leur futur épanouissement professionnel.
La compétition internationale entre les
Universités ne doit pas être perdue de
vue, l'ouverture du monde est un fait,
il ne se discute pas. Nous croyons
que seule une université publique de
qualité peut concilier compétitivité
et université pour tous et servir de
contre-exemple au modèle anglo-saxon.
Un statut social pour les étudiants
Les inégalités sociales entre les étudiants
doivent être gommées, l'égalité des chances
passe par l'égalité des droits.
La qualité de « jeunes travailleurs en formation
» des étudiants doit dans cet optique
leur ouvrir un droit à bénéficier de la solidarité
nationale. En effet, ils se forment non seulement
pour eux-même, mais cet engagement de
formation est un investissement pour le futur de
l'ensemble de la société qui en bénéficiera. De la
même manière que les retraités bénéficient de la
solidarité nationale par un systéme de répartition,
Les étudiant doivent bénéficier d'un statut sociale
similaire: L'allocation autonomie.
La revendication du mouvement étudiant de création
d'une « branche jeunesse » de la sécurité sociale qui financerait
un salaire étudiant ou une allocation d'autonomie,
est à ce titre profondément légitime et reste le seul
moyen de réaliser l'égalité des chances face aux études
supérieures. Le coût pour la nation d'une telle mesure est
très largement assumable pour une économie comme celle
de la France. Un financement par le salariat et le patronat
par le biais de la cotisation sociale est la meilleure manière
de financer cette réforme. La surpression de la demi-part
fiscale pour les foyers qui ont des enfants inscrits dans le
supérieur pourrait également être une ressource pour cette
« branche jeunesse » (les enfants bénéficiant de l'allocation, la
demi-part fiscale ne se justifie plus).
Rémunération des stages
Le travail gratuit ou presque institué par le système des stages
(un stage conventionné à plein temps
permet de toucher une obole de 376
euros, allez vivre avec ça!) doit être
tout simplement supprimé. Les stages
doivent être rémunérés par les entreprises
qui embauchent, à hauteur du SMIC au
minimum (dans le cas idéal où une allocation
d'autonomie -salaire étudiant financée
par la branche jeunesse de la la sécu- serait
mise en place, on peut imaginer de mettre en
place un système pour que le versement de
celle-ci soit suspendu pendant la période de
stage).
Unité