GAUCHE DÉMOCRATIQUE & SOCIALE

Le social au cœur Au Parti socialiste

Du « dialogue social », des « députés soi-disant socialistes » et de la politique du gouvernement « qui n’est pas de gauche »

Merci, camarades, de me donner la parole. C’est bien d’évoquer, comme cela vient d’être fait avant moi, le « dialogue social » que nous devons promouvoir. Mais l’écart entre la théorie et la pratique est énorme.

Quand le porte-parole du gouvernement insulte les grévistes, quand le premier ministre les provoque en affirmant que leur grève est incompréhensible, quand le refus de négocier l’emporte sur la nécessité élémentaire d’écouter les syndicats en lutte… parler de « dialogue social » devient presque ironique.

Bien sûr que les cheminots défendent le service public, bien sûr qu’ils ont raison de se méfier des portes ouvertes, derrière cette loi, à la privatisation. Depuis des décennies, le capital rêve de s’emparer de notre magnifique société de chemin de fer nationale. Cela a commencé avec le Sernam en 1953, d’ailleurs ce fut l’objet d’une grève de 3 semaines en plein mois d’août à l’époque. Cela n’a pas cessé, plus ou moins sournoisement jusqu’à cette dissociation de RFF et SNCF. Qu’avions-nous dit à l’époque ? Que c’était une mauvaise motivation et que ce serait une mauvaise gestion. Notre parti s’est opposé à séparer RFF et SNCF car c’était une opération libérale de dislocation du service public (la même chose a été faite partout, par exemple pour séparer la Poste et le téléphone… Maintenant la Poste vend des téléphones !). Bon, on recolle les morceaux RFF et SNCF que les incompétents avaient séparés, mais en créant un troisième EPIC par-dessus qui pourra dissocier demain, 2020, c’est demain, les autres… pour mieux privatiser. Privatiser, ça ne fera que goinfrer des actionnaires qui n’auront plus intérêt ni au confort, ni à la sécurité, ni à la régularité, ni à la continuité du service public de transport. Les usagers qui ne le savent pas aujourd’hui pleureront demain. Regardez en Suède où ils en sont à 15 jours de grève contre la privation par Veolia, contre les « contrats de travail » appelés « zéro heure ». Maintenant là-bas, 70 % de l’opinion est pour la renationalisation. Peut-on éviter de passer par ce type de désastre et une destruction du chemin de fer comme en Grande-Bretagne (voir « The navigators » de Ken Loach) ?

Et que Jean-Marie Le Guen et Manuel Valls arrêtent de prendre les cheminots de haut, de dénoncer leur prétendue radicalité, car ces personnels sont visiblement bien plus au fait, bien plus compétents, bien plus soucieux des usagers, que le gouvernement et les dirigeants actuels de la SNCF qui cherchent déjà à introduire les méthodes rapaces du privé et de ses « clients » contre la gestion d’intérêt général du public et des « usagers ». Les dirigeants de la Cgt que je connais s’étonnent de l’absence totale de dialogue du gouvernement qui n’écoute rien, rien, rien de ce qu’ils disent. Ils sont invités à des réunions qui ne servent à rien sauf à masquer que les décisions sont prises avant et irrévocables. Il n'y a là, ni dialogue, ni négociation et il y a aura des clashs en ce cas à la conférence de juillet.

Arrêtez de reprendre les mots « otages », c’est grave, c’est sérieux les « prises d’otages » et ce genre de terrorisme, ça ne s’applique pas au droit de grève imprescriptible. Ce n’est pas digne de ministres socialistes, de dirigeants de gauche, de reprendre ce type de vocabulaire. Le Figaro appelle le gouvernement à ne pas céder, cela devrait vous interroger. Et notre parti qui est déjà rejeté en profondeur par nos propres électeurs, les 30 mars et 25 mai dernier, qui est passé derrière le FN, a tout à perdre, à se mettre en plus les cheminots… et les intermittents à dos. Qu’est-ce qu’on cherche ? Un suicide encore plus sûr et plus rapide ?

En matière de dialogue social, il faudra tirer le bilan de l’ANI, un jour, et de son échec complet. Il n’a pas sécurisé l’emploi, il l’a insécurisé. Il n’a pas stoppé les CDD, il ont explosé en nombre. Il n’a pas fait de "plancher de 24 h" aux temps partiels, car et le contrat du 11 janvier et la loi du 14 juin sont violés délibérément : malgré la saisine rectificative des 22 janvier et 22 février, rien n’est appliqué à 15 jours de la nouvelle date butoir du 30 juin. C’est pareil pour les BUD (base unique de données, etc) Quand aux « droits rechargeables » pour les chômeurs, ils sont devenus un recul, des « droits déchargeables » qui reprennent de 500 à 800 millions aux chômeurs et intermittents ! En matière de dialogue social, le patronat ne respecte ni sa signature ni la loi, ni son esprit. Dire qu’on va lui donner 35 milliards… Sans contrepartie ! Et le Medef refuse d’en donner, multiplie les bras d’honneur, les défis, les invectives à l’égard du gouvernement qui l’arrose.

Car je signale que seuls 2 syndicats sur 8 ont signé le « pacte de responsabilité » depuis que la CGC a retiré sa signature. Et au congrès de la CFDT de Marseille, 37 UD se sont opposées au pacte de responsabilité et les 2/3 des délégués étaient contre le décidément fumeux pacte de responsabilité. Y a t il un « pacte » entre qui et qui ? Pourquoi faire ? Personne n’en sait plus rien.

Qu’on ne nous dise pas non plus que la gauche serait menacée de mort et qu’on ne peut pas faire autrement, parce que la crise est grave et la société se « droitise ». En fait notre société est majoritairement à gauche, mais déçue de la gauche. Il y a un puissant désir de gauche… déçu. Je rappelle que c’était l’analyse des résultats électoraux le 30 mars par Christophe Borgel ; ici, en BN, officiellement, il démontrait bien que il n’y a avait pas glissement à droite, mais sanction par NOS électeurs qui s’abstenaient massivement et nettement, en désaveu de notre politique. La droite progressait en pourcentage, pas en voix. Nos électeurs n’allaient pas ailleurs ni à droite ni a gauche, ils nous sanctionnaient, délibérément. Et bien sûr, cela va de pire en pire depuis que le gouvernement s’entête, n’infléchit même pas sa politique à gauche (Laurence Boone, Jacques Toubon s’ajoutant pour aggraver les choses).

Il ne serait pas sage non plus que le parti laisse un ministre du gouvernement qualifier une centaine de nos députés de « soi-disant socialistes ». Là aussi, menace, et politique droitière ne collent pas « dialogue » dont il vient d’être question. Ni dialogue social, ni dialogue politique, mais menace et capitalisme, pour faire passer une politique qu’on aura bien du mal à défendre comme étant de gauche… puisque Jean-Marie Le Guen lui-même explique qu’on ne fait pas une politique de gauche… ! Il y a donc besoin de recadrer ça. Lors du CN, Jean- Christophe Cambadelis, s’est lancé dans une audacieuse imagerie, expliquant dans son discours qu’il existait un vaste espace pluraliste dans nos rangs « entre deux Gégé », si j’ai bien compris, entre Gérard Collomb et Gérard Filoche, c’est bien ça ? Si c’est le cas, je n’ai pas encore bien tout compris. Car si c’est pour dire qu’il y a une diagonale et un centre entre ces deux « Gégé », je précise que je ne me sens pas du tout à une extrémité, mais au centre, et plutôt en socialiste modéré, mais obstiné, qui ne s’accommode pas de la politique extrême, qui est celle, avouée, de notre gouvernement qui « ne fait pas une politique de gauche »… selon les termes même de son porte-parole. Un rappel à l’ordre du Parti, Jean-Christophe, s’impose pour défendre que notre parti est à bel et bien gauche et donc bannir ce genre d’excommunication qui consiste à dire publiquement que des députés souhaitant voter conformément aux souhaits de leurs électeurs (s’ils ne le font pas ils seront balayés aux prochaines élections) ne sont que « des soi disant socialistes » !

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