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La mort de Rémi Fraisse

Rémi Fraisse, un jeune homme de 21 ans, a été tué alors qu’il participait à une manifestation contre le projet de barrage de Sivens, dans la nuit de samedi à dimanche.

Thierry Carcenac, Président du conseil général du Tarn a, aussitôt, osé déclarer : « Mourir pour des idées, c'est une chose, mais c'est quand même relativement stupide et bête ».

Il a fallu attendre mardi matin et le rappel à l’ordre de Cécile Duflot pour que François Hollande finisse par s’exprimer et appelle le père de ce jeune homme. Manuel Valls s’est empressé, avant tout, de dénoncer les « propos excessifs de certains écologistes » et d’assurer le ministre de l’Intérieur de son soutien indéfectible.

François Hollande et Manuel Valls avaient été beaucoup plus rapide à réagir, et sur un tout autre ton, pour le décès d’un oligarque au cœur du pouvoir politique et financier que pour celle d’un jeune homme tué par une « explosion » dans un champ alors qu’il manifestait pour une cause environnementale.

Quelle explosion ? Celle d’une grenade ? Cette arme soi-disant « non létale » ? Bernard Cazeneuve a reconnu que sa responsabilité était engagée en annonçant qu'il suspendait l'utilisation, par les forces de l’ordre, de grenades offensives, sans doute l'origine de la mort du jeune manifestant, selon le procureur de la République d’Albi.

Même si les autorités pensaient qu’il fallait absolument imposer le barrage de Sivens, la contestation de celui-ci était et reste légitime. Le débat qu’elle suscite a réussi à ce que soient posées les questions de fonds sur la nécessité de ce barrage et qu’un rapport d’expertise s’interroge sur la validité du projet.

La démocratie doit jouer normalement en pareil cas. Les responsables écologistes avaient alerté à temps sur les risques de cette escalade. Pourquoi envoyer la police en masse ? 70 policiers pour 100 manifestants, selon le Procureur ! Pourquoi ne pas laisser se dérouler normalement la protestation ? Pourquoi provoquer, ainsi, la mort de Rémi Fraisse ?

Début septembre, alors que la France venait d’être, de nouveau, condamnée par la justice européenne pour manquement dans sa lutte contre la pollution aux nitrates, le Premier ministre s’était bien gardé de tout « propos excessif » à l’égard des écologistes. Il s’était juste contenté de d’affirmer, devant une réunion des Jeunes agriculteurs, très proches de la FNSEA, qui refusent que les pollueurs soient les payeurs : « Vous êtes, vous, de vrais écologistes car vous êtes au cœur de la nature ». Une nature azotée…

Trois semaines plus tard, des agriculteurs incendiaient le Centre des Impôts et le bâtiment de la Mutualité sociale agricole de Morlaix puis empêchaient les sapeurs pompiers d’intervenir pour éteindre l’incendie. Le président de la FDSEA du Finistère déclaraità propos de ces exactions : « Je tire un coup de chapeau à ceux qui ont osé faire ce qu'ils ont fait ».

Manuel Valls devrait, décidément, mieux choisir ses alliés.

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