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La fuite en avant de Macron le Petit

Un pouvoir suspendu dans le vide, ne s’appuyant sur aucune majorité stable. Face à une opposition tout aussi massive que résolue, il ne tient que grâce à l’action conjointe des forces de répression et du monde médiatique mainstream.  Ainsi apparaissent depuis plusieurs semaines Macron et son régime. Tout confirme cette fuite en avant bonapartiste de l’exécutif. Dans des proportions inquiétantes.

L’isolement d’un homme

À l’occasion de l’anniversaire de la capitulation de l’Allemagne nazie, l’image d’un homme seul, au débouché de Champs-Élysées déserts a choqué bien au-delà des frontières hexagonales. Son isolement était renforcé par son risible agrandissement sur les écrans géants …

Les mesures de sécurité exceptionnelles prises le 8 mai à Paris et à Lyon pour son déplacement au Mémorial national de la prison de Montluc prouvent que Macron ne peut plus aller dans le pays qu’il est censé représenter…

Et ces mesures n’ont pas empêché la mobilisation de plusieurs milliers de manifestantes et de manifestants derrière les syndicats à Lyon.

La résistance populaire à la politique de classe menée par le gouvernement et la haine suscitée dans de nombreuses couches de la population par le « Méprisant de la République » semblent rendre impossible tout « retour à la normale ». Malgré les annonces répétées d’un changement de style imminent, aucune organisation syndicale à la pointe de la lutte contre la réforme des retraites ne se dit prête à négocier sur les dossiers mis en avant par le gouvernement comme on tend des appâts à des proies potentielles.

Le dialogue est tout bonnement rompu avec ce pouvoir sourd à tous les appels à la responsabilité, de quelque direction qu’ils viennent. C’est là ce que nous devons faire comprendre par nos rassemblements militants et nos casserolades : ils doivent reculer sur la question des retraites.

Troublantes accointances

Une fuite en avant autoritaire du pouvoir constitue le décor de fond de ce début mai. Acculé sur le terrain des retraites, le pouvoir a tenté d’allumer des contre-feux pour atténuer l’ampleur de la bipolarisation sociale. D’où les gesticulations de Darmanin contre la Ligue des droits de l'Homme (LDH) et contre les Soulèvements de la Terre, mais aussi, plus généralement, contre l’immigration, chiffon brun si commode aux mains de la droite. En revanche pendant plusieurs mois aucun soutien au maire de Saint-Brévin (44) menacé par l'extrême-droite parce qu'il osait accepter un centre d'accueil de demandeurs d'asile (CADA) sur sa commune.

Le 6 mai, plus de 500 militants d’extrême-droite radicale, cagoulés et arborant croix celtiques et autres emblèmes néo-nazis, ont défilé dans les rues de Paris. C’est un indice du traitement dissymétrique par le pouvoir des oppositions, alors que ce défilé de plusieurs centaines de néo-nazis donnaient de nombreux motifs d’arrestation aux forces de l’ordre présentes.

Des « cagoulards 2.0 » qui défilent paisiblement quand des jeunes, des familles, des syndicalistes et des militants de gauche sont pris chaque semaine pour cible par les forces de l’ordre ? C’est le tour de force que le tandem Macron-Darmanin est parvenu à réaliser, tout en évoquant les mânes de Jean Moulin…Drôle de « rempart » face à la montée de l’extrême droite ! Et les postures du ministre de l’Intérieur annonçant qu’il conviendra à l’avenir d’interdire également les manifestations de l’extrême-droite radicale ne changent rien à l’affaire. Sauf à préparer peut être des mesures supposées symétriques contre l’extrême-gauche avec une définition très large…

Contre l’extrême droite et la droite extrême

Olivier Faure a eu parfaitement raison de déclarer : « Sous la cagoule ou le masque de [la] respectabilité, l’extrême droite demeure l’extrême droite. Le seul changement, c’est la complicité tacite dont elle bénéficie de la part de ceux qui ont décidé d’affronter la gauche par priorité »1. Pointant la complaisance intéressée du pouvoir à l’endroit des groupuscules d’ultra-droite, le député insoumis Paul Vannier a pour sa part tweeté : « En macronie, les casserolades, c’est non. Les manifestations de néo-nazis, c’est oui ». Même son de cloche dans les rangs écologistes comme au PCF. C’est toute la gauche qui s’indigne contre la montée de l’extrême droite, mais aussi contre ce pouvoir aux abois qui lui pave la route en croyant l’instrumentaliser à son avantage.

Selon le politologue Jean-François Bayart, interrogé par Le Temps, de campagne contre le « wokisme » en dénonciation de l’écoterrorisme, en passant par le déni systématique d’une politique pourtant parfaitement consciente de répression violente de la contestation sociale, « la France est bel et bien en train de rejoindre le camp des démocraties illibérales ».

Il est temps d’engager la contre-offensive avec la préparation d’une coalition gouvernementale alternative !

(1) Sur son compte Twitter, le 8 mai.

(2) Jean-François Bayart, « Où va la France ? », www.letemps.ch, 8 mai 2023.

 

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