GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

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Fin 1919 (#8) : un spectre hante l’Amérique

Si, à la fin 1919, la clé de la situation internationale se trouve au cœur de l’Europe ravagée par plus de quatre ans de boucherie impérialiste, le mouvement ouvrier étatsunien n’est pas en reste, loin s’en faut ! Les lendemains du premier conflit mondial font à bien des égards figure d’apogée pour le syndicalisme, le mouvement socialiste et les groupes anarchistes américains. Les classes dominantes ne s’y trompent d’ailleurs pas, elles qui brandissent le spectre du communisme et dénoncent la main de l’étranger, suspectée de l’avoir exporté dans le sanctuaire immaculé du capitalisme.

Depuis sa naissance, le mouvement ouvrier étatsunien souffre d’un certain nombre de handicaps qui expliqueraient au moins en partie sa relative faiblesse, comparé à ses homologues d’Europe occidentale. On pointe habituellement la division raciale de la société américaine, que les structures syndicales reproduisent sans guère la questionner, ainsi que l’extrême diversité culturelle et linguistique de la classe ouvrière au sein de laquelle on parle aussi bien italien, allemand, polonais, russe, voire yiddish, qu’anglais. Il convient d’ajouter la dépendance de certaines organisations syndicales vis-à-vis de l’appareil du Parti démocrate – une formation strictement bourgeoise, attachée à la fois à la propriété privée des moyens de production et à la ségrégation raciale –, ainsi que l’adhésion d’une fraction importante de la classe ouvrière américaine aux valeurs cardinales de l’élite WASP telles que la libre entreprise, la réussite individuelle ou encore un nationalisme teinté d’évangélisme.

La prospérité économique que connaissent les États-Unis à l’orée du XXe siècle, ainsi que l’arrivée sur le territoire US de travailleurs politisés venus d’Europe dans le cadre de la grande vague d’immigration, renforcent et radicalisent le mouvement ouvrier américain. Ainsi, en 1905, l’union syndicale Industrial workers of the World (IWW) est fondée par des militants – socialistes ou non –, constatant que la grande American Federation of Labour (AFL), encline à défendre avant tout les intérêts d’une aristocratie ouvrière blanche, masculine et qualifiée, était incapable de regrouper sous son drapeau l’immense majorité du salariat étatsunien.

Une unité nationale écornée

L’entrée des États-Unis dans le conflit mondial, imposée par l’implication toujours plus forte des grandes firmes industrielles et des banques américaines du côté de l’Entente (avril 1917), catalyse la colère populaire. Le Pari socialiste réunit à la hâte une convention à Saint Louis où la déclaration de guerre est qualifiée de « crime contre le peuple ». Des manifestations anti-guerre organisées par les socialistes du Minnesota rassemblent plusieurs dizaines de milliers de fermiers à l’été 1917. De l’avis de la Review de Plymouth, « aucun parti ne [profitait alors] autant de la situation que la Parti socialiste ». Selon le très conservateur Beacon Journal d’Akron, dans l’Ohio, « si une élection avait lieu prochainement, un raz-de-marée socialiste submergerait sans doute le Middle West ».

La presse bourgeoise n’exagère guère ce « péril rouge » qu’elle commence à brandir vigoureusement. Comme le remarque à juste titre Howard Zinn dans sa monumentale Histoire populaire des États-Unis, aux élections municipales de 1917, le socialiste Morris Hillquit obtient 22 % des voix à New York, soit cinq fois le score habituel de son parti. Dans l’État éponyme, dix socialistes furent élus à la législature. À Chicago, les voix du Parti socialiste passèrent quant à elles de 3,5 % en 1915 à près de... 35 % ! Du point de vue des classes dominantes, il convenait de réagir au plus vite. Et avec force.

Dès le mois de juin 1917, le Congrès avait approuvé un Espionage act qui visait à empêcher toute critique de l’intervention américaine. Le socialiste Charles Schenck fut le premier citoyen condamné en vertu de cette loi pour avoir imprimé et distribué à Philadelphie, en août, 15 000 tracts anti-conscription. En juin 1918, Eugen Debs, le plus célèbre des socialistes américains, fut condamné à une réclusion de dix ans pour s’être écrié lors d’un meeting improvisé : « Toutes les guerres de l’histoire n’ont été que des guerres de conquêtes et de pillages. [...] C’est ça, la guerre : la classe des maîtres la déclare et ce sont leurs sujets qui se battent ». Le pourvoi en appel de Debs ne fut examiné qu’en 1919, une fois la guerre finie, et, comme dans l’affaire Schenck, ce fut le juge O.W. Holmes qui formula la sentence négative de la Cour suprême.

Au total, près de 2 000 personnes furent condamnées en vertu de cette loi. Parmi elles, des fermiers, des syndicalistes, des socialistes venus d’Europe de l’Est, mais aussi des femmes, dont l’anarchiste Emma Goldman. Dès avril 1918, les IWW avaient été mis hors-jeu, à l’issue d’un procès-marathon de cinq mois lors duquel furent jugés 101 dirigeants wobblies, suite à une vague de coups de filet et de perquisitions dans les locaux de l’organisation en septembre 1917, qui avait permis de peaufiner l’instruction. La plupart des peines infligées allaient de 10 à 20 ans de prison et le montant total des amendes à verser s’élevait à 2,5 millions de dollars. Selon Howard Zinn, « l’IWW fut anéantie ».

Une fin d’année rouge

La vigueur de la répression et l’armistice conclu à Rethondes ne rétablirent pas la paix sociale. Le 6 février 1919, une grève massive, partie des chantiers navals, éclata à Seattle où 65 000 travailleurs exigeaient une augmentation, après deux ans de dures restrictions. La résolution de la base – notamment chez les dockers qui avaient quelque mois auparavant refusé de charger, par sympathie pour les Bolcheviks, une cargaison de minutions en partance pour la Russie et destinée aux armées blanches – était telle que même l’AFL fut contrainte d’embrayer le pas à la section locale des IWW et d’appeler à la grève. Le comité de grève organisa le ravitaillement de la population et assura l’ordre public avec un savoir-faire salué par les plus honnêtes observateurs du camp d’en face. Si le bouclage de la ville par l’armée, les mises en garde des pusillanimes états-majors syndicaux et les dissensions au sein du comité de grève débouchèrent sur la reprise du travail dès le 11, l’establishment national venait de découvrir avec stupeur que le mouvement ouvrier était capable de bloquer une métropole. Le Red scare (« la peur rouge ») était né.

Mais le pire était à venir pour les possédants. Car le 22 septembre 1919 commença la grande grève de l’acier, à l’appel d’un comité d’organisation animé par William Foster, « un ami du noyau français de la Vie ouvrière », précise à juste titre Pierre Broué. Dans l’ouest de la Pennsylvanie, les conditions de travail imposées par l’état de guerre, mais qui perduraient depuis l’armistice, étaient en effet devenues insoutenables dans les aciéries. Le respect de la liberté syndicale était par ailleurs loin d’être une évidence pour un patronat habitué à jouer sur l’atomisation du militantisme corporatiste local.

Dès l’été, le comité national qui tentait de réunir dans une seule organisation les cent mille sidérurgistes syndiqués, avait fait savoir que si l’AFL « ne faisait pas quelque chose pour eux, ils s’occuperaient de cette affaire eux-mêmes ». Forster, le leader du comité, reçut même, des responsables syndicaux de Johnstown, ce télégramme qui en disait long sur le fossé béant qui existait entre la base et l’appareil de l’AFL : « On ne peut plus attendre de nous que nous rencontrions ces travailleurs enragés qui nous traiteront de traîtres si la grève est repoussée »... Woordow Wilson himself et Gompers, le président de l’AFL, s’ingénièrent à éviter l’explosion imminente, mais rien n’y fit. Entre 300 000 et 365 000 métallos participèrent à ce mouvement inédit dans les annales sociales étatsuniennes.

À l’acmé de la lutte, les affrontements entre les grévistes et la police montée pennsylvanienne firent 22 morts. Mais plus que la violence de la répression, ce sont les divisions au sein de cette jeune classe ouvrière bigarrée qui fut la principale raison de l’échec de la grève. Le patronat, désireux de souffler sur les braises de la dissension, s’acheta par exemple les services de la Sherman Service Inc., qui donnait à ses agents sur le terrain ce genre de consignes : « Répandez chez les Serbes la rumeur que les Italiens reprennent le travail. [...] Pressez-les de reprendre leurs postes avant que les Italiens ne prennent leur boulot »... Ce poison savamment instillé mina progressivement la résolution des métallos divisés en rien de moins que 24 trade-unions jalouses les unes des autres, et préférant peu ou prou une défaite préservant l’existant à une hypothétique victoire susceptible de rebattre les cartes. Trente mille ouvriers noirs, alléchés par des salaires auxquels ils n’avaient habituellement pas droit et fort peu solidaires des grévistes membres pour la plupart de l’AFL qui leur interdisait l’adhésion, furent par ailleurs embauchés par les entreprises sidérurgiques. Sachant cela, on n’est pas tant surpris par la défaite des métallos que par le fait qu’ils aient eu le courage de se battre pendant dix longues semaines.

Au plus fort de la grève de l’acier, l’effroi des classes dominantes était d’autant plus profond que le conflit semblait faire tâche d’huile. Dès le 9 octobre, les forces de police de Boston cessèrent à leur tour le travail. Et surtout, le 31, éclata la grève des charbonnages à propos des salaires et de la durée du travail. Pendant dix jours, environ 425 000 mineurs refusèrent de descendre dans les puits. Selon l’économiste Robert Marjolin, qui a rédigé dans sa jeunesse un ouvrage sur le syndicalisme aux États-Unis après un séjour d’un an à Yale en 1932-1933, lors de cette grève des mineurs, « le gouvernement rompit la neutralité qu’il avait observée pendant la guerre à l’égard des conflits industriels [... et] obtint d’une cour fédérale une injonction ordonnant à l’United Mine Workers d’annuler l’ordre de grève ». Ce qu’il fit. Mais, malgré le mot d’ordre de leur syndicat, nombre de mineurs refusèrent la reprise du travail et prolongèrent l’action. Au dire de Marjolin, « des grèves “illégales”, c’est-à-dire officiellement désapprouvées par les syndicats, éclatèrent également chez les imprimeurs, chez les ouvriers des chemins de fer, chez les débardeurs »...

Rendez-vous manqué

Cette évidente radicalisation de la base ouvrière déteint immanquablement sur les cadres intermédiaires de l’AFL. Ainsi, lors du congrès de 1920, le plan Plumb prévoyant la nationalisation du réseau ferroviaire est adopté par les délégués à une écrasante majorité (29 159 voix contre 8 349), malgré les objections formulées lors du débat par Gompers et ses lieutenants. La bureaucratie conservatrice de l’AFL était défaite par ses propres troupes. C’était une occasion inespérée pour le Socialist Party of America, auréolé de son aura de martyr, de lui ravir des mains les rênes du mouvement ouvrier américain.

Mais il préféra à cette perspective enthousiasmante... les affres de la division, effective le 1er septembre 1919 ! La scission, actée lors du congrès de Chicago, débouche sur l’affirmation concurrente d’un Communist Party of America (CPA), appuyé sur les fédérations de langues slaves du vieux parti, et d’un Communist Labor Party (CLP), qui se veut un parti « américanisé » et dont John Reed fait figure de dirigeant incontesté. C’est avec une pointe d’ironie que Pierre Broué rappelle, dans son maître-ouvrage sur la IIIe Internationale que ces deux partis « n’ont que 40 000 membres à eux deux » et qu’ils « demandent tous les deux leur adhésion à l’Internationale communiste ».

Mais, en la matière, l’essentiel est certainement ailleurs, puisqu’au moment où le vieux Parti socialiste se divisen se créé – cette fois par fusion – le National Labor Party, arrimé à de puissants syndicats locaux, à l’initiative du syndicaliste de Chicago John Fitzpatrick. Ce leader de plusieurs grandes grèves de masse, défenseur acharné d’une orientation indépendante et unitaire, était l’un des animateurs du Parti travailliste de l’Illinois, ainsi que de sa déclinaison locale, le Parti travailliste du comté de Cook. En novembre 1919, Fitzpatrick se présenta à la mairie de Chicago pour le compte du Cook County Labor Party et recueillit plus de 60 000 voix sur les 580 000 bulletins de vote exprimés. Fort du soutien qu’il venait de recevoir de l’électorat populaire, Fitzpatrick appela une convention nationale de cette myriade de petits Labor Parties reposant sur des organisations syndicales, qui eut lieu à Chicago le 22 novembre 1919.

La rencontre entre les intellectuels socialistes et la base militante combative qui suivait des hommes de masses tels que Forster et Fitzpatrick n’eut jamais réellement lieu. Les socialistes américains, devenus « communistes » et contraints à la clandestinité, se cantonnent pendant un temps à l’exégèse et aux règlements de compte internes. Quand ils reprennent le travail de masse, conformément aux mots d’ordre des 2e et 3e congrès de l’Internationale communiste, il est trop tard. Avant même sa stalinisation, le mythe du « rôle dirigeant du Parti » avait fait des ravages dans les rangs du CPUSA finalement unifié. En 1922, on noue enfin des contacts avec le Labor Party de Fitzpatrick, mais, au dire de Pierre Broué, bien qu’accueillant en son sein des syndicalistes communistes tels qu’Earl Browder, « le groupe Fitzpatrick s’alarme de tant d’assurance et d’arrogance ». L’historien ajoute : « La tentative de fonder, à partir d’un congrès fédéral, un Farmer Labor Party tourne dès lors à la catastrophe. [...] Les communistes s’emparent du Labor Party créé par Fitzpatrick, mais en réalité, ils se “capturent” eux-mêmes, car ils sont les seuls à être restés dans ce nouveau cadre ».

Sanglante diversion

La première vague répressive s’était brisée sur la fin des hostilités en Europe, mais surtout sur l’épuisement du vivier de socialistes et de syndicalistes américains d’importance encore en liberté. La seconde vague, dont l’ampleur fut décuplée par le Red Scare, fut autrement plus violente. Car l’effroi des possédants n’était pas le seul fait de la combativité ouvrière. En effet, une vague d’attentats saisit le pays à partir du printemps 1919.

En avril, un complot visant à assassiner 36 membres de l’establishment (dont J.P. Morgan Jr, J.D. Rockfeller, le juge Holmes et le procureur général Alexander Mitchell Palmer) est démantelé. Ce n’est qu’un sursis puisque, le 2 juin 1919, huit bombes explosent pratiquement au même moment dans sept villes du Nord-Est des États-Unis, cœur de sa puissance politique et économique. La maison de Palmer était une des cibles de cette vague d’attentats qui ne semble faire qu’une victime : le poseur de la bombe destinée au procureur général. Des témoignages ultérieurs viseront à établir que l’instigateur de cette opération qui finit en fiasco est une organisation anarchiste italienne dont l’antenne américaine se trouvait à Philadelphie, mais, de l’aveu même du FBI, l’affaire n’a jamais été résolue.

Joseph Tumulty, conseiller de Wilson, évoquant le lendemain de leur explosion les bombes du 2 juin et plus spécialement celle qui visait le procureur Palmer, s’affole « de voir à quel point grandit, de jour en jour et sous nos yeux, un mouvement qui, à moins d’être réprimé, s’exprimera nécessairement par des attaques contre tout ce que nous chérissons le plus. En cette période d’agitation industrielle et sociale, les deux partis connaissent un total discrédit auprès du citoyen moyen ». Comme en France au temps des « lois scélérates », l’amalgame entre des officines anarchistes forcément infiltrées par des agents provocateurs et le regain de combativité des masses ouvrières est fait...

Funestes conséquences

Pour sévir, le pouvoir disposait d’un arsenal juridique adéquat, depuis le vote du Sedition Act, le 16 mai 1918. Cet amendement à l’Espionage Act de l’année précédente réprimait lourdement les menées séditieuses contre les États-Unis. Selon Howard Zinn, ce texte « préconisait la déportation des étrangers qui s’opposaient aux décisions du gouvernement et qui prônaient la disparition de la propriété privée ». Mais les lois requièrent des institutions et des hommes à même de les appliquer. En juillet 1919 fut créée au sein du ministère de la Justice la General Intelligence Division (GID), dont la mission était de tout savoir sur les organisations ouvrières. Selon le grand chercheur américain Michael Rogin, « la GID reprenait les techniques d’espionnage et de surveillance employées par les grandes entreprises et les agences de détectives privés pour contrôler les syndicats. À sa tête, John Edgar Hoover, vingt-quatre ans, fraîchement muté à un emploi de bureau au service d’enregistrement des étrangers du ministère de la Justice, et tout fier du rôle qu’il vient de jouer pour briser la grève des aciéries de 1919 ».

La police parallèle, aux ordre de celui qui allait devenir l’indéboulonnable patron du FBI pendant près d’un demi-siècle, organise des descentes dans les locaux des organisation socialistes et anarchistes, saisit les documents, arrête les responsables sans mandat, et les soumet à des procès sommaires. En janvier 1920, selon Howard Zinn, près de 4 000 personnes, suspectes de communisme, sont détenues dans les prisons américaines. Significativement, c’est au au plus fort du mouvement gréviste de cet automne rouge, que commencèrent ces « raids Palmer », visant en priorité les militants étrangers considérés par le pouvoir comme l’ivraie gâtant le bon grain qu’était foncièrement à ses yeux l’ouvrier américain.

Le 21 décembre, les sbires de Palmer arrêtèrent 249 étrangers d’origine russe (dont Emma Goldman et son compagnon Alexander Berkman), qui furent expulsés prestement par bateau vers le pays des Soviets. Quelques jours plus tard, les agents du GID, assistés de la police locale, arrêtent nuitamment environ 600 personnes à Boston, lors de réunions publiques ou à leur domicile. Selon un juge fédéral visiblement gêné aux entournures, il s’agissait bel et bien de « donner une visibilité spectaculaire à l’opération » afin d’accréditer la thèse du péril rouge, alors que la plupart des étrangers arrêtés étaient « des travailleurs parfaitement calmes et inoffensifs ». Ce qui n’empêcha pas qu’ils furent menottés deux à deux et exhibés en ville avant de rejoindre leur lieu de déportation. Le regretté Michael Rogin avait raison de parler, pour cette fin d’année 1919, de véritables « rafles d’étrangers ».

Au printemps 1920, à l’annonce de la mort d’un de leurs camarades dont on venait de trouver le corps écrasé au bas du building de Park Row où les hommes de Palmer l’interrogeaient depuis six semaines dans le plus grand secret, deux anarchistes d’origine italienne décident de porter un arme. Arrêtés le 5 mai en lieu et place d’un ami activiste qui parvient, lui, à s’enfuir, ils sont rapidement accusés d’être les auteurs d’un hold-up qui venait d’avoir lieu dans une manufacture de chaussures de la banlieue Boston et lors duquel deux meurtres par balle ont été commis. Ils s’appellent Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti. Ils ne pouvaient pas savoir que la voie sur laquelle la justice de classe des Palmer et autres Hoover les embarquait les mènerait, sept ans plus tard, tout au bout du couloir de la mort...

Méthodes policières, provocation, violence de classe, division des travailleurs, dénonciation de la « main de l’étranger » : de la Commune de Paris à nos jours, en passant par l’Amérique du Red Scare, telles sont les armes employées par la bourgeoisie quand elle craint de tout perdre.

Cet article de notre camarade Jean-François Claudon est à retrouver dans le numéro de décembre 2019 de Démocratie&Socialisme, la revue de la Gauche démocratique et sociale (GDS).

Bibliographie

Pierre Broué, Histoire de l’Internationale communiste, Fayard, 1997.

Robert Marjolin, L’évolution du syndicalisme aux États-Unis : de Washington à Roosevelt, Alcan, Nouvelle bibliothèque économique, 1936.

Jacques Portes, Les États-Unis au XXe siècle, Prépas histoire, 1997.

Michael Rogin, « La répression politique aux États-Unis », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 120, 1997, p. 32-44 (extrait du chap. 1 de Les démons d’Amérique. Essais d’histoire politique des États-Unis, Seuil, 1998).

Howard Zinn, Une histoire populaire des États-Unis. De 1492 à nos jours, Agone, Mémoires sociales, 2014.

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